La réalité de l’antisémitisme en France est indéniable : des meurtres antisémites ont eu lieu (perpétrés par Mohamed Merah à Toulouse, par Amedy Coulibaly dans un Hyper Cacher, etc.) des cimetières juifs sont profanés, des inscriptions et des propos antisémites se répandent…

Comment combattre efficacement l’antisémitisme aujourd’hui ? Il s’agit bien-sûr de trouver et sanctionner les coupables et de combattre tous les clichés complotistes qui essentialisent les Juifs comme cherchant à dominer le monde.

Mais il s’agit aussi de ne pas isoler l’antisémitisme des autres racismes et de s’opposer à une instrumentalisation de l’antisémitisme à des fins qui contribuent à l’entretenir.

Dans le contexte actuel d’accroissement de tous les courants racistes, il est important de ne pas considérer l’antisémitisme comme un racisme supérieur aux autres racismes, digne d’un traitement privilégié. Aujourd’hui les racismes issus du passé colonial de la France, les racismes anti-arabe, anti-roms, (violentes agressions suite à des rumeurs), islamophobes (tuerie en Nouvelle-Zélande), négrophobes, etc., sévissent aussi fortement, souvent encouragés par des discriminations ou par des répressions policières, et toute mise en concurrence des racismes nuit à tous les antiracismes.

Des amalgames intolérables


Il est nécessaire aussi de dénoncer la confusion de l’antisémitisme avec l’antisionisme (qui est une idéologie née dans la population juive elle-même) et avec le combat résolu contre l’actuelle politique israélienne coloniale, d’apartheid et d’épuration ethnique.
C’est cette confusion qu’a développée le président Macron dans son discours du 20 février 2019 lors du traditionnel dîner du CRIF [2], entérinant une définition de l’antisémitisme permettant d’inclure des critiques contre l’État d’Israël et condamnant une nouvelle fois le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions contre l’État d’Israël jusqu’à ce qu’il se conforme au droit international).

Il s’agit là d’une politique qui ne peut qu’entretenir ou encourager l’antisémitisme, parce qu’elle assimile les Juifs au régime israélien et parce qu’elle souhaite museler un mouvement, le boycott de l’État d’Israël, qui relève de la liberté d’expression, ainsi que le reconnaissent Frederica Mogherini, haute représentante de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, et de nombreux autres personnalités et organismes.

Une instrumentalisation dangereuse


De même, le gouvernement se sert aussi des Juifs contre le mouvement des Gilets jaunes, qu’il a prétendu largement infiltré par des antisémites.

Les antisémites cherchent certes à s’infiltrer dans de nombreux domaines, mais instrumentaliser l’antisémitisme comme le fait le gouvernement classe la grande majorité des Juifs de son côté et les désigne comme cibles potentielles des révoltes populaires.

Tous ces comportements gouvernementaux ont suscité de nombreuses protestations, dont beaucoup sont publiées sur le site de l’Union Juive Française pour la Paix : www.ujfp.org
Les militant-e-s de l’UJFP ont publié un livre : « Une parole juive contre le racisme ». Ils sont disponibles pour présenter dans les établissements scolaires ou toute autre communauté ce livre, qui développe l’histoire de l’antisémitisme et promeut un antiracisme politique et pas seulement humanitaire, et pour animer des discussions sur le racisme et l’antiracisme.

http://www.ujfp.org/spip.php?article7156