Mohamed Nabil
hikmat@swissinfo.org

Est ce que les journalistes algériens ont le droit de critiquer le régime politique ? Il semble que non. Les journalistes Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul sont emprisonnés depuis plusieurs mois, pour avoir critiqué les autorités algériennes. La liberté d’expression demeure ainsi inquiétante, en Algérie, malgré les dénonciations des organismes internationaux défendant les droits d’expression.

La première affaire concerne le journaliste Mohamed Benchicou. Directeur du journal Le Matin, il a critiqué le régime algérien dans un article intitulé La République de Fatiha Bouagla. Cette critique a été considérée par le magistratcomme un acte diffamatoire à l’encontre du premier magistrat du pays. En effet, l’affaire a été enrôlée par le parquet de l’instance judiciaire « pour outrage au président de la République ».

Par la suite, le journal Le Matin a été poursuivi pour diffamation à l’encontre de la famille Chagra En bref, il s’agit de l’affaire Saadaoui, qui déclarait dans un entretien publié sur les pages du journal, qu’il avait été torturé par Mohamed Charga alors que ce dernier appartenait à la sécurité militaire. Le journaliste Mohamed Benchicou a comparu devant le tribunal en sa qualité de directeur de publication du journal Le Matin. Les deux affaires ont été mises en délibéré jusqu’au 16 novembre 2004. Jusqu’ici, Mohamed Benchicou est resté emprisonné dans le pénitencier d’El Harrach. La cour lui a également imposé une amende, s’élevant à 100 000 dinars. Le secrétaire général de La Fédération Internationale des journalistes (FIJ) a déjà déclaré que « la crise profonde des medias algériens appelle à une réaction urgente à l’échelle internationale ». De plus, La FIJ a officiellement condamné l’escalade des pressions politico-judiciaires portées contre les journalistes de la presse indépendante en Algérie.

Le deuxième cas touche du journaliste Hafnaoui Ghoul, journaliste à Algérie News, correspondant du journal El Youm, et membre de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme. Il est détenu depuis plusieurs mois en prison. Selon Reporter Sans Frontières (RSF), la cour d’appel de Djelfa (sud d’Alger) a confirmé, le 29 août 2004, la condamnation de ce journaliste à deux mois de prison ferme et 2000 dinars d’amende (34 $ canadiens). Le journaliste avait été condamné en première instance, le 2 août 2004, pour avoir fait parvenir une lettre à sa fille en dehors des voies prévues par le règlement de la prison où il est incarcéré depuis le 24 mai 2004. Hafnaoui Ghoul, quant à lui, explique que ses articles ont été écrits sur la base de documents et de témoignages, en précisant que les signataires et les témoins n’ont jamais été entendus par la justice. À l’issue de ce procès, Hafnaoui Ghoul a été condamné à 3 mois de prison ferme bien que le représentant du ministère public avait requis 8 mois de prison ferme. Reporters sans frontières a dénoncé plusieurs fois, « l’acharnement des autorités judiciaires algériennes contre Hafnaoui, et condamne aussi l’extrême à laquelle elles l’ont conduit pour protester contre l’injustice dont il est victime ».

En somme, la liberté d’expression est menacée dans le régime algérien qui rejette les contestations des organismes comme RSF, FIJ et Amnistie International. La politique tenace des autorités contre les journalistes en Algérie ne peut pas résister aux proclamations de l’opinion internationale qui défendent le droit d’expression et la liberté des journalistes partout dans le monde.

*Pour plus de détails sur la liberté d’expression en Algérie, voir :
http://www.rsf.org/ : Reporters sans frontières, http://www.ifj.org/: Fédération internationale des journalistes, http://efai.amnesty.org/: Amnistie internationale
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