Un bal de camionnettes surmontées de grand ballons sérigraphiés est donc appelé à Paris le 12 juin. Des syndicalistes, de Solidaires à CGT-Police, s’y donneront la main, au bonheur de défiler avec quelques autres, député.e agitant drapeaux français, avocat militant pour des protestations de rue bien ordonnées, documentariste-romancier qui fait son beurre, on en oublie. Il paraît donc que l’idée serait d’aller dans la rue pour dire tout le mal que l’on pense de la progression des idées d’extrême droite, dont l’expression se propagerait sans frein, y compris dans le gouvernement. Tiens ! Mais depuis quand, les idées d’extrème-droite se propagent-elles en effet chez celles et ceux qui gouvernent ? Ou plutôt, disons depuis l’après-guerre dans ce pays, quand n’a-t-on pas vu de gouvernement faisant sa part à de telles idées ? On a beau chercher, on ne trouve pas.

Ainsi donc, toutes sortes de syndicats, associations et autres organisations voudraient faire semblant de croire qu’une politique antiraciste existerait dans le cadre d’une démocratie libérale. Comme si un monde ordonné à l’autorité d’un État, gardien de ses frontières, en guerre dans le monde pour préserver ses intérêts, ne perpétuerait pas ses crimes, en Mer Méditerranée et Porte de la Chapelle. Bien sûr que personne n’en est dupe, parmi celles et ceux qui appellent à défiler. Il s’agit avant-tout d’une petite manœuvre, conduite par quelques professionnels de l’activité démocratique, en mal de bifteck pour 2022. Chacune et chacun est certes bien libre de se raconter tous les mensonges possibles. Mais annoncer vouloir combattre par l’alliance politique les crimes commis dans le monde existant, qui se répéteront tant que nous n’en aurons pas fini avec lui ! Ce faux-combat est obscène et il est une contribution à la perpétuation de ce monde criminel. C’est pourquoi il nous est insupportable. À cette alliance, nous n’opposerons pas un autre bloc. On viendra plutôt en petits groupes, car c’est la formule qui nous paraît bonne pour jouer au chamboule-tout ce samedi 12 juin. Dans ce carnaval sinistre, petites et grandes camionnettes, ballons siglés, y seront ostentatoires. On essaiera d’y introduire quelques instants de joie.