Cette journée devait aussi être un test, après les grands discours du gouvernement, les promesses, et la gestion désastreuse de la pandémie par un pouvoir qui avait saccagé le système de santé publique. Les soignants durement éprouvés par le COVID-19, comme le reste de la population, attendaient des réponses. Ce sont les grenades lacrymogènes qui ont parlé.

Devant le CHU, c’est sous une averse torrentielle que la manifestation démarre ce mardi, en début d’après-midi. Une foule dense mais calme défilé quasiment sans slogans, en empruntant l’habituel parcours triangulaire imposé par les autorités. Dans la foule, beaucoup de soignants et soignantes, et encore plus de personnes venues en soutien.

Un feu d’artifice crépite, un cortège anticapitaliste se constitue. Quelques tags fleurissent, la musique des camions syndicaux se superpose aux slogans plus dynamiques. Sur le Cours Saint Pierre puis à la préfecture, quelques échanges d’amabilités ont lieu entre les CRS et l’avant de la manifestation. Pour quelques fumigènes, les forces de l’ordre ne font pas dans la demie mesure, et tirent de grandes quantités de grenades lacrymogènes particulièrement urticant. Devant la préfecture, le cortège est à l’arrêt. A l’avant, des manifestants tentent d’entrer dans les jardins du préfet par un trou dans la muraille. A l’arrière, certains huent, d’autres applaudissent, beaucoup subissent les gaz. Lorsque le gros cortège de soignants s’avance, il est directement ciblé, sans raison, par plusieurs grenades. Certaines arrivent directement sur des infirmières. Les CRS s’amusent avec pas moins de 3 jets d’eau. Des soignants peu habitués des manifestations sont en colère. Une dame aux cheveux blancs leur explique qu’elle a été blessée par la police lors des précédentes manifestations, et qu’il est normal que la colère s’exprime.

Le cortège parvient à se reconstituer Cours des 50 Otages. Quelques fumigènes crépitent encore. Arrivé au miroir d’eau, un dispositif de gendarmes, jusqu’ici plutôt discrets, encercle la manifestation. Les volontés de partir pour un deuxième tour sont étouffées par cette présence intimidante, et par une nouvelle averse qui s’abat de façon très drue. Une personne sera interpellée lors de contrôles.

Sur le chemin du retour, plusieurs soignantes discutent : « c’était bien. S’il ne nous entendent pas là haut, on recommence bientôt. »