« Les chiffres des actes antisémites commis en 2018, et révélés par le ministère de l’Intérieur sont effarants. En un an, les actes recensés sont passés de 311 (en 2017) à 541, soit un bond de 74 %. Pour autant, pour nous anarchistes, il ne s’agit pas d’une « résurgence de l’antisémitisme », parce que celui-ci a toujours été présent au cours de l’histoire et se répand de manière exponentielle aujourd’hui, notamment avec les réseaux sociaux. 

L’antisémitisme, visant les Jui-ve-f-s, ou supposé-e-s tel-le-s, en tant que groupe religieux, ethnique ou racial, n’est pas le seul apanage d’une droite extrême ou se voulant « traditionnelle  » ou « nationaliste ». Il réapparaît plus fort à chaque crispation identitaire.

De tous temps, de nombreux prétextes ont été utilisés pour justifier l’antisémitisme. Mais l’antisémitisme, en tant qu’une des formes politiques du racisme, culmine lors de la Conférence nazie de Wansee, pour définir les modalités administrative, technique et économique, de la « solution finale de la question juive ». L’antisémitisme a également ciblé les Jui-ve-f-s par les purges staliniennes, comme lors du « complot des blouses blanches ».

Après la Seconde Guerre mondiale et l’extermination des Jui-ve-f-s, la plupart des militant·es juifs et juives ayant disparu, s’en est donc suivi un silence lourd de conséquence sur la Shoah, y compris dans les rangs des militant·es anarchistes. Est-ce dû au fait que la Shoah nous questionne profondément en tant qu’êtres humain-e-s ?

Toujours est-il que, non seulement l’extrême-droite, mais aussi des éléments issus de l’extrême-gauche ont commencé à développer des propos et des positions révisionnistes voire négationnistes sur l’existence même du massacre des Jui-ve-f-s… alors qu’il est aujourd’hui acquis par les historien·nes qu’entre 5,5 et 6,5 millions d’entre eux ont disparu durant ce génocide. L’antisionisme est une autre question. Il est donc important de mobiliser toutes nos forces pour combattre tous propos ou actes antisémites et de bien les dissocier de l’antisionisme. L’ignorance de ces faits alimente le négationnisme et le révisionnisme.

Les anarchistes ne traitent pas le nationalisme de l’État israélien autrement que n’importe quel nationalisme. L’État d’Israël est pour nous un État parmi tant d’autres, qui développe aujourd’hui une politique raciste, colonialiste et sous pression religieuse.

Nous continuerons à soutenir les Anarchistes contre le mur en Israël, tout comme les objecteurs·trices israélien·nes, de même nous soutenons la lutte de la population palestinienne opprimée, et ce parce que directement au cœur des combats pour la liberté de chacun·e.

Car nous avons bien conscience que la création de l’État israélien confirme la thèse anarchiste que la création d’un État ne peut se faire que dans la violence. Nous avons cependant également conscience que, se dire anti-impérialiste ne suffit pas à se prémunir contre l’antisémitisme.

Aussi, en tant qu’anarchistes contre toutes les formes de discriminations et d’oppressions, nous continuerons à lutter contre l’antisémitisme, et à combattre toutes les formes de racisme, notamment à l’encontre des migrant·es, des réfugié·es et des exilé·es, activement dans la rue, mais aussi en renforçant nos moyens de diffusion (le Monde libertaire, Radio libertaire, Éditions du Monde libertaire, tracts, conférences, cycles de formation, etc.) par des argumentaires et des recherches historiques.

Le racisme et l’antisémitisme sont des armes de ceux et celles qui cherchent à diviser pour dominer. Nous les combattrons pied à pied. »

 

? Fédération anarchiste