Aujourd’hui on est le 11 mars 2021 et trois jours après le 8 mars une chose est sûre, il y a encore beaucoup de chemin à faire. 

J’écris aujourd’hui pour dénoncer des violences vécues dans le NPA et, peut-être, faire sauter l’omerta qui régit encore trop souvent les milieux militants. Peut-être qu’un certain nombre de camarades m’en voudront pour cela. Tant pis. Après 3 ans et demi de violences psychologiques, j’ai quitté le NPA pour me protéger. Je pensais tourner la page mais en fait je m’aperçois que je n’y arrive pas. Y compris j’espère que les personnes qui pourront me reprocher cela se souviendront de toutes les démarches entreprises dans le parti avant cela – de multiples saisines de la commission de médiation, de demandes de rencontres, d’excuses, de mise à l’écart, etc. Je m’aperçoit qu’au bout du compte, après 3 ans et demi, un mois après avoir quitté le NPA, je m’isole de plus en plus. Quelque chose est mort en moi et je n’arrive pas à me reconstruire et je pense que je n’y arriverai pas tant que je devrai continuer de croiser sans rien dire des personnes qui m’ont harcelées et dont les pratiques ont faillit me pousser au suicide. 

Donc aujourd’hui j’écris pour mettre un stop. Un stop à des pratiques, un stop à un fonctionnement, un stop à une omerta, un stop à la production et reproduction méthodique de violences. Et a minima pour qu’à l’avenir, avant de militer avec certaines personnes, chacun-e soit au courant de qui sont ces personnes, et ce qu’elles sont capables de faire pour avoir et conserver du pouvoir. Pour ne plus a avoir à baisser la tête en manifestation ou en réunion. Pour ne plus avoir peur et ne plus fuir constamment.  

Pour le dire simplement, un groupe de militant-e-s me cible – et d’autres, mais je ne parlerai pas “à la place” – depuis 3 ans et demi parce que j’ai eu la mauvaise idée de remettre en cause des pratiques un chouia autoritaire. Et c’est allé très loin. 

Tout part d’une soirée alcoolisée pendant un camp de jeunes militant-e-s révolutionnaires. Une militante, que nous nommerons Pauline et qui est dirigeante du NPA à Toulouse et nationalement, tient des propos transphobes à mon encontre, devant des témoins (me disant que la non-mixité c’était pour les femmes cis et les hommes trans, les personnes “nées femmes”). Je la rectifie. Elle persiste et dit assumer. Une amie lui demande d’arrêter. Elle continue et hausse le ton. On lui demande de partir. Elle refuse. On part. Elle nous poursuit. Mon amie la stoppe et lui dit d’aller décuver. Fin de l’histoire. Fin de l’histoire ? Non, début des emmerdes.

Le lendemain matin, je demande des excuses et une médiation. Elle et ses ami-e-s, que nous nommerons Sylvain et Mimosa – dirigeant-e-s du NPA – refont l’histoire. Nous aurions eu une discussion tout à fait cordiale et ma pote l’aurait agressée sans raison. Les témoins ? Manipulé-e-s par nous. Evidemment. La raison ? Nous serions des “LGBT” un peu hostiles aux féministes. Sans rire. Personne n’y croit et il lui est demandé de ne plus prendre part aux soirées. Fin de l’histoire ? 

Quelques semaines après, Pauline saisit la commission de médiation dans le NPA contre ma pote en question pour agression physique. Elle explique notamment qu’il faudrait ouvrir un dialogue entre les LGBT et les féministes. La commission de médiation refuse évidemment le dossier. Fin de l’histoire ? 

Dans le syndicat étudiant où nous militons – que l’on appellera UET, deux militant-e-s – appelons-les Robin et Aurélie-Anne, ami-e-s de Pauline et militant-e-s au NPA – lancent une campagne de diffamation à notre encontre. Sans que nous n’ayons rien demandé – et alors que nous étions plutôt en retrait – ielles passent tout un semestre à expliquer aux nouvelles personnes que nous sommes des personnes violentes, toxiques et agressives, qu’il ne faut pas nous approcher sous peine de finir sectarisées. Par le lobby LGBT? 

6 mois après, on apprend tout ça. Je saisis la commission de médiation dans le NPA contre Robin, Aurélie-Anne et Sylvain pour harcèlement moral et diffamation. Parce que, croyez-le ou pas, mais passer 6 mois avec des personnes qui ont peur de toi sans raison, et que tu ne sais pas pourquoi, ce n’est pas très agréable. D’autant plus quand tu apprends par exemple qu’il t’a été reproché de virer un violeur de ton groupe d’ami-e-s à la demande des victimes. Comme il était militant dans le syndicat, on aurait dû attendre que ce soit réglé en interne. On me reproche aussi d’avoir posé un point en réunion syndicale non-mixte contre un militant qui fait des blagues sexistes et transphobes. Comme il est racisé, ça aurait été raciste de le dénoncer. Sous entendu : parce que d’où il vient, c’est culturel. 

On saute des éléments par soucis de concision et on va directement à septembre 2018 – un peu plus d’un an après le début de cette histoire. 

La commission de médiation rend un avis dans lequel il est écrit que les personnes que j’accuse ont assumé me harceler, “pour le bien du parti” ! Et dit que pour en finir avec les rapports un peu violents et oppressants sur Toulouse, une idée serait que la direction locale soit entièrement renouvelée. Fin de l’histoire ? Lol. 

Ne souhaitant pas quitter leur poste de direction Pauline, Robin, Sylvain et Aurélie-Anne montent un dossier contre moi, ma pote « LBGT » et une autre amie pour essayer de démontrer que nous sommes des monstres et qu’il est légitime de nous harceler. Le dossier a été en partie rédigé par quelqu’un que nous nommerons Antoine – permanent du NPA – que nous ne connaissions quasiment pas. La commission de médiation a refusé le dossier en première lecture car askip il s’agit de jugements de valeurs et de moralité un peu chelou sur nos vies (dixit la commission de médiation elle-même lors d’une entrevue). Nous sommes accusées d’être des punks, d’aller en festival, de boire de l’alcool. De pousser les gens à transgresser les normes ? Nous sommes mêmes accusées d’avoir dit à une militante de prendre du temps pour elle suite à une tentative de suicide. Ce serait sexiste de prendre soin des autres : le but aurait été d’empêcher cette femme de militer. 

Au milieu de ce ramassis de merde, des accusations de harcèlement sexuel contre moi. Les statuts du NPA prévoient la suspension automatique en cas d’accusations de violences sexuelles. En première lecture, la commission de médiation refuse de me suspendre. A ma demande, pour des raisons d’intégrité, je suis finalement suspendue 4 mois. Le dossier était vide là-dessus aussi. Pour faire simple, j’ai été accusée d’avoir respecté le consentement d’une personne. C’est à dire que Z. et moi avons flirté pendant 1 mois (juin 2017) sans qu’il ne se passe jamais rien – ni même qu’il ait été question de sexualité entre nous. Au bout d’un moment, on a une discussion sur le fait que ça n’avance pas et que ça n’avancera sans doute jamais. Elle me dit qu’elle veut qu’on arrête de flirter. Je lui dis ok et je précise que du coup je préfère prendre mes distances. 

C’est tout. C’est tout ? Non, parce que dire “ok” et m’éloigner aurait en fait été un stratagème de ma part pour la rendre dépendante affectivement. Pour la mettre sous mon emprise. 

C’est important de savoir ça, notamment aussi parce que ce dossier a été défendu par Mimosa et une autre personne que nous nommerons Alice, toutes deux référentes féminisme dans le NPA. Soit elles pensent effectivement que respecter le consentement est un stratagème de manipulation – et donc, il n’y a potentiellement plus aucune possibilité de définir positivement des relations humaines – soit elles savent que c’est faux et pensent que c’est permis d’inventer des fausses accusations de violences sexuelles pour nuire à une personne. Peut être un peu des deux étant donné leurs pratiques. 

Cette histoire a l’air un peu grotesque, racontée ainsi, mais il faut se rendre compte qu’à l’époque où les rumeurs d’accusations de violences sexuelles à mon encontre ont commencé à tourner, je ne savais pas de quoi j’étais accusée. Je ne sais pas comment une autre personne vit le fait d’être accusée d’on-ne-sait-quoi, toujours est-il que j’avais beau savoir que je n’avais jamais rien fait de violent, j’essayais quand même de comprendre. Et plus le temps a passé, plus des rumeurs et des accusations ont commencé à circuler, plus j’ai essayé de savoir. De me souvenir de quelque chose que j’aurais pu faire. 

Petit à petit, je pensais que j’avais oublié, que j’étais folle. Je me suis auto-persuadée que je faisais du mal à des gens sans m’en souvenir. J’ai passé plus d’un an à me réveiller le matin en pensant que la veille j’avais fait quelque chose d’horrible. 

Cela a notamment était provoqué par un harcèlement répété par mails, de la part de Mimosa, Antoine et Alice principalement, mais aussi Aurélie-Anne et Pauline, qui ont écrit une flopée de textes pour m’accuser. En me comparant à des violeurs. A Denis Baupin. En faisant allusion à toutes les affaires de viols et d’agressions sexuelles traitées par le NPA. Et surtout, en me genrant au neutre ou au masculin.

Il a en fait été question principalement d’user de transphobie à mon encontre et de me nier en tant que femme pour s’attaquer à un sujet plus neutre, plus facilement condamnable. 

Délégitimer une femme, lui refuser le droit d’être un sujet politique est déjà un biais classique de la domination patriarcale, il s’agit de nier son identité politique: pour s’opposer à une femme dans un débat, on la traitera d’hystérique, de folle, on sous entendra que ses relations sexo-affectives déterminent ses positions politiques ou on lui demandera de se taire, de parler moins fort, de prendre moins de place. En somme, on tentera de la faire passer pour un pur produit du patriarcat ou d’être trop masculine. Deux statuts opposés mais qui ne permettent pas d’accéder à la légitimé politique: nous sommes soit «trop femmes», soit déjà «plus assez». 

Délégitimer une femme trans, lui refuser simplement le droit d’être une femme, est une violence supplémentaire puisqu’il s’agit de nier son identité personnelle: dès lors qu’une femme trans «sort du rang» que lui impose le patriarcat et ose exprimer une idée propre ou prendre un peu de place, on lui rappelle qu’on ne tolère son existence qu’au prix d’une soumission totale. Ainsi dans les mouvements féministes quand des femmes trans vont donner des avis qui ne sont pas consensuels, on leur demandera de se taire ou on les harcèlera sur les réseaux sociaux quand le débat (plus ou moins virulent) sera permis entre femmes non-trans. En comparant systématiquement cette affaire à celles de violences d’hommes contre des femmes, il a donc était question de me retirer mon identité. Certains mails allant jusqu’à me comparer à des “hommes systématiquement couverts par la direction”. 

N’ayant jamais eu accès aux accusations à mon encontre – il y a la confidentialité des dossiers dans le NPA – je devais faire avec les éléments que j’avais. Quatre mois après, fin de ma suspension. La commission de médiation rend un avis qui indique que selon la victime présumée, je n’ai jamais usé ni de violence psychologique ni physique et que rien n’indique qu’une situation de harcèlement sexuel ait pu avoir lieu entre nous. Elle demande aussi aux personnes qui ont lancé la campagne de diffamation à mon encontre d’arrêter et de s’excuser. J’attends toujours les excuses. 

J’ai donc été dé-suspendue, non sans que le groupe en question porte une motion au Comité Exécutif du NPA pour essayer d’empêcher ma réintégration. La raison ? En fait, les accusations de harcèlement sexuel n’auraient pas dû être traitées séparément du dossier (le fameux dossier contre les punks que nous sommes), et en traitant le dossier dans son intégralité, on comprendrait que je suis un monstre. On prend donc ici le contre-pied total du mouvement féministe qui s’accorde largement sur le fait qu’une violence sexuelle est une violence sexuelle, quel que soit le contexte ou la personne. Pas besoin d’être un monstre – ni de prouver que l’accusé-e en est un-e. Ce qui important – généralement, dans un monde matériel – c’est le fait.  

Il s’agissait surtout d’empêcher ma réintégration par tous les moyens – et de ne pas reconnaître les erreurs / mensonges. Parce que quand on commence sur cette voie, il n’y a pas de demi-tour possible. Et plus c’est gros, plus on pense que ça passe : un texte datant d’octobre 2018 m’accuse par exemple de fait de harcèlement sexuel qui auraient eu lieu alors que cela faisait déjà longtemps que nous n’avions plus aucun lien. Je ne m’étalerai pas plus sur le fond et les détails de cette affaire. Non pas par respect pour Z – je n’en n’ai pas, c’est une personne violente. Mais par conviction féministe, je ne souhaite pas jouer au jeu de l’exposition de faits qui pourraient être détournés et utilisés contre Z. C’est aussi la raison pour laquelle je ne donne pas son prénom. Qu’elle vive avec tout ça sur sa conscience. 

Tout ça peut paraître un peu fou, mais il faut bien se rendre compte que ces gens sont une partie des dirigeant-e-s du NPA et que le NPA est tellement sclérosé par des enjeux de tendances qu’il est impossible de faire bouger les lignes sur les violences internes. Tout est dessuite passé au prisme des guerres de congrès, de fractions, de tendances. Et donc puisqu’il est admis que presque tout est permis, celleux qui usent de violences pour s’imposer politiquement se permettent tout. Il leur suffira de toute façon de dire que pour elleux, la vérité est ailleurs, selon un principe en vigueur de retournement systématique des accusations. 

Combien de personnes ont quitté le NPA après avoir été insultées, humiliées et harcelées ? Combien, à Toulouse, ont été intimidées y compris physiquement par Pauline, Sylvain ou Robin ? J’ai sauté des passages, notamment parce que certaines choses que j’ai vécu, d’autres l’ont vécu aussi et que je ne veux pas les priver de la parole. Mais combien de fois avons-nous étaient intimidées physiquement ? Combien de craquage, de dépression nerveuses ? De peur d’aller en manif, sur la fac ou au local du NPA ? 

Et en dehors du NPA, combien ont été agressé-e-s en manif par ce groupe – ou en soirée ? J’espère aussi faire prendre confiance et conscience à toutes les personnes victimes de ce type de pratiques que ce n’est pas normal. Qu’il est temps d’en finir avec l’autoritarisme, la violence, dans le militantisme. Harceler une personne pour gagner un débat politique, ce n’est pas normal. Inventer des fausses histoires non plus. Faire passer une meuf trans pour un mec pour décrédibiliser ses positions encore moins. User d’homophobie et de sexisme pour délégitimer des militantes – a fortiori, des jeunes militantes – ne devrait plus être acceptable. D’autant plus quand notre objectif, c’est la révolution, le communisme, la fin de tous rapports d’exploitation, d’oppression et de domination. 

Je passe les détails, mais après ma dé-suspension, avec 6 autres militantes du NPA de Toulouse, on a saisi la commission de médiation pour violences sexistes contre Pauline, Sylvain, Robin, Aurélie-Anne, Mimosa, Alice et Antoine. Ielles auraient dû être suspendues, mais comme ielles sont tout-e-s dirigeant-e-s locaux ou nationaux – à Toulouse, Paris et Grenoble – devinez quoi ? 

Ielles ont refusé de rencontrer la commission de médiation. L’affaire a duré 2 ans, durant lesquelles nous avons été interdites de militer localement dans le NPA. Enfin, interdites. Nous n’avions pas le droit de représenter le NPA 31 ou d’appeler publiquement à une réunion du NPA 31 tant que nous ne reconnaissions pas que les dirigeant-e-s problématiques étaient les dirigeant-e-s légitimes du NPA 31. J’ai saute une partie de l’histoire – et une partie de violences – mais au moment du rendu de l’avis de la commission de médiation qui demande à ce que la direction locale change en 2018, il y a eu un congrès local du NPA 31. Durant ce congrès, une motion majoritaire a été votée pour dire que la direction devait être renouvelée (tout groupe politique confondu, y compris le mien). Devinez ce qui s’est passé ensuite ? Les comités qui avaient voté cette motion ont été exclus de la fédération par la direction sortante (exclusion des listes mails, de la gestion paritaire des réseaux sociaux et petit à petit de l’utilisation de tout un tas de matériel). 

Je passe, parce que cette partie de l’histoire ne devrait pas être racontée que par moi, parce qu’elle concerne en fait tout un tas de militant-e-s à Toulouse. Tout ça pour dire qu’après 2 ans, en décembre 2020, la commission de médiation finit par rendre un avis qui dit en gros que le NPA 31 baigne dans un climat de sexisme quotidien et qu’il est légitime que nous parlions de harcèlement moral. 

Deux mois après, j’ai décidé de quitter le NPA. Parce que rien n’a changé. Par ras le bol aussi de subir et de devoir continuer de militer avec des personnes qui m’ont rendu tarée. Parce que 2 ans après, beaucoup de monde dans le NPA semble avoir “oublié” cette histoire, mais que pas moi. Comme je l’ai dit, pendant plus d’un an je me suis réveillée tous les matins en pensant que j’avais fait quelque chose de grave la veille sans que je m’en souvienne. 

Je suis dans l’incapacité de faire confiance à qui que ce soit. J’ai tout le temps l’impression que les gens autour de moi pensent que je suis une horrible personne. Me jugent. Je cherche en permanence à savoir pourquoi. Je sais très bien – après des mois de psychothérapie – que ce n’est pas rationnel : mais plus de deux ans de harcèlement moral, on n’en sort pas indemne. Je souffre encore de Stress post-traumatique. Je fais régulièrement des crises d’angoisses.

J’ai quitté le NPA il y a un mois, et je pensais mettre ça derrière moi, mais je ne peux pas. Je ne peux pas, parce que je suis constamment amenée à croiser ces personnes. Qui par ailleurs, dans leur entreprise, ont aussi passé une partie non négligeable de leur temps à essayer de détruire tout ce qu’on faisait en dehors du NPA – à commencer par l’assemblée féministe Toutes en Grève. Et qu’ielles continuent et continueront de le faire tant que nous militerons. 

Si les organisations d’extrême gauche refusent de bouger et de comprendre que tout ça c’est violent, ok, on se lève et on se casse. A nous d’aller créer ailleurs, d’autres façons de faire du collectif, d’autres types d’organisations, basés sur d’autres rapports humains. Mais il est aussi urgent – en attendant – d’en parler et de ne plus laisser ce genre de choses se dérouler. J’ai mis du temps à accepter de parler. Par peur des réactions et des pressions dans le NPA – mais je suis partie il y a un mois pour me protéger. Et puis aussi parce qu’en tant que militante féministe, il est délicat de dénoncer des fausses accusations de violences sexuelles. Il est délicat de parler des 1% de mensonge parce qu’on sait très bien que cela fini par occuper l’espace des 99% de vérités. Mais j’ai aussi atteint mes limites psychologiques dans cette histoire. 

Je m’excuse donc de briser l’omerta et de mettre dans l’inconfort celleux qui voudrait que tout continue comme toujours. Mais je le redis, je fais cela après 3 ans et demi et tout un tas de procédures en interne. 

Je m’en excuse, parce que ça ne va être simple pour personne. Pour moi non plus : j’ai conscience que je m’expose. Je m’expose à la réaction de ce groupe, qui ne va pas s’empêcher de distiller ses mensonges. Je m’en fou. Je sais que j’ai pu avoir des réactions parfois inappropriées face aux violences que j’ai subit, mais je n’ai rien à me reprocher dont je ne me sois pas déjà excusée. Je m’expose aux TERF qui ne vont pas s’empêcher non plus de se saisir de tout ça. Je m’en fou : c’est pas comme si je n’étais pas déjà leur fav sur Toulouse. Je m’expose aux réactions de toutes les personnes qui pensent que c’est abusé de parler de tout ça, qui vont m’accuser d’être faible, de trahir je-ne-sais-quel principe en vigueur dans trop de milieux militants qui consiste à se taire, supporter et avancer. Je m’en fou : si les boomers ne comprennent pas pourquoi on ne veut plus militer dans leurs organisations violentes, s’ielles ne comprennent pas pourquoi est-ce qu’il est tant précieux de mettre au centre la bienveillance, la sororité, la solidarité et le respect plutôt que la concurrence, le rapport de force inter-militant-e-s, la violence et l’égocentrisme, que les boomers restent dans leurs microcosmes, on construira ailleurs.  

Je m’expose et je m’en fou. 

La révolution prolétarienne sera féministe et anti-autoritaire ou elle ne sera pas, le communisme sera féministe et anti-autoritaire ou ne sera pas : et ce n’est pas qu’un slogan.