En juillet nous avions interpellé collectivement France Terre d’Asile (FTDA) avec un courrier resté sans réponse à ce jour. Ce matin, nous nous sommes rendu-e-s sur place pour renouveler notre demande d’explication et mettre l’accent sur les signes de dysfonctionnement. Nous étions une cinquantaine de militant-e-s (exilé-e-s ou non) devant FTDA à demander à FTDA de faire son travail ; mot d’ordre qui peut sembler assez peu ambitieux, mais qui, au regard des dysfonctionnements actuels représente une revendication nécessaire.

Juste deux exemples :

-Une personne exilée a rendez-vous. Sur son dossier transmis par FTDA, on peut lire : « remplir le dossier OFPRA en français, si vous ne pouvez pas, demandez à un ami qui parle français.. » Le gardien lui oppose un refus d’entrer expliquant que c’est à lui de trouver une personne qui traduira son récit, et que sans ça pas besoin de venir. C’est un exemple malheureusement trop fréquent, que l’on rencontre souvent dans nos permanences.

-Pas plus d’accompagnement dans l’écriture des récits de vie. Nous voyons tous les jours des personnes arriver avec une liste d’associations qui leur a été remise à FTDA , ce que FTDA refuse de reconnaître.

Suite à l’annonce de notre future venue, M. Pierre Henry, directeur national de France Terre d’Asile, nous a écrit : « Je prends connaissance de votre initiative avec circonspection. C’est sans doutes au nom d’une idée de coopération fraternelle que vous prenez cette initiative et que vous jugez de notre action sur un tel ton ? Si par contre vous êtes intéressé à comprendre notre organisation et ses contraintes en toute sérénité, nous pourrions vous rencontrer. »

Et bien oui Monsieur, au risque de vous déplaire, nous jugeons l’action de FTDA et condamnons la manière dont vous vous positionnez comme un relais des politiques migratoires mortifères.

Ce matin avons eu la chance de rencontrer la directrice de la PADA de FTDA, ainsi que la directrice régionale de l’OFFI. Alors qu’elles souhaitaient accueillir une délégation pour discuter dans le bureau, nous avons choisi d’avoir cette discussion en extérieur avec l’ensemble des personnes présentes.

Les réponses qu’elles nous ont apportées n’ont fait que confirmer ce que nous nous attendions à entendre. L’entretien ne fut pas trop long, en voici quelques morceaux choisis :

Directrice de FTDA : « L e budget qui passe dans les traductions est indécent » ; « Il faut rationaliser et optimiser la prise en charge… » ; « Il faut travailler avec des associations car elles travaillent aussi bien et moins chers que les sociétés, avec des bénévoles… »

Plutôt que de revendiquer des conditions de travail correctes et plus de moyens, FTDA affiche haut et fort son choix, pour régler ses problèmes de fonctionnement, de faire appel au bénévolat pour les traductions, les accompagnements juridiques…

La directrice régionale de l’OFFI :

« C’est un problème de flux. » Les personnes exilées qui arrivent en France sont donc des flux, des marchandises que l’administration gère. Nous apprenons que les « flux » ont été multiplié par 4 sur Nantes… Ce n’est pas les chiffres nationaux, et l’OFFI devrait être en mesure d’adapter les financements aux réalités locales.

En voulant s’appuyer sur les énergies militantes, FTDA semble oublier que nous ne portons pas le même projet politique. Nous voulons des papiers pour tou-te-s tandis qu’eux ne souhaitent aider que les personnes en situation de migration de droits (objet social de FTDA). Nous ne serons pas le relais de leurs politiques. Nous n’avons pas trouvé d’entente car il est clair que nous n’avons pas les mêmes valeurs et objectifs, et nous ne construirons donc pas de partenariat ensemble, et refuserons d’être sous-traitant. Nous continuerons de veiller à ce que FTDA à minima fasse ce pour quoi il est payer.

Et nous ne parlons pas de l’accueil : porte close sans aucune explication alors que l’affichage annonce une ouverture hebdomadaire de 9h à 12h30. La directrice contactée par téléphone nous explique que c’est pour la sécurité. On a craint un instant que c’était notre présence qui faisait que la porte restait fermée mais des personnes qui souhaitaient entrer nous ont expliqué que cette pratique est habituelle et toujours sans explication. Tire la chevillette et la porte s’ouvrira!!

Et nous on reviendra.