« On a cru que c’était des policiers en intervention » raconte une femme témoin de la scène. Cette attaque néo-nazie n’est malheureusement pas un événement isolé ni surprenant. Il y a exactement une semaine, une dizaine d’individus avaient déjà attaqué le même bar. Même mode opératoire : cagoules, casques, projectiles. Les néo-nazis avait ramassé les chaises de la terrasse pour agresser les clients. Mais la semaine dernière, deux jeunes clientes avaient repoussé les agresseurs. L’une d’entre elle avait reçu une chaise en plein visage, lancée par un militant néo-nazi vendéen : Bryan Guitton. Le chef de meute. Ce dernier avait été corrigé par des clients choqués. Ses amis avaient détalé. Et la police avait débarqué … pour contrôler les clients ! Les victimes de l’agression étaient donc réprimées, alors que le néo-nazi qui avait lancé l’agression avait déposé plainte ! Au cours de cette altercation, le serveur de ce bar avait été très gravement blessé à la main par un coup de chaise en protégeant ses clients.

L’attaque qui a eu lieu dans la nuit de vendredi 5 juillet est donc la deuxième en une semaine seulement, de la part d’une bande de néo-nazis. Cette fois ci, la police arrête 7 personnes. Tous membres de groupes néo-nazis. Tous lourdement armés Tous, sauf un, extérieurs à Nantes. La plupart vendéens.

Un client blessé lors de l’attaque nous livre son témoignage : « j’étais en terrasse avec des amis, quand tout d’un coup, j’ai entendu quelqu’un crier « Ils sont où les antifas ? ». C’est sorti de nul part et surtout sans contexte : c’était calme auparavant. Au moment où je me suis retourné sur ma chaise pour voir ce qui s’est passé, j’ai reçu un gros coup de matraque télescopique en plein front. Je me suis précipité en avant pour partir en courant, […] j’ai entendu des éclats de verre et quand j’ai vu la quantité de sang sur mes vêtements et autour de moi, on est parti en courant pour se mettre dans une zone sécurisée. Le barman a immédiatement appelé les pompiers. […] Nous étions juste entre amis pour prendre un petit verre en fin de semaine. C’était de la violence purement gratuite. » Le jeune homme s’en tire avec de nombreux points de suture, et une large balafre sur le visage.

De son côté, l’équipe du bar réagissait hier dans un communiqué très digne : « Plusieurs individus ont déferlé sur le bar, bien décidés à détruire ce lieu d’échanges, d’effervescence et de joie que nous avons construit tous ensemble depuis trois ans maintenant. Ces hommes masqués et lourdement armés ont fait preuve d’une lâcheté édifiante en s’attaquant par surprise à des personnes venues partager le simple plaisir d’être en week-end… »

Les médias ont immédiatement parlé d’une « vendetta ». Comme s’il s’agissait d’une simple bagarre entre bandes rivales, qui se « vengeraient ». C’est une intox médiatique. Une stratégie classique, pour mettre sur un pied d’égalité les nostalgiques d’Hitler et les héritiers de la Résistance. La vérité, c’est que Nantes a toujours été une ville hostile à l’extrême droite, dans la rue comme dans les têtes. Nantes est une ville de lutte, où le FN fait toujours des scores extrêmement bas.

Les fascistes qui s’en prennent aux nantais avec une violence extrême, se vengent contre une ville où ils ne s’implanteront pas. Il y a deux semaines, le groupuscule Génération Identitaire annonçait la création d’une antenne à Nantes. Et immédiatement, plusieurs attaques fascistes étaient signalées. A l’extrême droite, la violence est un rite initiatique. Elle permet de souder un nouveau groupe.

Les néo-nazis qui multiplient ces agressions baignent dans une culture de la violence et de l’impunité, garantie par des autorités bienveillantes. En novembre 2015, une maison occupée par des exilés était visée par plusieurs cocktails molotovs en pleine nuit. Une attaque raciste gravissime, qui n’a jamais été punie. Peu après, un centre d’accueil proche de Nantes était la cible de tirs. Les attaquants n’ont jamais été retrouvés. Y-a-t-il même eu une enquête ?

En mai 2017, le soir de l’élection d’Emmanuel Macron, un groupe de néo-nazis avait tendu un guet-apens deux adolescents à Chantenay : coups de barres de fer dans la tête, coups de bouteilles. Erwan et Steven étaient laissés pour morts sur l’asphalte. L’un d’entre eux garde de lourdes séquelles, et a failli mourir. Deux ans plus tard, l’affaire n’a toujours pas été jugée.

Dans une ville déjà martyrisée par la répression, et dans un contexte de durcissement sécuritaire contre les luttes, ces bandes néo-nazies, souvent venues de l’extérieur, jouent de fait le rôle de supplétif des autorités lorsqu’elles s’attaquent aux réfugiés et aux militants, ou ceux considérés comme tels.