• L’appel de Rennes

    Aujourd’hui en France, des millions de personnes qui avaient pour habitude de ne survivre que de salaire à salaire se retrouvent sans source de revenus ou au chômage partiel dans un contexte de crise économique sans précédent. Si l’État a levé le petit doigt pour les PME en permettant des avantages fiscaux et des reports de factures, le reste de la population est censée s’autonomiser pour résister à la précarité supplémentaire qui s’abat sur elle !

    En conséquent de la gestion de cette crise par le gouvernement et le capital, de nombreuses personnes seront dans l’incapacité de payer leurs factures et leur loyer ce 1er avril et dans les semaines à venir qui s’annoncent toujours confinées pour un temps encore indéterminé. Dans un monde où l’emploi est le moyen de subsistance attendu de toustes, il n’est pas normal que les propriétaires et les banques puissent continuer à faire du profit sur une des premières nécessités de la vie.

    Puisque le gouvernement a étendu la trêve hivernale jusqu’à fin mai et que nous ne pouvons être expulsé·e·s ; saisissons l’opportunité et déclarons la grève des loyers générale que nous puissions ou nous payer le nôtre ! Que l’on puisse ou pas payer son loyer, se joindre à la grève c’est assurer la réussite de cette dernière et faire bloc collectivement face à la capacité des propriétaires et de l’État de forcer les précaires à payer.

    ORGANISONS NOUS

    Parlez-en au balcon, profitez du moment de soutien au personnel soignant pour discuter avec vos voisin·e·s ou bien distribuez la « lettre aux voisin·e·s en période de confinement » que nous avons préparée pour établir le contact. Pour que la grève tienne à un niveau national, il faut d’abord nous organiser dans nos quartiers, dans nos villes et ne pas rester seul·e dans la précarité !

    → Mettez en avant le fait que seule une réponse collective nous protégera toustes.
    → Parlez du fait que la trêve hivernale a été étendue de deux mois et que les propriétaires ne peuvent pas lancer de procédure pendant ce temps-là.
    → Même si elle peut paraître lointaine, la grève collective est possible. En juillet 2016, les habitants de trois foyers de travailleurs immigrés situés à Boulogne et gérés à l’époque par Coallia sont entrés en grève du loyer pour dénoncer leurs conditions insalubres. La grève a coûté plus d’un million d’euros et s’est étalée jusqu’en 2017. Plus d’infos ici : https://paris-luttes.info/les-residents-de-coallia-optent-7…
    → Organisez une déclaration collective au propriétaire si vous avez un·e propriétaire commun.
    → Acc

    CONTACTER LES PROPRIÉTAIRES

    On peut voir sur les réseaux plusieurs personnes parler d’arrangements à l’amiable avec leur propriétaire si cellui-ci est capable d’entendre la grève, voire de la soutenir. Si la possibilité de se voir réduire son loyer est déjà une bonne nouvelle, il faut garder à l’esprit que la grève complète est ce que chacun·e d’entre nous devrait viser pour soi et par solidarité avec celleux qui ont des propriétaires qui refusent de bouger même dans cette situation.

    Si votre propriétaire fait partie de ce second cas, réduisez vos contacts avec ellui au strict minimum et sans chercher à défendre sans cesse votre position ; « pas de salaire, pas de loyer, un point c’est tout. Je ne suis pas seul·e à prendre cette décision en France et dans le monde. » ou bien à faire lea mort·e si la situation vous le permet.

    Propager l’appel sur les réseaux à travers le #GreveDesLoyers et suivez la page facebook Grève des Loyers 2020

    Si vous voulez des conseils ou des réponses sur comment gérer la grève des loyers, envoyez un mail à grevedesloyersrennes@riseup.net.

    Vous trouverezici une lettre aux voisin·e·s prête pour impression et distribution dans les boites aux lettres (n’oubliez pas de pratiquer des strictes mesures d’hygiène en imprimant vos lettres).

  • # Mise à jour : jeudi dernier à 22h59 Précisions stratégiques

    VERS UNE GRÈVE DES LOYERS ?

    L’idée se propage à une vitesse folle. Elle a émergé outre-atlantique et arrive en Europe et en France à vitesse grand V. C’est la possibilité d’une grève des loyers.

    Le monde est confiné. Près de 3 milliards de personnes sont concernées. Beaucoup de monde ne travaille plus et les plus précaires sont violement touché.e.s par la situation devenue économiquement irrespirable.

    Dans un monde au ralenti, quasiment à l’arrêt, où le travail est le moyen généralisé permettant de pouvoir vivre, la situation économique des individus est très sérieusement atteinte. Le confinement généralisé prive des millions de personnes de leurs revenus.

    Depuis plusieurs jours, nous lisons et entendons beaucoup de témoignages relatant les difficultés à subvenir à ses besoins les plus élémentaires. C’est un fait : le 1er avril, beaucoup de personnes ne pourront pas payer leur loyer. De même, des petits propriétaires seront dans l’impossibilité de rembourser leurs crédits.

    Mais partout autour du globe, des groupes d’habitant.e.s s’organisent localement et des collectifs se créent et se coordonnent nationalement pour faire face collectivement à la situation.

    Aux États-Unis comme à Chicago ou Atlanta. En Grèce, à Montréal, à Barcelone, en France, des appels à faire la grève des loyers se propagent rapidement. Les banderoles qui l’annoncent fleurissent sur les balcons.

    POURQUOI FAIRE GRÈVE ? LES RAISONS SONT SIMPLES !

    – Beaucoup de personnes ne pourront pas payer ce 1er avril. Faire grève des loyers c’est se défendre collectivement face à la situation. Que nous puissions payer notre loyer ou non, faire grève ensemble c’est se soutenir les uns les autres dans des situations individuellement insoutenables.

    – La trêve hivernale prolongée de deux mois et effective jusqu’au 31 mai est censée protéger les locataires de toutes expulsions. Utiliser cette protection est légitime.

    – Le contexte économique mondial remet en cause drastiquement le modèle économique sur laquelle notre société est construite, 12 ans après la grande crise économique dont on voit encore les effets. Nous affirmons notre capacité à penser et organiser la vie autrement.
    Se loger, se nourrir, se chauffer. Tout ce qui est vital ne devrait pas être soumis aux conditions d’une quelconque rémunération mais bien nous appartenir naturellement.

    ORGANISONS-NOUS !

    Une grève des loyers est dure à penser tant que celle-ci n’est pas sous nos yeux. Mais elle reste bel et bien possible.

    En 2010 par exemple, des étudiant.e.s de l’Université de Lille, vivant dans des résidences universitaires insalubres avaient fait la grève des loyers afin de dénoncer leurs conditions de vie. Plus de 400 personnes y avaient participé.

    Pour que cette grève soit effective, qu’elle ait lieu, il faut d’abord l’organiser ultra-localement. Avec nos voisins de palier, d’immeuble, de courée.

    DIFFUSER LA GRÈVE, PARTOUT !

    Le soir au balcon, parlons-en ! Déployons des banderoles !

    Organisons-nous d’abord dans nos immeubles, puis dans nos rues, puis dans nos quartiers. C’est ainsi que l’accumulation des collectifs d’habitant.e.s, la multiplication des foyers de grève s’étendront sur le territoire.

    Créer des groupes Facebook, par ville, par quartier et diffuser ces groupes sur les réseaux d’entraide, notamment les groupes Facebook déjà existant et investit par des milliers de personne semble une option interressante pour organiser cette grève.

    Le collectif américain CrimethInc, un collectif anarchiste « décentralisé » de cellules autonomes, a écrit un texte dans le contexte de confinement mondial, résumant l’importance et les atouts d’une grève des loyers organisée par le bas :

    « Pour qu’une grève des loyers soit couronnée de succès à l’échelle nationale, au moins une de ces initiatives devra prendre suffisamment d’ampleur pour qu’un grand nombre de personnes soient certaines de ne pas être laissées pour compte si elles s’engagent à participer. Cependant, plutôt que d’attendre qu’une seule organisation de masse coordonne une grève massive depuis le haut, il est préférable que ces efforts commencent au niveau de la base. Les organisations centralisées font souvent des compromis au début d’un processus de lutte, sapant ainsi les efforts autonomes qui donnent du pouvoir à ces mouvements. »

    CONVAINCRE SES VOISINS !

    Vous êtes en difficulté financière et vous ne pourrez pas payer votre mois d’avril ?

     Demandez à vos voisins leur situation financière.
     Parlez leurs d’une réponse solidaire et collective.
     Racontez leur l’histoire de cette grève, son origine et sa propagation.
     Expliquez que le propriétaire ne peut lancer de procédure avant 2 mois.
     Insistez sur la notion de solidarité, de faire bloc et la nécessité d’être nombreux.ses.
     Démontrez que vous n’êtes pas seul.e.s, rapprochez vous de vos associations de quartier.
     Demandez un soutien. En cas d’intimidation du propriétaire, ou en ne payant pas par solidarité.
     Si la communication est difficile ou rare, collez un mot près de l’entrée de l’immeuble, laissez un numéro un mail, ou un espace pour que les gens mettent le leur.

    FAIRE FACE AU PROPRIÉTAIRE !

    Si la question se pose moins pour les bailleurs sociaux, la situation peut être plus compliquée face aux petits propriétaires privés.

    Plusieurs étapes sont à passer. Les mails et appels demandant de payer, les intimidations, peut-être verbales, si elles ne sont pas physique.

    Deux possibilités s’offrent alors :

    – Le proprio peut entendre la grève et donc être dans le laisser-faire. Il peut aussi comprendre, voir soutenir cette grève. Le dialogue n’a pas nécessité a être rompu et un accord peut même être trouvé (baisse du loyer, ne donner que les APL, autres aménagements à l’amiable). Pour autant, rechercher la grève complète, c’est à dire de ne donner absolument rien doit être notre objectif à tous et toutes.

    – Le proprio ne veut rien entendre et met la pression, dans ce cas, le dialogue doit être réduit au strict minimum : « Je ne peux pas payer du fait du confinement, nous sommes des milliers dans ce cas. », ou ne pas répondre si la situation le permet. Si des échanges deviendraient trop violent, il faut prendre contact rapidement avec vos voisin.e.s, vos ami.e.s, des associations de quartiers pour vous soutenir en cas d’intimidation.

    SOYONS SOLIDAIRE !

    Nous le répétons mais sachons-le : grève ou non, au 1er avril, beaucoup seront dans l’incapacité de payer leur loyer. Il en va de notre solidarité.

    La grève généralisée des loyers serait sans nul doute la forme de solidarité la plus aboutie que nous pourrions observer lors de ce confinement pour les personnes qui sont confinées chez elles toute la journée et qui ne travaillent pas ou plus. Et en ces temps si troublés, tout le monde s’accorde à dire que la solidarité est essentielle et est peut-être même la seule chose qu’il nous reste.

    Montrons notre solidarité et ensembles généralisons la grève des loyers !

    – Pour propager cet appel à la grève, partagez le hashtag #GreveDesLoyers et suivez la page Facebook Grève des Loyers 2020.

    – Des groupes se sont déjà créés et s’organisent. Un fil Télégram sur la grève des loyers a été lancé. Le lien ici : https://t.co/a3TyMl5Crn?amp=1

    – Si vous voulez des conseils ou des réponses à vos doutes et questionnements, n’hésitez pas à nous envoyer un message ou un mail : InsurgLille@protonmail.com

Aux États-Unis, de nombreux appels se relayent dans la rue à travers les banderoles et tags qui fleurissent dans beaucoup de grande villes, notamment de l’ouest américain, mais aussi sur les réseaux sociaux. Le hashtag #rentstrike parmi d’autres exemples permet de rassembler des propositions autonomes d’organisation d’une lutte contre les loyers durant la pandémie et pourquoi pas au-delà !

Le refus de paiement des loyers d’avril marquera le début de cette grève.
Ne pas payer son loyer, son gaz, son électricité, son eau, c’est payer déjà un peu moins, à une époque où chacun paye le prix fort, et de plus en plus fort. Refuser de payer le prix de la gestion de cette pandémie est une réaction de bon sens, et une manière de commencer à s’opposer à la vie qu’on nous prépare, dont les conditions sont encore incertaines.
On le voit déjà, les mesures du gouvernement permettent au flics de réaliser leurs rêves les plus crades, de vider les rues des indésirables, de vider les halls d’immeubles, de vider les villes des gens qui n’ont pas de « bonnes raisons » de s’y déplacer, de pouvoir contrôler les moindres déplacements de la population. C’est aussi pour l’État l’occasion de s’entraîner à la gestion de toutes les sortes de « catastrophes », gestion qui s’exercera toujours contre nous. Bien sûr de nombreuses personnes subissaient déjà ces mesures à plus ou moins grande échelle, et en particulier tous ceux qui sont confinés dans le confinement, et livrés à des institutions d’autant plus maltraitantes dans ce contexte, comme les centres de rétention, les prisons, les maisons de retraites, les centres où sont regroupés les sans abris, mais le plan d’urgence du gouvernement va clairement au delà de la gestion de la crise présente pour modifier durablement « l’après ».

Si la crise est exceptionnelle, les mesures que prend l’État dans cette situation ne vont évidemment pas s’arrêter une fois le problème du virus régulé. On a connu vigipirate dans les années 90, les mesures anti terroristes des années 2000, l’état d’urgence post-attentats, et on sait comment, en démocratie, l’exceptionnalité fait Loi. Le contrôle social, la répression, le développement de la vie complètement assistée depuis chez soi, toutes ces manières de vivre vont sûrement perdurer par certains aspects après la période de confinement dans laquelle nous nous trouvons : c’est toute la normalité qui aura changé. Emmanuel Macron l’a dit dans son discours, le fameux « jour d’après » qui ne sera pas comme le « jour d’avant ». C’est dès maintenant que nous devons lutter contre l’appareil étatique tel qu’il est en train d’évoluer et le monde qu’il nous prépare.
Nous ne pouvons accepter la position intenable dans laquelle l’État nous contraint, entre la peur justifiée du virus avec tout ce qu’elle implique au quotidien, et ses mesures aliénantes renforcées par la précarité que beaucoup subissent aujourd’hui et subissaient déjà hier.

Dans ce contexte, continuer d’engraisser les propriétaires devient plus que jamais une impasse. Refusons de payer les proprios, les banques, les prêts, refusons de continuer à faire vivre ce système qui, en plus de nous asservir, fait de nous les premières victimes des situations de crise. Ne payons pas nos loyers, ne payons plus pour l’État. Arrêtons de payer pour le jour d’avant, ne payons plus aujourd’hui, et ayons la perspective de ne plus payer le jour d’après ! Inventons et partageons les moyens de lutter contre les brimades légales et menaces répressives à la merci desquelles on pourrait se retrouver si on reste isolés et désarmés.

Solidarité avec les révoltés, solidarité avec ceux à qui le confinement impose une double-peine.

Révolution !
Des confinés