vendredi 28 février 2020

Au cours de la nuit du 26 au 27 février un incendie allumé volontairement a détruit partiellement un appentis dans le « hangar de l’avenir » sur la ferme de Bellevue. Heureusement, une personne a vu le départ de feu. Les pompiers sont intervenus mais il s’en est fallu de très peu que la charpente principale prenne entièrement feu et que l’ensemble du bâtiment soit détruit. Des personnes vivent et dorment juste à côté dans les espaces contigus et auraient pu se trouver pris dans l’incendie.

Le « hangar de l’avenir » a été construit à la main par des dizaines de charpentières et charpentiers. Il a été levé comme un défi le 8 octobre 2016, au moment où le gouvernement menaçait de venir raser la zad quelques semaines plus tard. Des dizaines de milliers de personnes l’entouraient alors en affirmant qu’elles le protégeraient. Des centaines de main se sont relayées depuis 4 ans au cours de « chantiers écoles » réguliers pour achever petit à petit sa construction. Le « hangar de l’avenir » est un espace qui sert aujourd’hui entre autres à construire des habitats et infrastructures pour les différents habitant.e.s et activités de la zad. Grâce à cet espace, le mouvement maintient aussi une prise en charge collective de la forêt de Rohanne, empêchant ainsi que cette dernière soit réintégrée dans une planification forestière classique.

Alors que nous avons arraché ces lieux aux menaces d’expulsion, ce n’est pas l’État qui a tenté cette fois-ci de détruire les infrastructures communes mais fort probablement des individus animés par de mauvaises fables politiques. Il y a un an, le tractopelle qui servait à réaliser les travaux sur les différents lieux de vie a été incendié. Plus récemment, des véhicules l’ont aussi été juste devant des maisons alors que leurs habitants dormaient. Ce nouvel incendie survient alors que des réseaux sociaux vecteurs de haine diffusent de manière incessante des récits calomnieux sur la zad post-abandon. Depuis quinze jours, les réactions suite aux conflits d’usages (causé par des chiens non tenus, menaces avec arme…) au Rosier sont déformées et montées en épingle en ce sens.

Des espaces comme le site Nantes Indymedia, se sont employés, au cours des dernières années et encore très récemment, à relayer divers appels et commentaires invitant à « brûler la zad » et ses habitant.e.s. Ces « médias » (1) colportent avec un zèle de procureur un récit diabolisant et des mensonges factuels sur de soit-disant « traîtres » et « collabos ». Ceci à propos de personnes qui ont résisté durement sur le terrain face à la répression d’État et ont opté entre les expulsions du printemps 2018 pour une négociation collective – alimentée par un rapport de force constant – afin d’obtenir des baux stables sur les terres, plutôt que de se résoudre à la destruction de l’ensemble des lieux de vie de la zad. Ces personnes ont tout fait pour que le plus de lieux habités soient préservés et pour maintenir une communauté large et hétérogène. Elles ne sont en tout état de cause pas responsables des choix tactiques différents qui n’ont malheureusement pas permis – face aux tanks – de faire réellement obstacle à l’expulsion de certains lieux de vie.

Nous sommes conscient.e.s que la zad est un espace qui a incarné une telle somme d’espoir qu’elle a aussi engendré des déceptions et des douleurs. Mais il est temps aujourd’hui de sortir du binarisme stérile des catégories fantasmées de « légalistes » ou d' »invendus ». Les personnes et lieux de vie que des pamphlets appellent à lyncher, attaquant par là tout le mouvement pour l’avenir de la zad, résistent encore aujourd’hui pour continuer à faire de ce territoire un espace de mise en commun face aux destructions du vivant, de solidarité face au monde marchand, d’habitats collectifs autoconstruits et une base de soutien aux luttes. Ce territoire est toujours sous pression mais sans cesser pour autant de déborder des normes dans lesquelles les institutions voudraient l’enserrer. Il suffit de passer un peu de temps sur place pour s’en rendre compte.

Pourtant il apparaît une fois de trop aujourd’hui que certains individus sont animées par un désir de dégradation vengeur et sortent parfois des méandres des réseaux sociaux pour le concrétiser lâchement, en se trompant d’ennemis. Nous sommes profondément affligés, après avoir défendu la zad pendant des années face à Vinci et à l’État, d’avoir à le faire aujourd’hui face au nihilisme de certains individus. Nous sommes atterrés par la complaisance de certains à alimenter de loin des fictions haineuses, avec toutes les conséquences dramatiques que cela peut avoir ici comme dans d’autres combats. Nous voulons pouvoir nous consacrer à nous battre contre les institutions et corporations qui bousillent la terre et enchaînent les vies plutôt que de devoir se protéger de personnes qui s’emploient à saboter les rares possibilités de communauté de vie et de lutte durables.

Nous appelons les multiples personnes et collectifs avec qui nous nous sommes liés dans ce combat et pour qui l’avenir de la zad a toujours un sens à la plus grande attention et au soutien. Nous appelons à continuer à construire un monde désirable sur la zad face à ces nouvelles attaques.

Des habitant.e.s de la zad réuni.e.s suite à l’incendie au hangar de l’avenir.

(1) Il est nécessaire de clarifier à ce sujet le rôle joué par le compte facebook « nonaeroportNotreDamedesLandes / zone à défendre de Notre Dame des Landes ». Ce compte qui cherche à maintenir l’apparence d’un compte « officiel » du mouvement et de la zad est actuellement tenu par une/des personnes qui n’y habitent absolument pas, qui se targuent d’une forme d’impartialité, mais dont le parti-pris malveillant ainsi que la propension à relayer sans aucune vérification mensonges et appels haineux est largement avérée.