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Angers. Les forces de l’ordre font évacuer le squat de la Grande Ourse

Ce jeudi 21 janvier au petit matin, la police est en train de procéder à l’évacuation du squat dit de la Grande Ourse, à Angers, au bord de la Maine. L’ancien magasin de meubles est occupé illégalement depuis l’automne 2019.

Une disqueuse s’attaque à la porte. Les policiers et gendarmes mobiles sont arrivés discrètement jusque-là. Vingt minutes d’efforts et la police entre dans l’ancien magasin de meubles du quai Robert-Fèvre, à Angers, par la porte située côté place de la Rochefoucauld. Il est 6 h 24 du matin. Bah c’est pas trop tôt, avec tout le bazar qu’ils font ici, lance une dame qui passe sur le pont des Arts et Métiers.

Un important dispositif policier s’est mis en place ce jeudi 21 janvier dès 6 heures du matin, aux abords de ce lieu occupé depuis l’automne 2019 par plusieurs dizaines de sans-abri, SDF, étudiants, travailleurs pauvres, réfugiés et militants de l’ultra-gauche, réunis sous le nom de la Grande Ourse.

Sous les ordres du préfet de Maine-et-Loire, la Direction départementale de la sécurité publique met en œuvre la décision d’expulsion prise par la justice. Afin d’éviter toute résistance, depuis l’intérieur des locaux comme depuis l’extérieur, une demi-compagnie de CRS et un escadron de gendarmes mobiles, soit une petite centaine de personnels spécialisés dans le maintien de l’ordre, sont venus en appui des effectifs locaux de la police nationale.

Le magasin désaffecté présente plusieurs accès, autour du bloc d’immeubles, tant sur le quai Robert-Fèvre que du côté de la place de la Rochefoucauld ou du boulevard Arago. L’intervention policière prend aussi en compte la possibilité que des squatteurs décident de prendre la fuite par les toits.

Les policiers pénètrent dans le squat, alors que les occupants y sont encore endormis. Les forces de l’ordre vont contrôler les identités des personnes présentes.

Décision de justice

Le propriétaire de ces lieux occupés sans droit ni titre, Bertrand Baudaire, PDG de la chaîne de restaurants La Boucherie, a un projet immobilier pour le site, qui est à l’arrêt en raison de l’occupation illégale. En août 2020, le patron de la Boucherie expliquait qu’il avait un accord avec les occupants jusqu’en juin 2020, mais pas au-delà. Il a donc saisi la justice pour récupérer son bien.

Une décision d’expulsion a été prise en octobre 2020. Le 6 janvier 2021, la Cour d’appel d’Angers a rejeté l’idée de suspendre l’exécution provisoire d’expulsion prononcée en première instance. L’arrêt de la cour d’appel concernant l’expulsion en elle-même est fixé au 9 février 2021. Le préfet n’a donc pas souhaité attendre cette échéance.

Manifestations

L’ampleur du dispositif policier s’explique par le fait que plusieurs manifestations ont déjà eu lieu en soutien aux squatteurs depuis l’été dernier. Le 9 janvier dernier, ils étaient 150 à manifester, contre la décision de la Cour d’appel. Il avait été nécessaire de faire usage de gaz lacrymogène pour empêcher les manifestants de traverser la Maine et de venir manifester en centre-ville.

Une semaine plus tard, le 16 janvier, un groupe d’une centaine de sympathisants de la Grande Ourse avait décidé de prolonger la manifestation intersyndicale contre le projet de loi sécurité globale et avait dû être dispersé, là aussi, au gaz lacrymogène pour empêcher le blocage de la voie des Berges.

Présents depuis 15 mois

La Grande Ourse avait trouvé refuge ici en bord de Maine fin octobre 2019. Le magasin L’Ami Pem, institution créée à Angers en 1948, avait baissé le rideau définitivement le 20 mai 2017. Il y restait l’électricité et quelques meubles. Trois mois plus tôt, le même groupe, qui comptait alors 44 personnes, avait été délogé, le 31 juillet 2019, du boulevard Daviers, où il avait investi les anciens locaux de la CPAM depuis le 3 septembre 2018.