Face au développement de plus en plus inquiétant de la répression qui frappe un peu partout dans le monde, la parole juive que nous portons, aussi modeste soit-elle ici, est plus que jamais nécessaire pour faire entendre une autre voix, résolument opposée à toutes les formes de racisme, hostile au colonialisme et aux violences guerrières qu’il génère. Cette année qui s’ouvre sur une escalade sans précédents confirmant les ambitions impérialistes et meurtrières de Donald Trump et de son allié israélien nous engage plus que jamais dans notre refus d’une société d’apartheid par une réflexion argumentée et documentée qui prendra la forme d’un livre valorisant, d’hier à aujourd’hui, des paroles juives contre le sionisme.

Rien de ce qui se passe en Palestine/Israël où se poursuit une politique criminelle à l’encontre des Palestiniens ne peut se faire en notre nom : discriminations en Israël, occupation et spoliation en Cisjordanie, annexion de Jérusalem-Est, situation alarmante dans les camps de réfugiés notamment de Jordanie et du Liban… D’autre part, il n’y aura pas de paix possible pour une communauté juive dans cette région du monde sans l’acceptation pleine et entière de l’égalité des droits, y compris le droit au retour, ce que disent également nos camarades antisionistes israéliens. La politique d’apartheid confirmée par l’actuel gouvernement d’extrême-droite israélien n’est pas seulement un crime contre les Palestiniens, elle s’apparente aussi à une catastrophe pour la population israélienne.

En France où se font entendre de plus en plus de voix critiques à l’égard d’Israël, l’Union Juive Française pour la Paix réaffirme son implication dans la riposte citoyenne menée par la campagne BDS, dénonce les tentatives récentes de criminalisation de ses militant.e.s dont les actions légitimes sont à nouveau menacées par une résolution parlementaire portant atteinte à la liberté d’expression. Plus que jamais, dans ce Moyen-Orient éclaté au cœur de nos préoccupations, Gaza sous blocus a besoin de nous et notre engagement dans le maintien d’une économie de résistance a pris une nouvelle dimension avec la construction du château d’eau de Khuza’a : notre présence active aux côtés des paysans de cette commune ne s’inscrit pas seulement dans une démarche humanitaire, elle est aussi un acte politique de résistance.

Nos convictions mais aussi nos actions en solidarité avec toutes celles et ceux qui œuvrent en faveur de la liberté, la dignité, l’égalité et la justice conduisent à nous placer résolument aux côtés des opprimés, qu’il s’agisse des Palestiniens privés de leurs droits en faveur desquels notre engagement est essentiel, mais aussi des minorités stigmatisées ici dans notre pays, en butte à une politique d’État instrumentalisant les discriminations et n’ayant d’autre réponse aux mobilisations persistantes qu’une répression policière de plus en plus brutale. Ton incarcération maintenue malgré le fait qu’elle soit due à une machination politico-judiciaire ayant conduit à ta condamnation et renouvelée par les gouvernements successifs relève d’un acharnement qui déshonore la justice française, alors même que le Liban a fait savoir à la France qu’il était prêt à t’accueillir.  
En avril dernier et comme tu l’as fait déjà en 2016 en y associant d’autres détenus politiques, tu as été au centre d’un grand mouvement de solidarité de dimension internationale avec les prisonniers palestiniens en détention administrative. À l’occasion de cette grève de la faim à laquelle tu as participé, nous avons rejoint cet appel pour dénoncer les conditions épouvantables dans lesquelles sont traités les prisonniers palestiniens, mais aussi l’arrestation d’enfants ainsi que les pratiques humiliantes qui en Israël aujourd’hui rappellent les heures sombres de la guerre d’Algérie. Nous n’hésitons pas à considérer que ton maintien arbitraire en détention est comparable au sort réservé aux résistants palestiniens enfermés dans les geôles israéliennes : c’est un cas très évident d’israélisation de la gouvernance en France et nous continuerons de dénoncer ce scandale tant que tu n’auras pas retrouvé ta liberté.

Là où les États relayés par des médias complices organisent la désunion, jouant sur la concurrence des victimes, notre objectif commun est de tenir notre rôle dans le décloisonnement des luttes ; ces temps-ci, les populations livrées à une précarité croissante se retournent, par delà leurs différences, contre les pouvoirs en place et nous ne pouvons que soutenir ces vagues de révoltes populaires qui du Liban à la France mobilisée jours après jours contre la réforme des retraites sont des signes encourageants de radicalisation dans la résistance aux pouvoirs en place. Rappeler l’exigence de ta libération au cœur de ces mobilisations en considérant que c’est le même combat et qu’il est intolérable de l’ignorer justifie dans l’histoire de notre organisation la place essentielle que nous lui accordons.

Le combat pour ta libération est donc bien au centre des luttes qui nous rassemblent : contre l’impérialisme qui t’a privé de ta liberté, contre le sionisme qui porte atteinte aux droits légitimes des Palestiniens, contre le racisme qui sévit en France et met en concurrence celles et ceux qui en souffrent, contre le capitalisme qui détruit les acquis des luttes sociales et mutile nos vies dans notre quotidien.

Ce combat est le tien, il est aussi le nôtre et plus que jamais l’Union Juive Française pour la Paix sera présente à tes côtés et en solidarité avec toutes celles et ceux qui continueront de se mobiliser pour ta libération.

Fraternellement,

La Coordination nationale de l’Union Juive Française pour la Paix.

https://www.ujfp.org/spip.php?article7682