Même les composantes les plus averties du centre gauche, italien et européen ont sous-évalué et relativisé ce qui s’est passé, sans comprendre que la chose a une implication politique immédiate et constitue un précédent qui concerne la liberté de tous. Il ne suffit pas de réagir en souscrivant à des dizaines de pétitions contre la loi Urbani qui place le peer-to-peer au niveau de la piraterie ou à des centaines de milliers contre la proposition de brevetabilité du software : la liberté sur le réseau et la liberté du réseau risquent en tout cas d’être compromises.

Une des questions restées ouvertes pour la seconde session du WSIS à Tunis en 2005 (la conférence mondiale de l’Onu sur la société de l’information) est la question de la « gouvernance » du réseau et sur ce point, il est évident que ce ne sont pas seulement les pays autoritaires, comme la Chine et l’Iran, qui veulent un contrôle direct du réseau de la part des états. Il est bon de donner vie à une action capable d’impliquer l’Europe et ses institutions, à commencer par son Parlement. Si les deux tiers des parlements européens soumettent à la commission présidée par Barroso une proposition de directive, la commission doit instruire une proposition à porter au Parlement, si le peuple du réseau sait sensibiliser les parlements et les parlementaires européen , il sera possible d’avoir une majorité qualifiée qui approuve un texte pour le pluralisme informatique et la liberté de l’alphabet télématique mais aussi pour l’indépendance du réseau et pour une « charte des droits » des utilisateurs du réseau, un véritable « Bill of rights » pour Internet.

Il faut, en somme, que les sensibilités sociales, culturelles et des entrepreneurs liées à la critique des brevets et de la propriété intellectuelle pour le monde immatériel en connexion planétaire, véritable entreprise cognitive collective soient conscientes de devoir constituer comme un bloc social pour l’innovation qualitative, protagoniste de la définition des règles constitutives pour les relations sociales dans l’ère digitale. Autrement, même leurs intérêts et leurs pratiques particulières n’auront plus longtemps droit de cité.

Traduit de l’italien par

karl & rosa

de bellaciao

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=10775

Collectif Bellaciao