Je me retrouve en plein supermarché entourée de caddies qui dégueulent des pâtes, des filets de
patates, remplis à raz, comme jamais. Ça me dégoûte de voir tout autant de gens avec des caddies
autant pleins, pasque si c’était tous les jours comme ça qu’on se prendrait cette inégalité en pleine
gueule, ça se passerait autrement. Et ça chouine dans les rangs en caisse : « ouin ouin on a des
caddies remplis à cause du #CoronaVirus dans ta gueule ouin ouin ». Je me faufile à la caisse
officieuse des fauchées, les sans-caddies, à peine une dizaine d’articles par personne. Tous les jours
et depuis le début, ma révolte est dirigée vers celles et ceux qui ont leurs caddies remplis de
normalité. Bien-sûr que les supermarchés sont préparés à une éventuelle catastrophe, de quelque
ordre qu’elle soit’ et que ce sera menu etouffe-chrétiens avec pâtes et patates, ou crève. Sauf que je
peux pas faire des réserves comme elles et eux, donc je mourrai pas étouffée par ces aliments bénis
du Ciel.
Je sors du supermarket, abasourdie par la conformité de cette foule conformiste dont je me fous
éperdument des ressorts psychologiques, avec laquelle jamais je ne me socialiserai, distanciation
sociale oblige. Oui tous les jours je me confine d’elles et eux et même que pour elles et eux, je suis
sûrement comme un virus. Sauf qu’à la fin c’est moi qui en crèvera !
À bas tout !