Il y a quelques mois, Idir, prisonnier à la maison d’arrêt de Lyon Corbas, décédait au mitard. Comme pour beaucoup d’autres avant lui, difficile de croire que la prison n’y est pour rien. Pour cette raison, ses proches appellent à une mobilisation le dimanche 30 mai. Un rassemblement et des prises de paroles seront organisées sur la place Bellecour à Lyon et aussi dans d’autres villes.

Le mitard, c’est la prison dans la prison. C’est là où l’administration pénitentaire (AP) envoie les prisonnier-es pour les punir et les isoler. On t’y enlève le peu que tu as : la cantine, la télé, la solidarité des autres. Le mitard, c’est se retrouver seul·e, sans ses affaires, dans une cellule avec une chaise, une table, un lit et des toilettes. Au mitard, la promenade se fait seul·e, dans une cour minuscule. On n’y a plus qu’un parloir par semaine où on est séparé de ses proches par un hygiaphone, qui empêche de se toucher. Le mitard, ça sert à casser les solidarités et ça permet aux matons de mettre plus facilement la pression aux prisonnier·es.

Mais la violence de la taule n’est pas qu’au mitard, elle est dans l’enfermement même. Elle est présente au quotidien dans les brimades, les coups des matons, l’absence de soins qui mènent souvent à la dégradation du moral et de la santé. La vie des prisonnier·es compte si peu pour l’administration pénitentiaire qu’elle ne se donne même pas la peine de prévenir les proches quand un·e prisonnier·e est envoyé·e à l’hôpital dans un état critique. Et quand un·e prisonnier·e meurt dans des conditions suspectes, sous les coups des matons ou à cause de leur négligence, l’AP fait tout pour cacher la vérité aux proches et aux autres prisonnier·es, quitte à attendre plusieurs semaines avant de remettre le corps à la famille.

Chaque année, plusieurs centaines de personnes meurent en prison, parfois dans l’indifférence pour les prisonnier·es n’ayant pas de proches qui les soutiennent de l’extérieur. On sait quand on rentre mais on est pas sûr de la date de sortie tant l’administration pénitentiaire est forte pour coller des nouvelles peines.
La prison isole et tue, il faut la détuire !

Difficile de ne pas voir des parallèles entre les violences de la pénitentiaire et celles de la police : meurtres racistes, campagne de désinformation sur les défunt·es dans les médias, informations cachées aux proches… Pour fonctionner, l’État a besoin de la violence de la police et de la prison, avec la justice, pour discipliner et réprimer.

Face aux violences de la taule, des prisonnier·es et des proches résistent et luttent. Parfois, quand un·e détenu·e meurt au mitard, les autres prisonnier·es bloquent les cours de promenade pour montrer leur rage et leur soutien à l’entourage de la personne décédée. Dehors, les proches se mobilisent aussi, comme à Meaux, où il y a eu une marche jusqu’à la prison suite à la mort de Jimony le 2 février dernier à la maison d’arrêt. La famille de Taoufik, mort à la maison d’arrêt de Perpigan le 18 octobre dernier, se bat contre l’AP et la justice après avoir appris sa mort trois semaines plus tard, de la part d’un autre prisonnier en permission. L’AP couvre ses matons et prétend qu’il se serait étouffé, mais ses proches n’y croient pas et ont bataillé jusqu’en avril pour obtenir qu’il soit autopsié. A Seysses, les prisonniers avaient bloqués les promenades pendant plusieurs jours et déployé une banderole après la mort de Jaouad le 14 avril 2018. En Italie aussi, plusieurs mobilisations ont lieu en ce moment suite à plusieurs décès en prison.