1. Nous avons d’abord fait un point sur l’association : dans ses actions récentes, F’lutte a apporté son soutien aux américaines pour le droit à l’avortement, ainsi qu’au collectif d’élues « Ils ne nous feront par taire«  suite à une plainte en diffamation visant une élue nazairienne qui a voulu rappeler des faits supposés de violences sexuelles au sein de la mairie (communiqué « Porter plainte, dites-vous… ? »).

2. Nous avons ensuite découvert une figure historique du féminisme en France, Marie Le Jars de Gournay (1565 – 1645), éditrice/autrice autodidacte qui était fort mal vue pour oser exprimer ses idées d’égalité entre femmes et hommes, qui vivait seule, réfléchissait et créait (quelle sorcière !). On notera par ailleurs que, je cite : « Richelieu pensionnait sa chatte », l’homme affectionnant les félins… Voilà.

Vous trouverez plus d’informations sur cette féministe de la première heure sur Internet et dans le Dictionnaire des féministes ; France XVIIe – XXie siècle de Christine BARD et Sylvie CHAPERON (éditions PUF).

3. Le livre : Sorcières de Mona Chollet (éditions ZONES) :

nous n’en étions pas toutes au même avancement de lecture, mais pour celles qui avaient commencé/fini/presque fini, la même constatation a été faite : l’écriture de Mona Chollet est accessible, foisonnante en termes de références (qu’elles soient très théoriques, ou populaires et actuelles), c’est un livre facile à lire, quoi que très riche en informations, dans lequel l’autrice arrive souvent à utiliser l’humour et, bien que l’on saisisse l’étendue de ses connaissances (notamment à travers les références multiples à d’autres autrices, d’autres ouvrages, à des faits historiques, etc.), Mona Chollet se garde de toute parole moralisatrice : elle se qualifie elle-même de féministe « poule mouillée », ce qui a parlé à plusieurs lectrices !

Plusieurs thèmes abordés dans Sorcières ont également fait écho aux lectrices, notamment les passages sur la maternité (injonction à avoir des enfants / refus d’en avoir / aimer ses enfants mais détester être mère) ou sur le vieillissement (invisibilisation, rejet du corps, signes de l’âge qu’on devrait cacher : cheveux blancs, rides, etc.) : dans tous les cas, le corps des femmes est contrôlé, jugé, jaugé. Il a été placé, par les hommes, du côté de la Nature, avec cette mission suprême (et unique) de porter et donner la vie, tandis que les hommes se sont placés du côté de la Culture, du savoir et du pouvoir.

Au même titre, le génocide misogyne des « sorcières » à partir du XVIe siècle (siècle de savoir, de Culture, de recherche, et non pendant la période obscurantiste du Moyen-Âge, contrairement à ce que l’on a tendance à croire !) visait particulièrement des femmes célibataires et/ou veuves, sans enfants, plutôt âgées… même si les femmes ne sont plus jetées au bûcher, ne pas correspondre aux injonctions représente encore actuellement un risque de subir des mises au pilori psychologiques, verbales, sociales, virtuelles.

Pas étonnant, donc, que la figure de la sorcière ait un regain de popularité, amorcé déjà dans les années 70-80 aux États-Unis, pour en faire une figure contestataire du capitalisme. Hélas, comme souvent, le capitalisme retourne des outils de contestation en filon commercial, et nous assistons aujourd’hui à l’avènement des sorcières 2.0 avec des boutiques en lignes, des photos instagramables de grimoires et de bougies pailletées : la sorcière devient un produit consommable, dans un système dans lequel elle devait représenter au contraire un grain de sable, en bâton dans les rouages… !

Le terme « éco-féminisme » a plusieurs fois été évoqué dans notre discussion : comme toute ramification du féminisme, l’éco-féminisme contient lui-même d’autres ramifications, dont certaines relèvent de l’essentialisme. Se revendiquer « sorcière » peut impliquer de revendiquer à nouveau ce lien entre féminité & Nature, à sacraliser le féminin et, donc, à revenir à l’équation femme = utérus = faire des enfants. On trouve des ramifications ésotériques dans l’éco-féminisme, qui posent question et méritent de creuser le sujet (une prochaine discussion chez F’lutte ? ;) ).

Enfin, plusieurs lectrices ont partagé un regret de ne pas voir plus de parallèles faits par l’autrice, entre les meurtres massifs des « sorcières » au XVIe siècle et la place des femmes dans les sociétés actuelles.

4. NOS PROCHAINES DATES :

-* MARDI 4 JUIN | 19H | LOCAL SOLIDAIRES : discussion sur le harcèlement avec l’association F’lutte ;
-* SAMEDI 6 JUILLET | 11H | COMITÉ DE LECTURE #4 : Renversante de Florence Hinckel (littérature jeunesse) ;
-* LUNDI 9 SEPTEMBRE | 17H30 | COMITÉ DE LECTURE #5 : Un féminisme décolonial de Françoise Vergès (essai).

Si vous souhaitez emprunter les ouvrages, dites-le moi par mail !

Merci encore pour votre venue et à bientôt !

PS : un article intéressant + une webserie à naître sur les sorcières : http://www.barbieturix.com/2019/05/30/les-sorcieres-la-web-serie/