Le week-end du 16 et 17 novembre, à Paris comme à Athènes, les fascistes et les milices d’État ont marqué des points en occupant la rue de leur cortège, en éborgnant et blessant des manifestants, en arrêtant des antifascistes dans leurs quartiers et en déployant une force et une violence inouïe en réponse à chaque acte de résistance… Une dizaine de militants ont ainsi été interpellés à Ménilmontant à Paris dans la soirée de samedi en « prévention » de la manifestation islamophobe organisée le dimanche par le groupe d’extrême droite Génération identitaire. Un camarade d’origine italienne a été placé dans le CRA (centre de rétention administrative) de Vincennes en vue d’être renvoyé dans son pays. Depuis, sa libération est demandée.
Le lendemain soir à Athènes, la police, forte de 5 000 hommes, d’un hélicoptère, de drones et d’équipements français dernier cri a procédé à la rafle de plus de 90 personnes dans le quartier rebelle d’Exarcheia. Introduits dans le secteur pendant que deux manifestations se déroulaient dans le centre de la capitale, les policiers se sont véritablement lâchés sur des compagnons·ne·s, roués·e·s de coups, humiliés·e·s verbalement et physiquement, y compris jusque dans leurs propres domiciles !
Ce week-end-là, le sang a encore coulé : dans les rues de Paris, de la place d’Italie à celle de la République et dans les rues d’Exarcheia devenues le terrain de chasse des Mat (CRS) déchainés.
Athènes, Paris, Hong Kong, Chili… Le néo-libéralisme et sa gestion policière de la vie montre son vrai visage : celui du fascisme ! En effet, le fascisme n’est plus un spectre que nous devons redouter, il se dresse face à nous, présent, multiforme et bien actif dans les médias de masse, les cours de tribunaux, les rues et les esprits. Il attaque de toutes parts celles et ceux qui défendent les libertés !

Pour autant, face aux identitaires de la manifestation parisienne du dimanche 17 novembre contre l’islamisme, un exemple de la percée fasciste dans nos lieux de vie, peu de résistance s’y est opposée (absence de collectifs antifascistes et antiracistes, seule une cinquantaine de contre-manifestants·e·s venus·e·s isolément ou en petits groupes se sont mis·e·s en chemin des fachos). Cette situation n’est hélas pas un cas isolé. Combien de démonstrations fascistes ces derniers mois où l’opposition était inexistante ? Combien d’appels lancés par les groupes les plus représentatifs auxquels très peu ont répondu exposant ainsi les camarades au danger ? Combien ont pris des risques… jusqu’à se retrouver 18 un soir de janvier face à un cortège fasciste de 700 personnes…

Pourquoi un tel relâchement ? Quelles sont les raisons de cette dispersion ? Capitulons-nous devant ces hordes fascistes ? Et comment remédier à cela pour renouveler l’élan dans nos luttes ? Des questions méritent d’être posées…
Il est temps pour cela d’abandonner les postures, de percer les abcès, de faire tomber les masques (virilisme, machisme, esprit de compétition) qui nous empêchent de nous retrouver et de nous interroger. Nous montrer critiques, non pour nous culpabiliser ou nous plaindre, mais pour déceler nos points faibles en termes tactiques, stratégiques, théoriques ou pratiques et analyser nos forces sont les seuls moyens de les faire évoluer et les rendre plus offensives.
Bien entendu, soulever ces questions réclame du temps, de l’énergie, de la patience et de la sincérité… Il nous faudra de multiples débats, des lectures partagées, de l’écoute, de la bienveillance et mettre à l’œuvre une organisation horizontale qui nous permettra de tous nous exprimer et de considérer tous les points de vue… Des conflits éclateront… À nous de les considérer comme des opportunités pour avancer : servons-nous de notre intelligence émotionnelle…

Un autre point doit être ajouté si nous souhaitons réellement faire aboutir ce processus d’autocritique et rendre nos luttes plus offensives : celui de la solidarité, du respect, de la sororité.
Comment pouvons-nous, en effet, nous « émeuter » ensemble, prendre des risques dans les rues et le reste du temps nous témoigner les uns envers les autres si peu d’égards ?
Pourquoi également les fragilités et les vulnérabilités sont-elles autant méprisées dans un milieu censé travailler à se départir des réflexes machistes ?
Un véritable débat s’impose pour discuter de ces questions et y apporter des réponses. Organisons-nous dès 2020 ! (Un appel sera lancé en début d’année.)
L’avenir de nos luttes en dépend…