Cet ensauvagement des élites françaises, qui se traduit par des appels aux meurtres policiers, n’est pas nouveau. Au début du mouvement des Gilets Jaunes, Luc Ferry, « intellectuel » et ancien ministre de l’éducation appelle à tirer à balles réelles sur les manifestations, à déployer l’armée, et à éliminer ces « saloperies » (sic) de manifestants. Bref, à éliminer l’opposition populaire. Peu après des membres du gouvernement expliquent dans la presse qu’ils étaient prêts à « assumer » de « faire des blessés voire pire », notamment de rendre « tétraplégique » un manifestant. Nouvelle menace, nouveau fantasme refoulé d’élimination.

La même année, une « chroniqueuse » hurle sur le plateau télé d’une chaîne d’extrême droite : « il faut que la police tire à balles réelles » sur les « délinquants de banlieue ».

Ces pulsions meurtrières exprimées publiquement s’exercent contre les ennemis intérieurs, pauvres, manifestants, habitants des quartiers, immigrés, exclus. Elles dessinent les population que les gens de pouvoir veulent voir disparaître. “Ceux qui ne sont rien”.

Déjà en 1871, lors de la Commune de Paris, l’élite intellectuelle et économique se réjouit du massacre de milliers d’insurgés. Le journal Le Figaro appelle à « purger Paris », et souhaite « en finir avec la vermine démocratique et sociale » qu’il faut «traquer comme des bêtes fauves qui se cachent ». «Sauvé, sauvé ! Paris était au pouvoir des sauvages ! » écrit Léon Daudet. Le grand écrivain Zola : «l’émeute agonise dans un cimetière [le Père Lachaise], et les derniers cadavres n’auront pas un long voyage à faire. Aujourd’hui Paris respire, et notre armée a retrouvé sa gloire militaire […] Le bain de sang que [le peuple de Paris] vient de prendre était peut-être d’une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres. » « J’espère que la répression sera telle que rien ne bougera plus. » pour l’auteur Lecontre de L’isle. Jules Verne veut « que le gouvernement républicain mette une énergie terrible dans la répression, comme il en a le droit et le devoir, et la France a cinquante ans de tranquillité devant elle. » La romancière George Sand, enfin, écrit « mon mobilier est sauvé […] les exécutions vont bon train, c’est justice et nécessité ».

Description du peuple comme « sauvage » et « barbare », haine de la révolte, amour de l’ordre, justification des pires violences d’État : rien n’a changé.

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