Avec les opprimés toujours, avec les antisémites et les confusionnistes, jamais !

Ce texte est né de la volonté d’établir un positionnement politique sur l’antisionisme au sein de l’antifascisme. Il s’agit pour nous d’apporter des clarifications idéologiques face à ce qui nous semble être des erreurs stratégiques et politiques, qui alimentent une confusion malsaine et des proximités avec nos ennemis.

Nous nous sentons contraints à produire ce texte, mais nous ne considérons absolument pas qu’il constitue le centre du débat dans la situation actuelle. Nous pensons qu’il est nécessaire d’en parler, cela permettant de réduire l’espace pris par les antisémites, sous le couvert politiquement correct d’antisionisme.

Il est important pour nous de préciser qu’en tant que militants anticapitalistes et antifascistes radicaux nous sommes contre toutes les frontières, tous les états et souhaitons leur disparition et que, dans la guerre sociale en cours, nous refusons toute compromission avec l’ennemi quel que soit le sujet concerné et le visage arboré par celui-ci. Nous sommes opposés à l’extrême-droite, au pouvoir en Israël et à sa politique coloniale, comme dans toute autre région/pays du monde.

Rappel des faits

Lors de la manifestation du 9 février contre le fascisme et l’antisémitisme à Paris est apparue une banderole « Contre le sionisme et le fascisme »(2). Le 22 février, à Toulouse, le groupuscule marxiste-léniniste OCML-VP a expulsé la représentante locale du CRIF de la manifestation contre l’antisémitisme, organisée suite à des tags qui proclamaient entre autre « CRIF A MORT ». Le communiqué suivant cette expulsion(1) indiquait que le CRIF n’avait pas sa place dans les manifestations contre l’antisémitisme, « Ni à toulouse ni ailleurs ». Le neuf Mai à Paris la banderole Contre le sionisme et le fascisme était une nouvelle fois brandie. Le 15 mai 2014, le CAPAB, Génération-Palestine, l’UJFP et Paris 8 Palestine organisaient à Paris 8 une projection-débat sur le thème : « extrême droite et sionisme une alliance contre nature ? »(2).

Nos positions

Le sionisme peut-être perçu de différentes manières et il serait trop long de toutes les énumérer, ce qui n’est pas l’objet de ce texte. Quoiqu’il en soit il peut être défini sommairement comme une volonté politique de créer un territoire sur lequel vivrait le peuple juif .

Il est pour nous inconcevable de souhaiter la disparition d’un État en particulier (içi l’État d’Israël) en faveur d’un autre (ici l’État palestinien) ou de refuser le droit à certains individus d’habiter et de circuler sur un territoire donné à cause de leurs origines ou de leur religion. Nous avons des principes d’égalité, de droit à l’autodétermination, de liberté de circulation et d’installation, nous tenons à souligner que si un droit s’applique à l’un, il s’applique à tous.

Il nous semble également inconcevable de considérer sur un pied d’égalité le fascisme et le droit d’un peuple à disposer de lui-même.

Par ailleurs tout comme il peut exister plusieurs écologies politiques il n’existe pas UN sionisme mais DES sionismes allant de l’extrême-droite nationaliste et/ou religieuse, à l’extrême gauche marxiste voire libertaire. La question de la forme qu’a pris l’État d’Israël ou de sa politique ne peut donc pas être réduite au fait qu’il soit le fruit du sionisme tant les courants politiques qui y prennent part sont variés et parfois complétement opposés. De plus, réduire la société israélienne au seul fait sioniste est un terrain dangereux, car c’est nier qu’elle puisse être traversée par des contradictions (sionistes anti-colons et colons antisionistes par exemple), c’est nier que la lutte de classe la traverse aussi, en faisant des habitants d’Israël, une sorte de bloc monolithique, un peuple-classe.

Se définir comme étant « antisioniste », c’est donc se définir contre le droit des juifs à habiter ensemble un lieu, en l’occurrence il s’agit d’être contre l’existence d’Israël et de ses habitants.

Israël mène actuellement et depuis trop longtemps une politique coloniale hors de ses frontières, politique à laquelle nous sommes fermement opposés. Cependant ce type de politique a été menée par beaucoup d’autres États comme la France et l’est également actuellement par la Chine au Tibet où la Russie en Tchétchénie, et le fait est qu’avant celui ci, aucun conflit de type anti-colonial n’a nécessité la disparition de l’État colonisateur. De même, actuellement, dans les autres conflits anti-coloniaux, les colonisés réclament légitimement leurs droits à disposer d’eux-mêmes, pas la disparition du pays d’origine de leurs oppresseurs. (Les tibétains ne souhaitent pas la disparition de la Chine ni les basques celle de l’Espagne et de la France)

Se définir comme « antisioniste » constitue pour nous de la part d’antifascistes une mise en contradiction avec les idées et les valeurs qu’ils défendent et une erreur stratégique majeure due à des erreurs d’interprétation et de vocabulaire politique, ainsi qu’a une désinformation orchestrée à ce sujet par des individus refusant tout débat sur la question et accusant tout contradicteur de compromission avec Israël, le Mossad, ou au « lobby sioniste ».

Ce qui nous préoccupe réside dans les proximités malsaines auxquelles cette bêtise peu utile « antisioniste » (appelons les choses par leur nom) mène nos camarades. Car rappelons le, l’antisionisme est avant tout ce qui sert de masque et de fond de commerce à une large partie de l’extrême-droite antisémite.

(1) http://www.vp-partisan.org/article1200.html
(2) https://www.facebook.com/148552771986765/photos/a.151853658323343.1073741830.148552771986765/292088370966537/