Vendredi 13 mars

 

La paralysie sociale autour du Coronavirus prend des proportions de plus en plus impressionnantes.

Les personnes qui présentent le symptômes d’un rhume (en plein hiver!) sont priées de rester chez elles. Celles qui sont entrées en contact avec quelqu’un étant positif au test du Coronavirus sont mises en quarantaines. Jusque là rien d’affolant.

Les lieux publics ferment un après un. Les bibliothèques, les écoles, les institutions … obligeant pas mal de monde à ruser pour trouver un lieu au chaud ou au calme non-payant (alors que les averses de grêle sont quotidiennes). Les diverses parlements régionaux profitent de la couverture médiatique du Corona pour faire passer en scred des lois contreversées. Ça craint déjà un peu là.

Et puis j’apprends que les cantines autogérées de la ville ferment leurs portes. Que les groupes de musique annulent leurs participations à des concerts de soutien. Que la Rote Flora annule tout ses événements. Que la grosse manifestation contre le racisme, la surveillance et la répression, prévue depuis longtemps pour le 4 avril, est en passe d’être annulée par les organisateurices.

A chaque nouvelle annonce du genre, je grince des dents. Je crois que j’arriverais à me réjouir de la paralysie économique et sociale si elle ne touchait pas le milieu. Mais voir Flora fermer ses portes le me jour que la bibliothèque universitaire, ça me fout les nerfs. Est-ce que cette merde de virus va réussir à rendre les gens complètement cons. Est-ce qu’il va tranquillement endormir le milieu, alors que les flics (et les juges) continuent leur travail ? Ce soir aux escaliers Baldwin, sur la Hafenstrasse ya du monde pour intervenir pendant une arrestation policière, mais est-ce que demain chacun-e restera « chez soi » ? Est-ce qu’on va se laisser atomiser pour un temps indéterminé par mesure d’hygiène ?

J’ai un peu de mal à me soucier de l’expansion de l’épidémie, quand celleux qui s’en soucient semble avoir de la merde dans les yeux. Je refuse de me sentir responsable, ou coupable, de la prolifération d’une maladie que je n’ai pas délibérément manipulée. Ou du capitalisme mondialisé qui permet cette pandémie. De rentrer dans les petites gestes du quotidien, qui rendent tout le monde responsable. Je suis sensé opiner du chef au nom de l’état d’urgence sanitaire et suivre à la lettre les consignes des institutions que je rejette ? Parce que quoi ? Il ne serait plus le temps de rigoler, c’est ça ? J’avoue que j’enrage plutôt. Comme si on avait plus de raison valable d’aller à contre-courant de ces directives. Comme si la critique de l’État et des médias n’avait été jusque là qu’un amusement qu’on serait amené à mettre entre parenthèse en temps de crise. Ça s’imposerait… Parce qu’il serait question de vies humaines ?

L’appel unitaire de la manif du 04.04 se termine par « on ne se laissera pas intimider par les tentatives de la répression d’État de nous combattre politiquement et de nous isoler socialement ». Vraiment ? Est-ce que le Corona (son traitement médiatique et politique) réussit ce dont rêve la répression d’État ?

 

Il semble que ma première nuisance potentielle soit envers moi-même. Je devrais déjà filer chez le médecin pour mon mal de gorges, mais je vais plutôt me mettre sous les couverture avec un grog.

J’espère que la paralysie ne prend pas autant là où tu te trouves. Et si elle se pointe, que ton milieu ne se laissera pas prendre dans son filet.

 

 

Mardi 17 mars

 

Les gens ne se touchent plus. Iels ne touchent plus les poignées de porte. Se disent bonjour du bout des chaussures. Dans les lieux collectifs, ont met en quarantaine les chaises, les toilettes sur lesquels des coronards avérés ne sont assis. Les caravanes ou les chambres dans lesquelles iels ont dormi.

Tous les événements de l’agenda alternatif local ont été annulés. Sans exception. Les AG, les réunions d’organisation se passent par skype ou téléphone. Il n’y a guère que quelque bars ou restaurants qui sont encore ouverts (à condition de mettre 1,50m entre chaque table). Les supermarchés bien sûr aussi. Il n’y a pas grand monde dans les rues. A la radio, à la télé, il semble que tourne en boucle le message suivant : « soyons tous corona-solidaires, ne sortons pas de chez nous ». C’est pas une blague. Et ça marche pas mal. Quelques enfants passent leurs journées au parc, alors le gouvernement parle de fermer les aires de jeux.

Une loi vient de passer rendant délictueux de ne pas respecter les directives d’hygiène prescrites par le gouvernement. Avec un pote on s’amuse de se retrouver dans l’illégalité pour si peu.

Tout ça pour quelques vieux occidentaux qui sont morts ou risquent de mourir ? Est-ce qu’on parle à un moment du nombre d’animaux qui sont en train de se faire massacrer en laboratoire pour sauver ces vieillards ? J’ai l’impression qu’on met la docilité de cette société à l’épreuve. Et pour l’instant elle remporte l’examen haut la main. Je ne suis pas étonné. Je suis énervé.

Je me dis que si c’est une crise économique et sociale qu’ils veulent, ya peut-être moyen que je mette la main à la pâte. Mais en restant dans l’illégalité, s’entend.

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