Face aux hyènes, faut être un loup…    

Jamais j’aurais cru qu’ici j’aurais été un jour obligé de le penser.La ZAD « terre d’asile », refuge de tout un tas de luttes se croisant et se fortifiant les unes les autres. Un lieu où nos différences faisaient notre force. En arrivant ici j’ai vraiment eu cette volonté de « déconstruction » si chère à tou.te.s. Sacré défi. comment vous dire, la précarité ne favorisant généralement pas le raffinement de l’esprit, d’où je viens les us en matière de rapports sociaux sont souvent primaires. bref. 

Ici j’ai littéralement été percuté par toutes sortes de luttes dont je n’avais même pas conscience, toutes aussi légitimes les unes que les autres. J’ai noué des relations fortes avec certaines personnes, moins avec d’autres. Mais toutes m’ont apprises sur l’humain et surtout sur moi-même.   

Hier j’étais inconscient, aujourd’hui moins et la vie n’étant pas un film qu’on rembobine quand bon vous semble, la ZAD à definitivement effondré les passerelles qui me reliaient à mon ancienne vie…    ces derniers temps nous est tombé dessus la victoire d’une lutte ayant duré plus de 50 ans. La poisse! on a gagné. Un gigantesque aéroport ne se construira plus en plein milieu du bocage.  

Si beaucoup se sont réjouis et ça peut se comprendre, d’autres moins et certains.e.s vont jusqu’à nier cette victoire. Nous nous posons tous.tes des questions et moi le premier…  Les questions que je me pose perso actuellement sont les suivantes :  Une fois la victoire acquise au bout de nombreuses décennies de résistances, ne faut-il pas penser (ou repenser!) à nos premiers émois avec la zone, à savoir comment vivre en adéquation avec ce bocage que nous aimons et que nous avons si chèrement défendu? l’autonomie alimentaire serait une idée ! 

Alors certains.es préconisent le mode « ultra-radical » contre un ennemi surpuissant, mais ont-ils/elles compris que les fondations de l’édifice a ébranler ne se trouve pas sur la ZAD de NDDL. Ici une lutte s’est terminé par la victoire et le front se trouve a présent dans de multiples ailleurs, et le choix est grand.   Ici ça construit, ça crée, ça rêve, ça s’organise…  Conscient qu’un changement sociétal ne se fera surement pas dans la douceur : est-ce pertinent d’entamer un combat perdu d’avance et se fatiguer plutôt que de garder nos forces pour organiser des choses encore plus grandes que ce que nous avons déjà réalisées?  Je sais que ces « ultras-radicaux » enterrent déjà la ZAD, et ceux/celles qui y croient avec. À chaque pelletée c’est nos rêves qu’ils/elles étouffent sous prétexte que ce ne sont pas les leurs.   

Ma vie est une succession de GAV, de peine de prison, de se faire une place dans un monde où il n’y en a pas pour toi, obligé d’arracher ce qui est censé ne pas être pour toi, mais bon pour les autres… Si certains de ces « ultras-radicaux » issus pour la plupart de classes privilégiées considère ca comme des galons dans leurs dossiers de militant, les miennes sont autant de cicatrices et de blessures inscrites dans ma chair et mon esprit. Comment puis-je cautionner le sabotage d’autres composantes sous prétexte qu’ils/elles ne partagent pas nos idées? tout en sachant très bien où ça mène… comment peut-on interdire quelqu’un.e de se prendre à rêver et tout faire pour réaliser ce rêve?.. imaginez nous chacun.e dans nos merdiques vies antérieures. Une triste autoroute toute tracée avec la même finalité pour tou.te.s. Cet éclair, que j’espère de lucidité… qui nous à traversé l’esprit jusqu’à nous mener ici pour réinventer nos vies. Je ne nommerais pas les activités qui sont nées de ces rêves, et il yen a. ça a pris du temps mais ça s’est fait, et presque toutes pour la plupart autour de la résilience et l’autonomie alimentaire.  Et si pour sauver ce petit morceau de rêve il fallait « signer une fiche »? 

Au risque de décevoir du monde, pas tou.te.s ne rêvent que de chaos. beaucoup de gens.tes rêvent d’un monde meilleur, et un monde meilleur ça se construit!  Sans cadre, on vivrait sous le règne du plus filou ou encore du plus cruel! car la force n’etant qu’un leurre, et que la fin justifie tout les moyens pourquoi s’embêter avec de futiles conventions. Moi ça ne me dérange pas d’évoluer dans un climat chaotique, « l’Anarchie » où aucune loi régie et où seules nos règles comptent au détriment de l’autre, j’y suis comme un poisson dans l’eau. Ça affûte mon instinct de survie devellopant de surcroît mon côté primaire de prédateur carnassier , et ça à toujours été ainsi pour moi de ma naissance dans un camp de réfugiés jusqu’à mon arrivée sur zone où j’avais trouvé autre chose, une certaine tranquilité jusqu’à ce que la victoire nous divise et fasse d’une partie de nous des collabos, des traîtres ou… des guerrier.e.s, des pur.e.s pour les plus chanceux.ses!!!  Donc si on pense différemment nous sommes forcément des traîtres ou des collabos? ou si j’ai bien compris les gens.tes comme moi sommes manipulé.es?  

Je veux juste rappeler a ces « ANTI-unPeuCeKilVeulent » » que vouloir imposer une idéologie en refusant une pensée différente… voila là le fascisme dans toute sa splendeur!     

Est-ce pour cette raison que actuellement j’enchaine merde sur merde, que chaque jour qui passe je régresse dans mon évolution personnelle?! que je tombe dans leurs jeux et ne plus me battre POUR une chose, mais CONTRE. Plus pour le monde que je désire mais CONTRE un chaos qu’ils/elles nomment « anarchie » et qu’ils/elles veulent m’imposer! Ils/elles aimeraient me faire la hoggra comme ça l’a été pour nos parents dans le passé. M’apprendre la bien séance ou encore comment penser et quoi faire car forcement les gars.meufs comme moi sommes incapable de penser par nous-mêmes….. Ou le pire de tout je devrais me déconstruire afin de me reconstruire à leurs images pures!! Ne vous inquietez pas je connais la chanson par coeur, ça fait parti de mon héritage…    

Sinon j’aimerais m’excuser auprès des gens.tes que j’apprécie pour les situations dans lesquelles je les ai embarqué.es malgré elles/eux. Les autres comme ils/elles imposent actuellement les choses seront forcé.es de se faire une raison.   

Donc à celles.ceux qui sont contre les fiches, contre la réalisation de projets agricoles, ou encore la concrétisation de rêves… je leur demanderais d’épargner dans leurs desirs incendiaires les supermarchés parce que sinon où on ira se ravitailler une fois qu’ils auront brûlé les outils qui nous permettait de nourrir nos luttes/les bases de notre autonomie?    

En ésperant vraiment que ces gens.tes ne nous fassent pas, de végan devenir cannibale…     

Un habitant de l’ex-ZAD qui se prend à rêver d’un monde meilleur.