Samedi soir, concert de zique bien VNR en perspective dans un club chaudement recommandé par
un pote bien destroy, sauf qu’ à l’arrivée : PAF ! C’est 7 Euros.

Alors explique un peu qui exactement de VNR tu veux exclure du concert avec un prix pareil, dans
une zone pavillonnaire de classe moyenne bien obéissante ?

Je tente de rentrer gratosse, mais bon tu sais :
1- si on te laisses rentrer sans payer, on est obligé de faire pareil avec les autres ;
2- taka aller faire la manche pour gratter 7 Euros ;
3- on a un loyer à payer, les groupes qui viennent de loin, les assurances ;
4- et puis c’est pas un squat ici ;
5- alors casse-toi !

Premièrement, à ce concert y ‘a pas foule et que des péri-urbain.es tout propret sur eux. Ensuite g
pas envie de faire la manche car la question n’est pas de m’activer pour gagner 7 Euros, mais de
m’activer pour rentrer gratosse ou alors pour forcer le prix libre. Dégoûtée par le refus des
ouvreureuses aka le pouvoir du tampon d’entrée même pas fluo, héritage de bureaucrates, je décide
de me poster devant le club, réfléchissant aux entourloupes usuelles pour entrer sans payer dans les
concerts payants, style choper le tampon d’entrée d’une façon ou d’une autre, trouver une porte
dérobée, faire un trou dans le grillage, déclencher une baston pour rentrer en masse, attendre le
dernier moment comme le dernier groupe, aller à une teuf à 100km de là, troquer mon slip, quand
arrive le guitariste du premier groupe de zique que par hasard mon pote destroy connaît vaguement.
Je lui demande alors de me mettre sur sa guest list et rentre à l’oeil à ses côtés.

Effectivement le club n’est pas un squat, sauf qu’il reprend les codes des squats mais pas trop quand
même. Donc une ambiance de simili-squat pour péri-urbain.es calmes et sereins en quête de folklore
VNR. Et surtout en quête de spectacles folklorico-alternatifs avec des vrai.es VNR dedans qui
animent le tout, c’est-à dire le bar, la sono et le pit. Je suis dans le pit, tout devant et VNR à point à
cause du stress pour rentrer. Mon pote destroy pogote comme un dieu. Les péri-urbains, immobiles
éloges de la passivité et de l’ennui, en prennent plein les oreilles, les mirettes et plein le gosier de
bières pas chères dans des verres en plastique de 0,5l car le plastique c tellement underground.

Le pote destroy a pris la décision de payer l’entrée, donc pas de tabac. Il taxe et retaxe les péri-
urbain.es auxquels il refile des boulettes de beuh à chaque clope pécho, voire des lignes de speed !
Le deuxième groupe se prépare, le chanteur au micro me taxe de « folle » me détaxant ce soir de
tous mes actes et paroles. Le spectacle tourne au drame. Sa voix se fait la malle et son show est un
flop. Sa zique est trop aseptisée même pour un simili-squat. Je sors du club et remarque l’absence
de tags tout autour. Pas mal de public est dehors à fumer et jaser :
« Viens on va à Narbonne manger des moules ! ». Bouffez-vous la moule, ça fera moins loin.
« Ma fille écoute de la musique de merde… ». Ouais toi aussi.

Je préfère retourner dans le pit et m’assourdir au lieu d’écouter leurs banalités. Le troisième groupe
mélange guitare, batterie et nouvelles technologies, tel un souffle d’avant-garde musical pour péri-
urbain.es que même des litrons de bière n’arrivent pas à désinhiber, seulement à saouler, éternels
spectateurs de leur propre mort. La zique qui vient c de la robotique.

Fourre-moi ta langue tant qu’il est encore temps.

À minuit, couvre-feu : interdiction de rester dehors devant le club sinon la classe moyenne bien
obéissante appelle les keufs qui n’attendent que ça pour virer du quartier pavillonnaire le simili-
squat plus bruyant que sale. Et puis faut pas embrouiller les péri-urbains avec la police, sinon ils ne
reviendront pas consommer le folklore bradé de ce qu’il restera de nos mondes.

NIK LE PAF ! NIK TOUT !