Gros appel intersyndical pour cette journée de grèves et manifestations, plus de 55 % de grévistes à la SNCF, 46 % dans l’enseignement, un tiers des agents de la fonction publique, plus de 50 % des salariés d’EDF et sept raffineries bloquées*. Par exemple à Nantes dans le public, 217 écoles sur 550 étaient fermées. A l’université, le campus de lettres et sciences humaines était bloqué ainsi que plusieurs lycées. Même les flics ont bloqué (trop brièvement) leur commissariat !

Au moins 25000 personnes se sont réunies dans les rues de Nantes ce jeudi 5 décembre (Au national les syndic annoncent 1.5 million de manifestant.e.s. ). L’idée étant de protester contre la réforme des retraites qui devrait passer à un système à points. Mais dans les divers cortèges qui se succèdent les slogans et revendications dépassent bien souvent le seul cadre de cette réforme. Chaque secteur en grève et/ou en lutte apporte ces propres problématiques, nous avons ainsi pu croiser les hôpitaux, les pompiers, les écoles, les étudiant.e.s, les chemineaux, des écologistes radicaux, des lycéen.nes, des gillets jaunes et autres précaires et chomeur.euses. Un joli « black block » s’était également organisé faisant fleurir tags, peinturlurages et bris de vitrines tout au long du parcours. Ont été ciblés : caméras, panneaux de pub, agences immobilières et compagnies d’assurances, boutique SFR, commissariat (on en oublie peut être, n’hésitez pas à compléter !).

Difficile de relater tous les évènements qui ont pu animer ce cortège interminable, mais l’ambiance était dynamique, de nombreuses sono et divers groupes musicaux (batucada, chorale…) ont égayer la marche. Lors du parcours « officiel », des interventions policières ont eu lieu, au niveau de la préfecture d’abord contre les taggeur.euses et en réponse à des feux d’artifices, place Bretagne et vers commerce quand divers lieux, comme le commissariat ont été ciblés. Les réactions étaient assez diverses, de nombreuses personnes sont aujourd’hui habituées à faire face aux keufs qui sont devenus une cible à part entière et à être vigilant.e.s et solidaires contre la répression, mais nombre de personnes aussi critiquaient voire invectivaient violemment celleux qu’illes concidèrent comme des « casseur.euses ». Pas de grosse désolidarisation de la part du cortège syndicale cette fois ci, comme on a pu en voir lors de précédents mouvements…

La boucle se termine, retour au mirroir d’eau, les filcs sont présents en masse alentours, des personnes s’énervent leur disant de dégager, ça gaze et charge encore. La manif’ se pose un peu sur son lieu d’arrivé, des cantines et buvettes se déploient, un sound système électrise la foule, c’est bonne ambiance mais les flics finissent par gâcher la fête. Une grosse partie de la manif est maintenant dispersée mais reste encore au moins un millier de personnes, sûrement plus, et commence d’interminables heures où, on essaye à maintes reprises de reprendre la manif par un chemin ou par un autre, nous heurtant chaque fois à une répression féroce. Lacrymogènes, grenades désencerclantes, tirs de LBD (lanceurs de balles de défense) sont allègrement utilisé.e.s contre nous, les charges sont parfois très violentes, il y a de nombreux blessé.e.s et des arrestations. La BAC (brigade anti criminalité) et la CDI (compagnie départementale d’intervention) étaient présentes en masse, se déplaçant et agissant très rapidement et souvent très près des cortèges, ces forces répressives étant connues pour être les plus violentes et dangereuses. Des compagnies de Gendarmes mobiles et de CRS étaient également mobilisées, intervenant parfois jusqu’au milieu des manifestant.e.s, à plusieurs moments les groupes de personnes étaient attaqué.e.s de plusieurs cotés, quasi sans voies d’échappatoires possible. Pas d’hélico, canons à eau ou blindés cependant cette fois ci.

Malgré le dispositif policier les groupes de manifestant.e.s ont réussi à se balader de duchesse Anne à petite Hollande, puis sur le cours des 50 otages jusqu’à plus de 18h, les effectifs s’amenuisant petit à petit. Grosse motivation donc, malgré le froid et la répression, plusieurs blessé.e.s sérieux dont au moins une personne évacuée par les pompiers, à priori au moins 23 interpellations, dont 5 préventives (suite à des fouilles avant manif) et 23 gardes à vues. Un rassemblement avait lieu en fin de journée devant le commissariat central de Waldeck Rousseau pour attendre les sorties des camarades arrêté.e.s, le vendredi matin peu de personnes étant sorties, un rassemblement était encore appelé, qui se prolongera par le suivit des comparutions immédiates au tribunal, un travail de solidarité et d’anti-répression indispensable car après la police c’est à la justice qu’il faut faire face et contrairement à se que peuvent en penser nombre de personnes n’y ayant jamais été confrontées cette répression peut être tout aussi violente et arbitraire que celle des flics en action. La presse indique 11 policiers blessés, et même si en général leurs « blessures » sont sans commune mesure avec celles qu’ils causent, il faut dire quand même qu’ils ont par moment bien manger caillasses, feux d’artifices et peinture dans leur face ! Certains groupes étant bien déter et la colère à leur encontre étant depuis un moment déjà assez généralisée, on a pu voir de belles offensives et réactions aux attaques, les gens revenant systématiquement après les charges et les gaz, parfois même en contre charge, tout en essayant au mieux de prendre en charge et protéger les blessé.e.s, reste des progrès à faire pour éviter les arrestations mais l’esprit est là !

A Noté aussi que plusieurs assemblées générales ont eu lieu pour organiser les suites de la mobilisation, à la maison des syndicats et à la maison du peuple qui ont réuni au moins une centaine de personnes.


* les chiffres viennent d’un article de france bleu.

Autre compte rendu de la manifestation par Nantes Révoltée : https://nantes.indymedia.org/articles/47724