Biocoop est une société coopérative, mais ses magasins sont gérés de façon indépendante avec un système de franchise : 40% seulement sont des coopératives, les autres sont des Sarl (sociétés commerciales à responsabilité limitée). La charte de Biocoop n’incluant plus d’obligations sur les relations salariales, celles-ci appliquent la convention collective du commerce de détail, protégeant peu les salarié·es [1]. C’est ainsi qu’au mois d’avril, tandis que le président de Biocoop déclarait que la crise était une opportunité « pour changer de modèle », les patrons d’une partie de ces biocoop pressuraient leurs salarié·es déjà éprouvés par le confinement et le déconfinement.

Il y a donc un enjeu structurel : les salarié·es en lutte dénoncent un alignement sur la grande distribution, et le relèguement au second plan des conditions de travail et des droits des salarié·es (les exigences éthiques et sociales semblant s’appliquer davantage aux produits vendus qu’au fonctionnement des magasins, surtout en Sarl).

Le mouvement de grève est parti du réseau de magasins parisiens Biocoop – Le retour à la terre, dont les salarié·es étaient mobilisé·es depuis juillet. Elles et ils revendiquent principalement l’acceptation de toute demande de rupture conventionnelle, une revalorisation salariale, des repos hebdomadaires de deux jours consécutifs et le renoncement de la direction à ouvrir les magasins le dimanche (ce dernier point a été obtenu, la direction y ayant renoncé après la grève du 6 septembre).

Ce sont à présent les salarié·es de plusieurs Biocoop qui sont en grève et le conflit se durcit. Lors de la manifestation interprofessionnelle du 17 septembre, les grévistes de Paris ont été rejoint·es par des salarié·es d’autres Biocoop en France dans la perspective de fédérer leurs luttes. Leurs revendications : que la représentation des salariés passe de 5 % à 50 % dans les instances Biocoop et que la grille des salaires qui a été supprimée du cahier des charges soit réinstaurée et réévaluée dans tous les magasins du réseau.

À l’approche de la journée de grève du 26 septembre, des sanctions se sont abattues : chantage aux jours de congé, menaces de plainte pour diffamation, et enfin deux personnes mises à pied pour faute grave et passibles de licenciement [2]. Mais leur lutte bénéficie aujourd’hui d’un large soutien de la part d’organisations et de partis politiques, ainsi que d’allié·es comme la boulangerie autogérée de Montreuil, La conquête du pain, qui refuse de livrer Biocoop en solidarité. Ce mouvement de lutte nous rappelle que même les acteurs « engagés » sont rattrapés par le capitalisme, et, souvent, s’inscrivent davantage dedans qu’ils ne luttent contre… Le seul rempart, c’est la mobilisation des travailleuses et travailleurs pour défendre leurs droits, prendre en main leur outil de travail et empêcher la trahison des valeurs affichées.

La Commission écologie de l’UCL