Nantes: nouvelles des étudiant-es grévistes de la faim
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Catégorie : Local
Thèmes : Luttes étudiantes/lycéennesMouvementSanté
Lieux : Nantes
Leur état de santé est plutôt stable, le manque d’énergie se fait ressentir, mais pas de symptômes alarmants encore. Iels se plaignent cependant de lourdeurs et maux de tête.
Le moral est également plutôt bon, les grévistes assurent qu’iels vont bien et sont déterminé-es.
Iels n’ont consommé depuis le début de leur grève, que de l’eau minérale sucrée et du jus de citron. (il est probable que cela change car il leur a été recommandé après coup d’éviter le sucre et les jus de fruits contenant de l’acidité).
Leurs accommodations sont par contre minimes: l’université leur a fourni des bouteilles d’eau, mais pas d’endroit où passer la nuit. Les déplacements les mettent pourtant en danger, et ne seront plus possibles passé un certain temps.
Le président de l’université Olivier Laboux n’a pris position que cette après-midi sur la grève et les revendications portées par les grévistes. Il s’est finalement engagé à ne pas appliquer la mesure, après avoir envoyé la police expulser violemment les grévistes. La lutte continue néanmoins, afin de faire retirer définitivement la mesure au niveau gouvernemental. Les étudiant-es en appellent à un large mouvement national.
Il est également de la responsabilité de l’université de garantir la sécurité des étudiant-es et de fournir des moyens aux grévistes de la faim.
Nous rappelons qu’une grève de la faim est un moyen d’action qui s’il est considéré comme pacifiste, constitue néanmoins une violence considérable pour celleux qui l’entament.
PS: depuis hier soir deux personnes en grève de la faim ont cessé la grève suite à des complications de santé.
Cette action est contre la hausse des frais d’inscription
#BienvenueEnFrance: BIENVENUE NULLE PART !
Aujourd’hui c’est le 6ème jour de GREVE DE LA FAIM pour les 5 etudiant-e-s de #Nantes qui s’opposent à l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant-e-s étranger-e-s, ceci dans une indifférence quasi générale. Pas trop honte Frederique Vidal ?
Portrait #photo : https://flic.kr/p/2eDMhqN
#13février, Blocus de la Fac (dès 6h/6h30) puis Manif (10h) contre l’augmentation drastique des frais d’inscription pour les étudiant-e-s étranger-e-s.
Communiqué de Université de Nantes en Lutte : https://nantes.indymedia.org/articles/44531
Bilan santé par les Street Medics : https://nantes.indymedia.org/articles/44527
Plus d’infos sur : https://twitter.com/UnivNantesLutte et https://www.facebook.com/Universit%c3%a9-de-Nantes-en-lutte-1691556827783529 et plus de photos sur : http://frama.link/valk
Articles sur le sujet :
Les pré-inscriptions d’étudiants étrangers à l’université française sont-elles stables, comme l’affirme le gouvernement?
#Factchecking de Libération – https://www.liberation.fr/amphtml/checknews/2019/02/11/les-pre-inscriptions-d-etudiants-etrangers-a-l-universite-francaise-sont-elles-stables-comme-l-affir_1708189
Analyse du dispositif #BienvenueEnFrance par Olivier Ertzscheid sur : https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/11/bienvenueenfrance.html
Puis dénonciation de Frédérique Vidal : Ministre du mensonge, du racisme d’état et de l’apartheid décomplexé. https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/02/frederique-vidal-ministre-racisme-mensonge-discrimination-apartheid.html
Ce matin, Lundi 18 Février, à 11 heures, 7 étudiant-e-s mobilisé-e-s, formant une délégation de la mobilisation étudiante (une délégation n’étant que rarement représentative, la transparence et le souhait d’entendre puis transmettre ce que tou-te-s les autres étudiant-e-s mobilisé-e-s avaient à dire était primordial) ont pu rencontrer et s’entretenir avec le Président de l’Université de Nantes, Olivier Laboux, entouré de sa Vice-Présidente, Carine Bernault, et de son Directeur de cabinet adjoint, Jérôme Gastineau. Ce fut une rencontre d’1h45mn au cours desquelles les échanges se sont voulus directs et francs.
La rencontre a débuté en saluant le travail de la Vice-Présidente qui a su être sur le terrain les derniers jours de la mobilisation à la différence du Président de l’Université, dont l’absence durant toute la mobilisation a été déploré, de même que ses prises de position jugées ambiguës et dans tous les cas insuffisantes, ainsi que son invitation tardive, qui aurait pu avoir lieu dès novembre, si la volonté avait été là.
Les questions de fond ont ensuite été abordées. Olivier Laboux a donné l’impression de partager non seulement la même position que la délégation étudiante mais aussi des analyses similaires, y compris sur la crainte de voir la hausse des frais d’inscription se généraliser. Pour autant, les étudiant-e-s lui ont rappelé que cette marchandisation de l’université et la sélection discriminatoire généralisée à son entrée a déjà été entériné par Parcoursup, auquel il était favorable l’année dernière. De même, qu’il a souligné avoir émis une position contre la hausse des frais universitaires dès fin novembre, il n’a pour autant pas voté une motion proposée sur la non application de cette mesure sur l’ensemble des étudiant-e-s étranger-e-s, déjà inscrit-e-s et primo arrivant-e-s, dès le CA du 16 décembre (au passage, le syndicat L’UNI n’a pas voté contre la hausse, pas même pour cette motion, de ce qu’a révélé la Présidence). Enfin, le Président de l’université a attendu une grève de la faim pour écouter les étudiant-e-s mobilisé-e-s et avoir enfin un engagement plus claire (usant toutefois de son autorité pour l’envoi des forces de l’ordre le vendredi 8 février).
Malgré des contradictions et des réactions tardives, il assure mettre en œuvre tous les moyens réglementaires contre cette mesure, ne pouvant aller au-delà. Il affirme par ailleurs que la question principale n’est pas celle de l’exonération, mais celle de l’accueil des étudiant-e-s étranger-e-s dont on ne mesure pas les conséquences, rappelant la nécessité de progresser dans ce domaine, de rassurer les étudiant-e-s non européen-ne-s de l’université de Nantes par la motion du premier CA exonérant leur frais, de fidéliser et trouver d’autres voies de formation (comme à distance) pour une « Afrique francophone » représentant 65% des étudiant-e-s étranger-e-s à Nantes, relevant le fait qu’on « ne peut pas accueillir toute l’Afrique ». Des étudiant-e-s ont souligné la responsabilité de la ville de Nantes vis-à-vis de cette Afrique, rattachée notamment par le poids de son passé négrier et colonial, dont la Présidence a visiblement conscience.
Plus concrètement, la délégation étudiante a réclamé :
– Des garanties quant au maintien, l’année prochaine et les années suivantes, des frais d’inscriptions unifiés pour tou-te-s les étudiant-e-s, européen-ne-s ou non, déjà inscrit-e-s ou primo arrivant-e-s
– Un relais du Président de l’Université en faveur du maintien des frais d’inscription unifiés, en utilisant toutes ses fonctions, y compris nationales (à la CPU) ;
– Une commission de suivi (l’expression « droit de regard » ayant fait frissonner), composée d’étudiant-e-s mobilisé-e-s, non européen-ne-s et français-e-s, pour suivre et évaluer les moyens effectifs déployés afin de maintenir les frais unifiés et sans augmentation ;
– Un cadre de réflexion sur la place du débat à l’université et particulièrement sur la question de l’accueil et des conditions de vie des étudiant-e-s étranger-e-s ;
– Une déclaration publique et médiatisée via une conférence de presse après le CA du lundi 25 février montrant la position de l’Université de Nantes. Une initiative déjà réclamée par les grévistes de la faim.
Les quatre premières revendications ont été entendues, presque sans difficulté. Ainsi, le Président Laboux s’est engagé à :
– Inscrire dans la motion, qui sera votée au CA du lundi 25 février, le maintien des frais unifiés durant tout son mandat ;
– Ne pas revenir sur cette décision de maintenir les frais unifiés, quoi qu’elle puisse en coûter ;
– « rappeler au cabinet de la ministre Vidal son opposition à la hausse des frais d’inscription » et utiliser ses fonctions nationales pour plaider l’abandon de cette mesure ;
– Créer la commission de suivi, au vu de la proposition qui lui sera faite ;
– Créer le cadre de réflexion réclamé.
En revanche, la conférence de presse a été rejetée, jugée inappropriée, il a été émis « nous ne sommes pas un syndicat » . Elle a donc été considérée comme inopportune, malgré l’insistance de la délégation. Un refus catégorique, toutefois, une brèche apparaît si les médias venaient à les contacter.
La rencontre s’est achevée avec un échange plutôt houleux sur la question de l’intervention policière. Une intervention violente, par des forces de l’ordre cagoulés, vidéo à l’appui qui lui a été montré. Les 7 étudiant-e-s ont fait savoir de manière très franche et directe que le non respect de la franchise universitaire et la banalisation de la présence et des violences policières au sein du campus étaient inadmissibles. Le Président de l’Université a, quant à lui, rappelé qu’il assumait cette dernière intervention policière, qu’il n’était « heureusement » pas responsable des modalités d’intervention de la police, notamment l’horaire de l’intervention sur les heures de cours. Il a souligné qu’il appliquerait sa décision de faire intervenir la police chaque fois qu’il y aurait menace d’occupation, affirmant « Je dis ce que je fais, je fais ce que je dis ».La délégation a néanmoins réitéré son opposition en exigeant de ne plus voir les forces de l’ordre sur le campus, encore moins en mode d’intervention systématique.
Il a par ailleurs évoqué la situation de l’année dernière , notamment l’occupation du Château et d’une partie de Censive pour les exilé-e-s à la rue, sous les termes « abominable » et du fait « d’étudiants radicaux, incapables de dialoguer ». Les étudiant-e-s lui ont toutefois rappelé qu’il avait envoyé les forces de l’ordre le vendredi 8 février, alors même qu’un dialogue avait été instauré avec la direction de L’UFR de droit et que lui-même l’avait refusé, donc qu’un refus de dialogue de la part d’étudiant-e-s mobilisé-e-s (qui ne portent clairement pas la même autorité qu’un Président d’université) pouvait se comprendre face au mépris et la répression. Et qu’exiger l’expulsion de centaines d’exilé-e-s en pleine hiver était aussi un choix radical, venant de sa propre initiative. De même, la délégation a souligné ne pas se désolidariser de cette supposée « radicalité », lourde de préjugés, qu’eux-mêmes portent dans leur lutte pour une université accessible, sans sélection et sans marchandisation.
À suivre, en espérant que les paroles du Président de l’université ne changent pas et se traduisent concrètement en acte, avec des garanties.
La mobilisation continue jusqu’au retrait de cette mesure !
Demain, mardi 19 février, aura lieu une rencontre avec le recteur de Nantes, par une délégation de 5 étudiant-e-s mobilisé-e-s.