Dans un air saturé d’humidité, sur l’île de Nantes, la foule s’amasse très doucement, au fil de discours syndicaux. Puis le cortège traverse la Loire, et enfle progressivement, sous une carapace de parapluies. Dans cette manifestation, une grande majorité de jeunes, et les organisations traditionnelles quasiment évaporée. Derrière le cortège déterminé, pas moins de 9 camions de son, diffusant à plein volume le répertoire de la teuf.

Gros succès, avec des centaines, parfois des milliers de personnes tapant du pied derrière les enceintes. En cela, ce défilé aura déjà été une résistance au pouvoir : l’Etat a voulu terroriser les teufeurs après le Réveillon, mais finalement, c’est une free party massive et sauvage qui se déplace au cœur d’une ville comme Nantes un samedi de soldes. Et ailleurs aussi.

A Commerce, une ligne de gendarmes reçoit une première salve de peinture rose. Éclats de couleurs vives dans la grisaille ambiante. Puis sur le Cours des 50 Otages, une ligne de CRS est en difficulté, et même raccompagnée sur plusieurs centaines de mètres vers l’arrière de la manifestation. Malgré quelques coups de matraque et tentatives de charges, le cortège reste très compact, surtout au niveau des camions sonorisés. La musique donne un certain rythme aux chamailleries.

Arrivée à Préfecture. Le parcours déclaré est trop court, mais les forces de l’ordre ne sont pas disposées à tolérer le moindre écart. Le préfet a même pris un « arrêté » interdisant spécialement toute manifestation en dehors du petit trajet balisé. Peu importe, la teuf continue, sur place. Alors qu’une personne tente de retirer une caméra de surveillance en haut d’un poteau, la BAC lance une opération de provocation, en chargeant dans la foule pour l’arrêter. Réaction unanime, les policiers battent en retraite sous les cris et les projectiles, alors qu’ils frappent et tirent de nombreuses grenades. Il y a des blessés, mais pas d’arrestation à ce moment là. La terreur d’État trouve parfois ses limites. Une ligne de forces de l’ordre en armures vient à son tour gazer la foule, mouvement de panique. Ces agressions aussi inutiles de délibérées écourtent la fête qui se passait jusqu’ici très bien.

La ligne de camions sonos prend la poudre d’escampette pour éviter d’autres problèmes. Nouvelles tensions avec la gendarmerie pour la sortie du dernier véhicule, qui finira par passer sous les applaudissements. La police ratisse la zone. Tout le monde est trempé, mais aurait aimé continuer la fête. Cette journée n’a pas été révolutionnaire, mais la joie partagée et les sourires dans le cortège musical sont une réussite dans la période.

A suivre !

Photos : Suvann, James, Labornez …