La révolte qui a commencé le 18 octobre 2019 a investi tous les espaces et toutes les cadres. Personne n’a pu rester de côté, parce qu’elle est partout, dans tous les coins des villes et dans tous les aspects de nos relations. Rien n’est plus comme avant, rien ne sera plus jamais comme avant. Le désir de détruire ce monde tel que nous le connaissons est là pour rester. Les quartiers des riches et des puissants, des partisans et des privilégiés de cet ordre, ont également été la cible de la puissance de cette révolte qui, dans ses multiples pratiques incendiaires, a su reconnaître ses ennemis. Les pillages de centres commerciaux appartenant à la riche bourgeoisie, les barricades dans les quartiers cossus des grandes villes, les incendies de magasins et de voitures de luxe ne sont que quelques exemples de la manière dont l’irruption violente, plutôt qu’aller frapper aux portes des puissants, les a détruites.

Cette action vise à intensifier cette irruption. Elle est la poursuite de cette avalanche de haine et de vengeance qui a frappé les puissants pendant les premières semaines de révolte et qui cherche à installer la peur chez ceux qui vivent au détriment de la misère des autres. La complicité directe entre les grandes entreprises et les organismes répressifs est un autre aspect du pouvoir qui s’est manifesté pendant ces mois de révolte, quand les premières ont financé et soutenu des infrastructures qui n’ont quand-même pas pu arrêter les rebelles, comme les murs de béton installés sur l’avenue Alameda pour protéger le monument et l’église de ces troupes de violeurs en uniforme. D’autre part, il n’y a pas besoin d’une analyse détaillée pour constater la protection que les militaires et les Carabineros ont apportée aux quartiers bourgeois. Une protection qui, aujourd’hui encore, a été bafouée. Vous, hommes d’affaires et répresseurs, vous savez parfaitement de quoi nous parlons. Dans chaque poignée de main que vous vous échangez dans vos ridicules marches et processions, dans les bureaux et les casernes où sont planifiés les mutilations, les meurtres et les viols, se forge cette alliance infâme qui aujourd’hui cherche désespérément à éteindre le feu incontrôlé de la révolte. Ce double attentat à l’explosif vise les deux côtés de cette complicité pourrie ; pour rompre, ne serait-ce que pour un instant, avec la vie paisible et confortable des riches et pour nuire aux agents de la répression, par une surprise destructrice.

Nous pensons qu’il n’est pas nécessaire d’entrer dans le détail de l’endroit précis où ont été placés les engins utilisés pour de cette action, car c’est la vie quotidienne du quartier dans son ensemble que l’on veut changer. Malgré cela, il n’est pas superflu de dire que le lieu choisi est situé à quelques mètres du torchon bourgeois « El Mercurio » et que que la famille Schiess Schmitz, propriétaire de la société immobilière Transoceánica, est l’un des groupes économiques les plus importants et les plus influents de ce pays. Ils ont construit des maisons et des projets de luxe dans les quartiers riches de Santiago, ainsi que d’autres centres de loisirs destinés au divertissement de l’élite.

La révolte sabote en permanence la normalité, la réduit en miettes, en brisant des chaînes qui semblaient éternelles, en démontrant la vulnérabilité de l’État et des milieux d’affaires capitalistes. Mais nous pensons que nous pouvons aller plus loin en multipliant les attaques armées et ciblées contre nos ennemis, contre le pouvoir sous toutes ses formes, en participant à cette tempête massive et généralisée avec des actions de guérilla urbaine, en nous préparant concrètement à faire face à l’intensification de la répression. Et c’est avec la lutte anarchiste que nous contribuons à la propagation de la révolte, en faisant le pari de porter le conflit à des limites insoupçonnées, en refusant tout accord de paix et toute Constitution qui prétende diriger nos vies. Et quant aux stupides intellectuels de la guerre sociale, qui qualifieront cette action de coup monté, qu’ils sachent que leurs opinions ne font que renforcer l’État, en invalidant et en ignorant le potentiel et la portée de l’offensive de la nouvelle guérilla urbaine.

Ne lâchons pas la rue, détruisons ce qui nous opprime, faisons sauter les quartiers de la bourgeoisie

Affinités armées en révolte