« L’EXEMPLE » CHINOIS

Dans la Chine dictatoriale un énorme réseau de près de 200 millions de caméras interconnectées est baptisé par les dirigeants le « réseau céleste ». Il s’agit d’un œil géant piloté par des intelligences artificielles qui travaillent jour et nuit à analyser les millions de visages des passants des grandes villes chinoises, et déclenche une alarme en cas d’identification d’une personne « suspecte ». En France aussi, la reconnaissance faciale « intelligente » est annoncée comme une nécessité pour le ministère de l’Intérieur. Le modèle chinois de contrôle et de surveillance de la population par des caméras et des algorithmes d’identification inspire Macron qui lance d’ors et déjà des expérimentations. « L’intelligence artificielle doit permettre, par exemple, de repérer dans la foule des individus au comportement bizarre » déclarait notamment l’ancien ministre de l’intérieur Gérard Collomb. Le 21 juin dernier, Christophe Castaner rendant visite à Christian Estrosi, saluait par exemple « l’ambition sécuritaire » du maire de Nice, ville la plus vidéosurveillée de France. A contratio, la ville de San Francisco aux Etats-Unis vient d’interdire la reconnaissance faciale à des fins policières. Autrement dit, la France s’éloigne chaque jour d’avantage des normes des pays dits « démocratiques », pour s’aligner de plus en plus ouvertement sur des modèles autoritaires.

CAPITALISME AUTORITAIRE

La France se positionne sur un marché mondial en pleine expansion. Des entreprises investissent massivement dans le secteur de la surveillance de masse, notamment Thales ou Gemalto. La Chine n’hésite pas à financer ses champions de l’intelligence artificielle. Certaines start-ups prétendent même être capables d’identifier un individu en analysant… sa démarche. « Il faut arriver à construire un modèle européen de la reconnaissance faciale », déclarait par exemple un proche de Manuel Valls il y a quelques années.

Aujourd’hui, c’est Cedric O, le secrétaire d’État au numérique, désigné en toute opacité, qui pousse à généraliser cette technologie de contrôle total. Ironie de l’histoire, c’est justement cet individu qui travaillait pour la multinationale Safran, entre 2014 et 2017. L’entreprise est spécialisée dans la « défense et la sécurité », notamment la surveillance, et lui a versé des centaines de milliers d’euros avant son entrée au gouvernement. Le conflit d’intérêt est gigantesque. Ce qui est désormais habituel pour la mafia au pouvoir. Le même Cédric O, annonçant ces derniers jours l’expérimentation de la reconnaissance faciale, déclarait « qu’il sera ensuite nécessaire d’avoir un débat public. » Soit après que la technologie ait été imposée sans discussions.

MACRON : L’EXTINCTION DÉFINITIVE LES LIBERTÉS FONDAMENTALES

Dans une récente note du Centre de recherche de l’Ecole des officiers de la Gendarmerie nationale un colonel dit de la reconnaissance faciale qu’elle « ne peut être désinventée », comme si le progrès technique était un cliquet. Le même militaire ose que la reconnaissance faciale « pourrait mettre fin à des années de polémiques sur le contrôle au faciès puisque le contrôle d’identité serait permanent et général ». Remplaçons une logique raciste et injuste par un contrôle beaucoup plus absolu ! On retrouve ici l’idée d’une « société de vigilance », chère à l’extrême droite, et aujourd’hui défendue par Emmanuel Macron. Il y a quelques mois, une start-up démarchait la mairie de Nice pour intégrer aux caméras du tramway un logiciel capable de détecter les émotions des passagers en scannant leur faciès. L’implantation d’espions surpuissants dans chaque parcelles de nos vies risque désormais d’aller très vite, si l’on n’y oppose aucune résistance.

PERSPECTIVES TOTALITAIRES

Un soulèvement est actuellement en cours en Inde, contre une loi raciste du gouvernement nationaliste. Dans la mégalopole de New Delhi, la capitale indienne, les autorités utilisent le système de reconnaissance faciale pour identifier les « manifestants » et les «éléments perturbateurs». Le 22 décembre, la police a croisé les images filmées lors d’un meeting du Premier ministre pour identifier les «suspects». A la base le logiciel utilisé avait été officiellement acquis en 2018 pour « rechercher les enfants disparus ».

Jamais un tel contrôle – c’est à dire le suivi en temps réel de chaque individu, et l’identification d’attitudes ou d’émotions « suspectes » – n’a été possible dans l’histoire de l’humanité. Pas même sous les régimes totalitaires du 20ème siècle, qu’ils soient fascistes ou staliniens. Orwell lui même n’aurait pas imaginé telle technologie dans ses pires cauchemars. Le troisième millénaire pourrait bien être celui de l’extinction de toutes les libertés. Avec ces technologies, il n’y a ni maquis où l’on échappe à la surveillance, ni pays ami où l’ont peut esquiver les contrôles, ni zone refuge où fuir un régime autoritaire. Le monde entier pourra être interconnecté, numérisé, filmé. L’urgence absolue, au delà de la nécessaire question des retraites qui agite la France, est de tout renverser. Le gouvernement en place incarne à la fois l’ultra-libéralisme et l’attaque sans précédent des libertés les plus fondamentales.


Des sources :

https://www.la-croix.com/France/Securite/Le-gouvernement-fait-pas-vers-reconnaissance-faciale-2019-12-30-1201069068

https://www.lebigdata.fr/inde-reconnaissance-faciale

https://www.zdnet.fr/actualites/reconnaissance-faciale-les-autorites-francaises-lanceront-alicem-des-le-mois-de-novembre-39891881.html

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/en-inde-les-manifestants-sont-surveilles-avec-la-reconnaissance-faciale_2113013.html

https://www.telerama.fr/medias/la-reconnaissance-faciale-debarque-en-france-et-vous-ny-echapperez-pas,n6459175.php