Le samedi7 juin 2003, alors que je dégustais une de ces crêpes dont la tradition nantaise a le secret, en terrasse de la Crêperie Sainte-Croix, quartier Bouffay à Nantes, j’observais attentivement mon voisin de tablée, sentant une colère poindre en mon fort intérieur. En effet, le dit personnage, tout de bleu vêtu, un agent de la police nationale en l’occurrence, son arme de service à la ceinture, se gaussait de blague, profitant d’une détente qui dura près d’une heure et demi, (pour la suite, je ne sais pas, car j’ai dû laisser l’homme à son sort, ayant, moi, d’autres chats à fouetter !) Si ce fait peut sembler anodin, il n’en est rien de la suite.
Car profitant de la compagnie de quelques camarades, et dans un esprit de convivialité évidente, voilà notre cher représentant des « Forces de l’ordre » devenir une force de la nature ! C’est avec entrain qu’il commanda une pinte de bière pour trinquer allègrement et joyeusement, ceci, au grand vu et su des passants nantais, en promenade de détente. Bien entendu, la chaleur écrasante de cet après-midi mémorable, imposa sans hésitation que notre homme repris une seconde tournée, car il est de tradition de ne pas repartir sur un pied !
Pour information, cet agent assermenté, et fort des flatteries récentes à l’égard de la police de la part de notre ministre de l’intérieur, était donc présent à cette terrasse, en la date précitée, entre 16h00 et 17h30. Dans sa casquette, posée soigneusement sur la table, siégeait un transmetteur portant la référence 614, numéro d’identification de l’appareil. Une gourmette, au poignet droit, ainsi qu’une chevalière à l’auriculaire gauche rendaient cet homme immanquable.
Mais voilà, malgré le ton léger que j’emploie, des questions se posent à ma conscience de citoyen ! Que fait un agent de police, ayant bu un litre de bière en une heure et demi, alors qu’il est en exercice, si sa fonction l’amène à régler un conflit, garder la paix, protéger le citoyen de base, et qu’il possède à la ceinture une arme à feu ? Que fait cet homme, rémunéré par nos contributions, attablé nonchalamment en terrasse, de l’étique qu’il devrait assumer, de l’image qu’il véhicule d’une police, incapable d’autogestion personnelle. Enfin, que penser de tout cela ? Alors que l’on condamne une femme pour avoir porter secours à une mère et son enfant qui avaient le malheur de ne pas avoir de papiers, qu’un piéton se fait verbaliser pour avoir traversé hors des passages protégés, que l’on demande efficacement à des manifestants d’ôter les marques distinctives d’appartenance syndicale, un policier pourrait, lui, contenter son taux d’alcoolémie, une arme à la ceinture, en toute impunité ?
C’est donc en ces termes que j’informe publiquement de ce fait, pour qu’une conscience citoyenne existe et perdure dans le cœur de chaque habitant. Pour que tous, nous soyons vigilant quant aux dérives sécuritaires possibles en ces temps illégitimes.

LE BERRE Samuel.

Courrier transmis à la préfecture de Loire-Atlantique, la Mairie de Nantes, à Ouest-France,au réseau des militants citoyens, à Indymédia.