Que se passe-t-il sur la colline ?

A Éclépens, à seulement quelques kilomètres au nord de Lausanne, l’entreprise internationale de cimenterie LafargeHolcim exploite paisiblement 2800m2 de la colline du Mormont depuis bientôt 25 ans. En 2022, l’exploitation de la carrière déjà bien avancée arrivera à la limite du perimiètre d’exploitation autorisé, c’est pourquoi Holcim Suisse cherche à obtenir le plus vite possible de nouvelles autorisations pour continuer l’exploitation effrennée de la colline du Mormont. Si celle-ci n’est pas stoppée, d’ici 2029, tout le plateau de la Birette aura disparu. Mais ce n’est pas tout, Holcim envisage d’étendre davantage la carrière dans le futur jusqu’à détruire le sommet du Mormont, situé dans une zone figurant à l’inventaire fédéral des paysages. Cette zone est considérée comme l’un des milieux les plus riches en flore du Jura central. Réussir à extraire 8,4 millions de mètres cube de calcaire : voici le nouveau projet de Holcim.
Les ONGs agissant contre l’extension de la mine (Association pour la sauvegarde de la colline du Mormont, Pro Natura) ont fait recours contre l’extension de la carrière, mais celui-ci a échoué au niveau cantonal. Mais le combat n’est pas terminé. Le recours à l’échelle fédérale a été lancé mais si celui-ci n’aboutit pas, nous risquons de voir à jamais cette colline qui surplombe Eclépens et la Sarraz détruite. Outre une biodiversité répertoriée et documentée, la colline est également un site archéologique important, classé au patrimoine européen, qui contient d’anciens sites de rituel, et probablement d’habitation celtiques.
Holcim se félicite même de sa collaboration fructueuse avec les archéologues grâce au « soutien dynamique aux travaux archéologiques du site celte du Mormont. Cela se traduit par une excellente collaboration entre la direction de la cimenterie et le Service archéologique cantonal, ainsi que par des contributions financières sans lesquelles les travaux de fouilles n’auraient pas pu être réalisé dans le Canton. » De même qu’Holcim se vente de financer la protection d’orchidées sauvages se trouvant sur la colline.
Déclaration hypocrite lorsque l’on sait que leur unique objectif ne réside finalement que dans l’avancement des travaux pour l’exploitation de la zone…

Le site concerné par le projet d’extension de la cimenterie par Holcim comprend 22 associations végétales, dont la moitié font partie des milieux dignes de protection selon l’Annexe 1 de l’OPN. En 1998, le Mormont a été classé à l’Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments d’importance nationale en raison de sa richesse biologique. Cette richesse provient de la diversité des roches-mères présentes, comme de la diversité des expositions qui crée un climat unique. Ce site, par ses arbres et diverses présences végétales uniques, fait partie de l’ensemble de milieux précieux que représente le Mormont. Hotspot de diversité et de rareté, il a séduit des botanistes comme Pascal Kissling, mais aussi des auteurs romands comme Jacques Chessex ou Gustave Roud, qui se sont battus pour sauver le Mormont du projet d’une route en 1975. Et malgé tous ces arguments, Holcim ose justifier la prolongation de sa carrière en affirmant que le site de la Birette « est essentiellement formée de parcelles agricoles et ne contient pas de richesses naturelles particulières. ». Dans une lettre ouverte, Pascal Kissling écrivait que « même si nous ne reconnaissions qu’une valeur décorative aux milieux naturels, il faudrait laisser aux prochaines générations des possibilités de repenser leurs relations avec le milieu vivant. Or, ces possibilités ne tiendront que dans les quelques lambeaux de nature encore intacte que nous saurons leur transmettre. Ainsi la conservation de milieux comme celui du Mormont n’est pas un cadeau à la nature, c’est un acte de prévoyance et un devoir civil. »

Finalement, cette destruction des écosystèmes se fait au profit de la production de ciment qui est l’industrie qui émet le plus de CO2 en Suisse (voir onlget « Le béton: écologique? »). Non seulement, les agissements d’Holcim détruisent des écosystèmes précieux mais aggravent aussi les effets du réchauffement climatique en osant prétendre que le béton pourra être à l’avenir « zéro carbone », alors que les émissions de CO2 proviennent directement du procédé industriel de production du ciment. Mais quelles alternatives au ciment sont possibles ? Vous trouverez toutes les pistes dans sous l’onglet béton. Car nous ne refusons des mesures hypocrites ou la promotion de nouvelles technologies soit disant miracles.

Aujourd’hui, en prolongement des luttes datant des dernières décennies pour la sauvegarde du Mormont, en écho aux grèves du climat, aux ZAD, aux actions pour l’écologie qui essaiment dans le monde avant qu’il ne soit trop tard, nous nous engageons contre ce projet d’extension de la mine. Défenseuses et défenseurs de la vie sur terre, soucieuses et soucieux d’un avenir viable; nous accomplissons comme le disait Kissling notre devoir civil : nous défendons la colline. Contre le béton redoutable d’Holcim, nous défendrons les orchidées sauvages et ce qu’elles représentent: la possibilité d’un avenir viable. Orchidées contre béton armé !

 

https://orchidees.noblogs.org

https://twitter.com/zadelacolline

https://www.facebook.com/ZADPARTII/posts/4798120510213183