Plus d’an est passé depuis la dernière psychiatrisation. 13 mois de galère. Poignard sous la gorge. Tête sortie de la merde, mais le reste…

Merci l’État, la Société, les millions de collabos qui acceptez vos rôles et fonctions contre un bout d’os. La domestication a bien bossé. Jusqu’à en faire crever celles et ceux qui rentrent pas dans le moule. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas sans vous !

Fini le passage au comico et les aiguilles. Les flics sont directement venus chez moi. Enfonçage de porte. Tout ça parce que j’avais décidé d’en finir tellement j’étais dans la dèche. Tellement ce monde m’oppresse et me dégoute.

BAM ! Dès qu’ils entrent, ils me foutent les menottes. Parce que là j’étais vraiment vénèr cette fois. « Mais je n’ai tué ni agressé personne bordel ! Ils sont tarés ou quoi !? »

Défilé devant les badauds, les cancans, les citoyens honnêtes qui aiment leur sainte patrie… « Qu’est-ce que ça peut leur foutre ? Ils veulent gouter du molard ces troupeaux de crétins ?! »

Arrivée à l’HP. Les larbins en blanc veulent m’imposer un traitement. Je refuse com d’hab. Comme leurs collègues de l’autre taule, ils tirent une de ses tronche !

Ici la téloche gueule à mort mais l’ambiance est morne comme dans un hospice. « Ya un enterrement ? Le Pape est mort aujourd’hui ? »

« C’est l’heure des médicaments ! » Et les psychiatrisés suivent en rangs comme à l’école primaire… BOUARK ! A peine arrivé et cette ambiance de caserne me donne encore envie de dégueuler partout.

Ticket pour le psychiatre-chef. Qui me diagnostique en 20 minutes. Encore un winner du jugement expéditif !

Il veut aussi m’imposer un traitement. Je refuse. Lui dit que j’ai le droit. Il a l’air plus « compréhensif » que tous les autres trous du cul de médecins dans les autres taules. Mais avec le temps passé enfermé dans ce trou, il était bien plus pervers. Tout dans le dos des « patients ». Dr Sournois pour les intimes…

Chambre individuelle. Chic ! Un palace dans la taule ! Mais qui ne filtrent pas les hurlements des psychiatrisés en crise ni les sales gueules de matons à piquouzes !

Le lendemain, au ptit dèj, je vois tous les psychiatrisés. Peu parlent. Ils ont tous l’air défoncés par les médocs.

Les jours passent et je peux enfin mettre le nez dehors. Seul, sans agent d’accompagnement cette fois. Mais la plupart des détenus sont aussi résignés qu’au taff et dans les autres géoles psy. Hormis un mec et deux meufs.

On discute puis on finit par fumer et baiser en cachettes, dans les herbes hautes et sous les arbres au soleil. Ya moyen de passer sous le grillage. Avec tact et tout de même l’œil vigilant. L’HP a ses indics qui tracent les promeneurs, font des rapports comme les flics et balancent aux chefs. Pas un hasard si on les appelle la STASI du bled !

« A quand des salles de shoot et des chambres remplies de sextoys en psychiatrie ? En voilà un chouette réforme ! » On rit. Certains tombent amoureux…

Mais plutôt la voir crâmer cette institution carcéralo-médicale et ses griffes.

Dans les régimes totalitaires, elle sert à torturer à mort des opposants. Dans les régimes « démocratiques », à les refoutre au boulot pour des patrons, bien sages et bien docilisés à coups de cachetons jusqu’au prochain craquage ou jusqu’au tombeau. A coups de thérapies PAYANTES et inefficaces…. Un juteux business de charlatans capitalistes que la flichiatrie et ses agents en cols blancs. « Mais shut, pas si fort, la bonne conscience de gauche est fragile et susceptible… »

Ici peu d’action. Mais très peu. Je me suis jamais autant emmerdé de ma life. A part des bouquins.

Les « thérapies de groupe » ? Quelle blague ! Quel ennui ! Que de sermons limites flippants comme voir autant de gens se plagier et s’applaudir ! Si elles avaient été obligatoires, je me serais sûrement suicidé en direct !

Je laisses des exemplaires de Sans Remède sur les magazines paparazis téloches débiles. Une infirmière capte, les choppe et les balance à la poubelle. L’HP peut tourner à plein régime. Aucune dissidence n’est permise. Sinon, isolement. Allezzzzz ! une deux, une deux, une deux ! au rythme régulier des distributions de drogues qui allongent la facture…

Une « patiente » se taille les veines. Elle part pour les urgences. Quand elle revient, elle est shootée de plus belle. Une « zombie ». Elle ne nous reconnaît plus, longe les murs toute flippée et tremblante, comme si tout le monde l’effrayait. Comment ne pas avoir un profond désir de foutre en l’air ces murs à la vue de cette détresse, torture… ?!?!

Je repense à Grisélidis Réal crachant sur les troupeaux de gens droits dans leurs bottes, accrochés à leurs lois et protégés par leur morale. Et me dis : « Putain, mais c’est la définition parfaite de l’infirmier psy ! »

Les deux dernières années de galère ont été très très dure. Mais je me suis informé sur les mouvements anti-institutionnels comme l’antipsychiatrie. C’était trop bon d’en apprendre autant sur les rôles d’infirmiers-laquais, sur la fonction policière de la psychiatrie depuis ses origines. Sur les combats parfois violents de groupes informels contre l’institution et sa hiérarchie. Foucault, Laing, Cooper, Szasz, Lesage de La Haye, SPK, Basaglia, Sans Remède… pas trop le genre de littérature conseillée dans les cursus des futurs kapos de la psy, sauf pour savoir mieux piéger les déviants, leurs ennemis ! Ni à laisser traîner dans ses forteresses ouvertes au public comme des zoos !

Alors les flichiatres de gauche qui lachez « l’antipsychiatrie est responsable de l’abandon des malades » : ALLEZ BIEN VOUS FAIRE FOUTRE ! C’est la Société de merde que vous cautionnez avec vos prestiges, vos privilèges et vos gros salaires, que vous défendez en collaborant avec la Police qui crée des « malades » et des outsiders à remettre dans votre droit chemin ! Ce sont vos désirs d’emprise, de contrôle des individus, de pouvoir qui font de ce monde purulent une Société de flics ! Votre paternalisme de précautionneux hypocrites, vos bons sentiments de curés et vos titres d’experts ne vous rendent pas plus sympathiques que les flichiatres de droite aussi embourgeoisés que vous ! AUX CHIOTTES VOTRE PATERNALISME POLICIER ET RANCE !

ET SUS À CE MONDE IMMONDE ET SOLIDARITÉ AVEC TOUS LES DÉTENUS DE LA PSYCHIATRIE QUI NE SE LAISSENT PAS ÉCRASER PAR SON POUVOIR ET QUI Y FOUTENT UN BORDEL MONSTRE !

VIVRE LIBRE OU MOURIR !

(The End).