Avec plus de 1 000 prisonniers entassés dans une prison de 587 « places », la maison d’arrêt de Villepinte en Seine-St-Denis est l’une des plus surpeuplées de France.
Khaled, un prisonnier de 28 ans, est mort mardi soir dans l’incendie de sa cellule. Ses codétenus dénoncent une « bavure », soulignant que les matons ont tardé à intervenir en toute connaissance de cause. Ce n’est pas la première fois que l’administration pénitentiaire laisse crever quelqu’un dans sa cellule sans rien faire, loin de là : dernièrement, le 19 octobre et le 14 novembre 2019, deux prisonniers de la prison de la Santé sont ainsi morts brûlés dans leurs cellules ; les pompiers avaient mis plus de trois heures à intervenir. Sur les réseaux, beaucoup de prisonniers ont réagi à la mort de Khaled pour lui rendre hommage, raconter ce qui s’est vraiment passé et crier leur rage contre la prison, qui tue.

Voici un témoignage trouvé sur Snapchat, légèrement condensé :

« Je tenais à revenir sur la bavure de Villepinte – oui, j’ai bien dit une bavure. Equipe de nuit : une dizaine de [bip] de matons avec un [bip] de bricard… « personnel réduit » ! Toute cette putain d’équipe se tape des beuveries toute la nuit… Ils entendent une alarme : un des matons décide d’aller voir, prend son temps pour monter, va vers la cellule et voit la fumée, mais il ne peut pas ouvrir la porte car il n’a pas les clés : la nuit, seul ce [bip] de bricard les a. Le temps qu’il retourne voir le bricard et que tous ces [bip] agissent, trente minutes, voire plus, se sont écoulées entre le déclenchement de l’alarme et leur arrivée sur les lieux… C’est horrible. Trop dur, je trouve pas les mots. Combien de détenus et de détenues sont partis malgré eux grâce à ce système pénitentiaire et toutes leurs casquettes… Faites attention, vous êtes aucunement intouchables ; bande de [bip] de matons, vous l’avez laissé brûler ! Les nom et prénom de chaque membre de l’équipe de nuit, comment j’aimerais les avoir ! C’est impossible qu’ils s’en sortent avec un accident, c’est une bavure tellement répétée… »

Un autre message sorti de Villepinte raconte plus en détail ce qui s’est passé et signale que plusieurs prisonniers intoxiqués par les fumées ont annoncé qu’ils allaient porter plainte contre les matons. Nous le résumons ici :

« La fouille, à la base, c’était pas pour lui, c’était pour un autre. Ils sont passés à l’œilleton, ils sont venus et ils ont foutu le zbeul. Le mec, il s’est ouvert le ventre – les bras, en fait – en disant : « Regarde, je vais me tuer ! » Il s’est coupé, et puis il a mis le feu en disant : « Venez, venez ! », et ils voulaient pas venir… et le chef de détention, il s’est arraché – parce qu’il était là pour mener toutes ces fouilles. Il était là, et il l’a entendu ; je l’ai vu. Dès qu’ils ont fini de fouiller la cellule, le feu a éclaté. Le chef est revenu vers 21 heures, genre en jean-tee-shirt comme s’il n’était pas là avant, comme s’il n’était pas au courant de ce qui s’était passé. Mais en vrai, ils savent : ils peuvent bien vérifier les caméras. »

Un appel à bloquer les promenades samedi a commencé à tourner sur les réseaux :

« Blocage de promenade dans toutes les prisons de France pour manifester contre la mort de Khaled laissé brûler dans sa cellule samedi 27 juin ! PARTAGEZ LES FREROTS »

Une cagnotte a été lancée pour soutenir les proches de Khaled :
www.cotizup.com/pour-jesuiskhaled