Aux occupants qui se reconnaissent

et à tous les amis avec lesquels

ils ont des stratégies « commune »

 

Puisqu’il faut grossir le trait pour être entendu. Aparté imaginaire à une caricature, ne cherchant plus a être constructif quand l’heure est au mépris. Écrit avec fatigue, colère et toute la prétention nécessaire.

 

A toi la caricature donc,

toi qui es le plus souvent un homme, blanc, hétéro (et ça se sait), ciscgenre bien sûr. Tu manque

visiblement de rien, a des papiers, vis dans un certain confort, n’a jamais subi la précarité sans

l’avoir choisi. Tu as fait des études (et ça se sent), au moins tu entends quelque chose à la rhétorique

politique, sait manipuler les mots à l’ oral ou par écrit. T’es ni vieux, ni mineur, rentre dans les

normes facilement, et (nécessité) t’es valide.. en somme tu fais partie de ce micro pourcentage de

personnes qui de base ne subissent presque rien du système que tu critique tant, contre lequel tu

prétends agir .

En fait, ce monde il est fait pour toi…

Mais tu veux le changer ce monde. Nous aussi

Tu es en colère, tu compte agir. Nous aussi

Accepter sans rien dire n’est pas ton genre. Nous non plus

Nous ne nous battons pas pour les mêmes choses.

D’ailleurs malgré toi tu le sens sûrement..

Tu ne comprendras jamais vraiment ceux, qui paumé-es dans leurs vie, savent pas par où prendre le

problème, bien qu’ils l’identifient. Ceux qui veulent niquer « babylone » mais n’agissent pas dans ton

sens.. Toi tu construit, te bouge en avant, t’organise, tu agis toi, au moins.

Tu ne comprends pas vraiment. Tu ne te sens jamais trop à ta place dans les ambiances punks, de

shlags, féministes, sans papiers, zonard-es , queer, arraché-es, gosses d’immigré-es, galériennes des

quartiers, de l’usine, qui enchaînent les boulots de merdes, les saisons agricoles, les ptites

combines, les tafs pourris au black, ect….

Pourtant ce sont ceux là même qui ont des raisons de combattre le monde qui va avec l’aéroport.

Tu ne te sentiras jamais vraiment à l’aise dans ces ambiances parce que la barrière de l’efficacité

t’interdit de faire parti de ces mondes, ou d’y être complètement accepté.

Parce qu’en un sens tu y es en guerre. Parce que tu y deviens trop facilement l’ennemi…

Parce que tu es notre bourgeois.

 

Comme les porteurs du projet d’aéroport tu ne comprends pas ceux et celles du dessous qui freinent

tes projets . Toi tu entreprend, tu vois le futur, pense l’avenir, tu as des ambitions pour cette zone,

que tu partage avec tes potes et auxquels vous travaillez.

Tu es notre bourgeois. Comme ces cravateux, qui méprisent les plus pauvres parce qu’au lieu

d’acheter des Nike et des écrans plats ils feraient mieux d’épargner pour améliorer leurs conditions

de vie, toi tu méprise ceux qui kill des bières ou se promènent « en foutant rien » au lieu de

s’organiser pour cultiver un bout de la zone et manger meilleur.

Quand tu trouve scandaleux que l’on puisse voler ce que tu possède, ou chier sur tes objectifs

médiatiques, on trouve scandaleux que tu ose parler de la « richesse de la diversité ».

Mais tu n’es pas seul. Oh non ! Tes projets ne tombent pas du ciel….

Tu sais t’entourer, stratégiquement… l’objectif est aussi questionnant que les méthodes.

39De paysans ou de citoyennistes, arguant qu’ils font partis du mouvement, lorsque tu sais que ce sera

là une force d’organisation de poids favorable a tes dynamiques.

De syndicalistes ou d’étudiant-e-s arguant entendre et suivre les luttes sociales, lorsque tu y vois du

potentiel de « lutte », de possibilité de bousculer l’état par des biais plus « audibles » que toi

De venèr antifa prompt à se cagouler ou « jeunes des quartiers » s’ils peuvent servir de première ligne

motivée et jeter de la caillasse aux keufs pendant que toi tu leurs échappe, bien organisé… Chacun

son rôle, chacun sa place..

Toi tu appelle toutes ces petites alliances bien utiles « des compromis » et garde un peu d’opacité

autour pour qu’on ne vienne pas trop t’asticoter de bouffer à toutes les gamelles . Tu « compose »..

Et tu te garde bien de leurs dire à tous, le mépris que tu porte a leurs revendications, méthodes

d’actions , leurs réalités et leurs utopies, et combien, au fond ils ne sont que des alliances utiles a ton projet politique, utile à te rendre fort.

Un projet d’ensemble pour la zad si « commun », si collectif, qu’il peine à trouver du rebond au sein des occupantes, mais ça ne te perturbe pas et heureusement tu as beaucoup d’amis ailleurs.

Alors tu feint d’ignorer que l’idéal auquel tu travaille ne porte que peu de changements d’avec le monde qu’il combat, et que donc il implique pour la zad une sacrée normalisation.

Et tant pis si pour que ça existe il faut lisser l’image, et peu à peu gommer tout ce que cette zone porte de pas de côté contre ce monde…

Tu te fais croire que tu peux être source de changement, méprisant ceux qui te disent que tu leur marche sur le pied. Tu continue de porter tes idées haut et fort, parce que toi tu sais, tu pense !

Quel changement ! Ahah le « système » n’a qu’a bien se tenir, voilà l’offensive !

Reste ceux et celles que tu ne sais pas encore trop comment prendre sur la zad.

Un peu boulets, illes entravent parfois tes ambitions, contestent, râlent, attaquent les journalistes, jamais contents, « anti-tout » primaires (et sûrement un peu complotistes sur les bords), illes ne s’investissent jamais vraiment dans les chantiers, alors qu’ils sont bien contents de profiter de ce que tu construit de « durable » ou cultive, illes sont parfois bourrés en réu, « violent », veulent protéger pacha mama, barricader la route pour un rien, ou causent a n’en plus finir de « processus » qui de toutes façons ne marchent pas en se racontant qu’illes sont du côté de la veuve et l’orphelin …

En quelque sorte illes manquent de réalisme sur « comment on mène une lutte vers la victoire avec toutes ses composantes » et ralentissent la marche du progrès.

Heureusement tu sais leurs parler, fermement quand il faut, ou les prendre dans le sens du poil quand tu as besoin de leur accord ou de parler en leurs noms.

Tu trouve un peu comment tirer parti de leurs présence en les mentionnant dans tes écrits, tes blabla ou en montrant qu’ils construisent des cabanes atypiques, ça te donne le sentiment un peu excitant que des mondes différents co-existent sur la zone.

Et au fond tant pis s’illes se sont incrustés au casting, parce qu’ illes ne resteront sûrement pas dans l' »après ». Illes pourront rester, sages ou en accord avec toi, sinon tu sauras te passer de la justice pour te passer d’eux, parce que tu as besoin de toute ton énergie pour lutter contre l’état et ses flics.

En fait tu la trouve un peu pénible cette « diversité » quand il faut la côtoyer..

Tant pis s’illes ne comprennent rien à l’amour intense et révolutionnaire qui te lie à tes amis, au potentiel de base arrière, à la poésie des mots « territoire », « ensemble », « habiter », « inventer », « construire », « perspectives » , « insurrection », « avenir », « imaginaire », « autonomie », « spontanéité », « commune », ect.

Ce n’est pas donné à tout le monde de faire une lutte sexy c’est vrai, alors tant pis pour nous hein..

et tant pis pour toi . Tu sais quoi ? Ce dont tu parle on le pratique souvent, ambition en moins.

Loin des « gestes forts » il se passent pleins de petites révolutions un peu foireuses mais si vivantes.

Tu n’imagine pas un millième de ce que tu rate. Tu n’imagine pas la richesse politique qu’il y a quand tu te tais et que tu t’absente.

 

Alors continue de construire « l’ennemi » si ça dis, là t’es bien parti, bon petit soldat du patriarcat.

« contre le monde qui va avec l’aéroport »..pour nous il faut bien commencer quelque part, et tu incarne si bien ce qui permet qu’il se perpétue!

Continue de kiffer ton épopée insurrectionnel, écrit l’histoire, mais garde en tête que ceux et celles qui sont nécessaire pour faire bouger ce monde de merde ne seront jamais ni vraiment tes alliés, ni vraiment tes amis….