L’islam au sein des médias français est un sujet incontournable et en permanence ressassé. Les journalistes depuis des décennies nous abreuvent du « problème musulman » et le mettent au premier plan de nos préoccupations. Des « affaires du voile » aux mosquées salafistes, de l’antiterrorisme à la lutte contre l’immigration dite clandestine, le traitement de l’actualité est sérieusement impacté par une islamophobie ostentatoire. Ce traitement est directement à mettre en relation avec l’histoire coloniale en « terre musulmane » qui se poursuit aujourd’hui avec les interventions militaires en Syrie et en Irak. Il est également à rattacher à la gestion policière des quartiers populaires qui a besoin de l’idéologie raciste pour se perpétuer.

L’islamophobie en France est le produit d’un long passé d’oppression de peuples perçus comme réfractaires à la civilisation et au progrès. Elle s’est exprimée dans le cadre de la politique d’annexion à la France de plusieurs pays aujourd’hui indépendants. Le droit colonial fut l’une des expressions les plus visibles de ce racisme à travers la création du statut d’indigène régi par des lois d’exception se démarquant du droit commun égalitariste.

L’Algérie est un parfait exemple pour comprendre ce système : l’ordonnance royale du 24 février 1834 accorde la nationalité aux « indigènes musulmans », déclarés « sujets français ». Ces indigènes ne jouissent d’aucun droit politique et sont soumis officiellement à partir de 1881 à des infractions spéciales pouvant être punies par l’internement administratif, des amendes collectives ou encore le séquestre, c’est-à-dire la confiscation des terres. Ils sont également soumis à partir de 1911 aux obligations militaires. Outre l’aspect inégalitaire du droit colonial en Algérie, on note une vision globalisante de la société autochtone réduite à sa dimension religieuse, ici donc à l’islam. L’indigène n’est rien d’autre qu’un musulman et il est discriminé en tant que tel, qu’il soit ou non croyant.

On note également une discrimination particulièrement forte vis-à-vis des femmes algériennes durant la période coloniale. Celle-ci est relatée avec beaucoup de précision par le psychiatre et militant du FLN Frantz Fanon dans son ouvrage L’an V de la Révolution algérienne rédigée en 1959 : « les responsables de l’administration française en Algérie […] vont porter le maximum de leurs efforts sur le port du voile […] comme symbole du statut de la femme algérienne. L’administration dominante veut défendre solennellement la femme humiliée, mise à l’écart, cloîtrée… On décrit les possibilités immenses de la femme, malheureusement transformée par l’homme algérien en objet inerte, démonétisé, voire déshumanisé. Le comportement de l’Algérien est dénoncé très fermement et assimilé à des survivances moyenâgeuses et barbares ». Le traitement médiatique de l’islam en France nous renvoie totalement à cette situation.

 

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https://agitationautonome.com/2018/09/25/lislamophobie-mediatique-en-france-lart-et-la-maniere-daffoler-les-consciences/

 

https://paris-luttes.info/l-islamophobie-mediatique-en-10934