Nous sommes de ceux dont les parents, à rebours de leurs propres parents, se sont vautrés dans la modernité, deux diesels par foyer, un steak haché industriel en barquette polystyrène, trois fois par semaine.
Nous sommes de ceux qui ont appris de leurs parents que seul le travail comptait, quitte à marcher sur les autres pour un job au rabais.
Nous sommes de ceux dont les camarades de classe ont appliqué à la lettre les préceptes de leurs parents et ont finalement placé un des leurs à leur tête.
Nous sommes de ceux qui toussent sur leur vélo, s’intoxiquent à chaque repas.
Nous sommes de ceux qui pensent que services publics rachitiques, bullshit-jobs, air vicié et terre souillée forment un seul et même tas de miettes que le capital consent à nous laisser.
Nous sommes de ceux qui n’ont pas attendu la démission de Nicolas Hulot pour attester que les « décideurs » ne décident pas, ils exécutent.
Nous sommes de ceux qui ont entendu un ministre allemand de l’économie déclarer aux grecs : « on ne peut pas laisser des élections changer quoi que ce soit ».
Nous sommes de ceux qui, bien avant le rapport spécial du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental d’Etudes sur le Climat), ont compris que Gattaz et ses camarades de classe n’en ont rien à carrer que vous toussiez sur votre vélo, vous n’avez qu’à prendre votre voiture comme tout le monde.
Nous sommes de ceux qui ont déjà harcelé les politiques.
Nous sommes de ceux qui ont déjà marché pour, manifesté contre.
Nous sommes de ceux qui ont côtoyé, entre eux et leurs enfants, une génération dite « ingouvernable », et ont beaucoup appris de leurs formes de lutte, singulières et enthousiastes.

Alors, nous sommes de ceux qui, le 13 octobre, songeront à déserter les marches pour le climat pendant une heure ou deux, afin de surprendre, « faire effraction », « fomenter le désarroi chez les connards ».

Appel à tous ceux qui sont de ceux dont les grand-parents ont vécu…