J’arrive donc, pas très bien réveillé, sur le parking du Mac-do à 6h du matin. Une quinzaine de personnes sont déjà présentes. Deux voitures de flics surveillent les carrefours à proximité. Le gérant du Mac-do nous demande de garer nos voitures ailleurs et nous menace de fourrière, mais on ne l’a pas écouté, sans que ça porte à conséquence.

On arrive a vaincre l’inertie et à commencer une discussion collective. Lequel des deux rond-points on bloque ? Les deux ? On décide rapidement de n’en bloquer qu’un, celui du côté Mac-do du périph. On passe plus de temps pour discuter de si c’est un blocage total ou un blocage filtrant. On galère à trouver un consensus. On a peur de passer trop de temps à discuter. Finalement, on part vers le rond-point sans avoir tranché. On s’est dit que le gros des troupes pouvaient aller à pied bloquer le rond-point et que des gens pouvaient suivre en voiture et « se laisser bloquer au rond-point », pour s’assurer que se ne soient pas des conducteur-rice-s speed qui occupent la place. Mais finalement, ça ne s’est pas vraiment fait.

Tandis qu’on s’installe sur le rond-point, les flics se rapprochent pour nous observer. On est à ce moment-là qu’une soixantaine. Mais ils n’interviennent pas.  On bloque entièrement le rond-point. La plupart des gens bloqué.e.s restent très patient.e.s. Au bout d’un moment assez long, on laisse passer quelques voitures. D’autres personnes, un peu en retard nous rejoignent. On est une centaine. De l’autre côté du rond-point, c’est blocage total.

Je reconnais plusieurs appelistes. J’appelle appelistes, les membres d’un groupe affinitaire très organisées, implanté sur la Zad, à Nantes, à Rennes et dans beaucoup d’autres villes. Les appelistes sont très investis dans certaines luttes et dispose d’une grande force matérielle. Ce matin, par expemple, illes ont apporté de quoi barrer les routes, faire du feu, du thé, du café et des gâteaux pour tout le monde. Le problème, c’est que je n’ai pas du tout confiance dans ces appelistes. Au cours des nombreuses fois où je me suis trouvé à leurs côtés, j’ai souvent remarqué qu’illes maniaient des doubles discours, qu’illes lâchaient leurs ancien.ne.s allié.e.s quand illes n’en avait plus besoin et qu’illes prenaient les décisions entre elleux, sans consulter ou informer les autres personnes. Leurs analyses politiques et leurs stratégies sont assez opaques et semblent souvent être dirigés vers l’accroissement de la puissance de leur groupe.

De plus – comme beaucoup de gens – je garde une rancune tenace envers les appelistes ainsi qu’un profond sentiment de trahison pour des conflits qui se sont joués sur la Zad. Autant vous dire que je ne me suis pas senti très à l’aise sur le blocage (ni sur le bocage d’ailleurs). Je suis donc soigneusement resté du côté du rond-point où illes étaient peu présent.e.s. Et j’ai boudé les petits gâteaux.

Ce qui me m’emmerde, c’est qu’on est plein à ne plus trop les supporter, mais qu’on arrive rarement à nous organiser sans elleux, à être – nous aussi – une force de proposition. Enfin bon.

Un moment il y a eu quelqu’un de bien vénère qui a essayé de forcer le barrage en voiture. Il  semblait prêt à rouler sur les gens pour pouvoir passer. On a fini par lui libérer le passage, mais il a payé le prix : un essuie-glace et un rétroviseur. Les flics sont arrivés quand illes ont vu qu’il y avait une embrouille et illes ont tenus à secouer un peu le conducteur alors qu’on avait à peu près régler le problème.Les flics ont exigés à plusieurs reprises que le barrage soit filtrant. Plusieurs camion de la CDI sont garé à proximité. De notre côté du rond-point, on laissait passer quelques voitures de temps en temps mais quand même pas beaucoup. De l’autre côté, le barrage tiens bon, aucune voiture ne passe.

On décide de rester jusqu’à 10h. Puis une grosse partie du groupe décide d’essayer d’aller sur le périph. Les flics dégagent celles et ceux qui sont resté sur le rond-point et empèchent les autres de gagner le périph. L’action s’arrête un peu avant l’heure prévu, mais on est quand même bien satisfait. Les bouchons ont contaminé une partie du centre ville et ont mis beaucoup de gens en retard au travail. L’économie a bien été bloquée !