Une intervention pour tapage nocturne, vers 1h du matin. Deux balles tirées par un gendarme. Une blessure mortelle, à l’abdomen. Et des tentatives de réanimation qui n’aboutissent pas. La seule version des faits a été donnée par les gendarmes et le procureur de la République de Tours, Jean-Luc Beck. Thierry Bardin, « manifestement sous l’emprise de l’alcool et vraisemblablement sous l’emprise de drogues », aurait exhibé une arme — qui s’avérera factice — devant le gendarme, après un échange sur le pas de sa porte.

Sans surprise, le procureur de Tours insistera sur le profil de la victime lors de la conférence de presse organisée le lundi 25 juin :

« Bien connu des gendarmes et de la justice. Son casier judiciaire présente une dizaine de condamnations, pour notamment des violences, de l’alcoolisme et du stupéfiant. »

Avant d’affirmer que les gendarmes ont agi en légitime défense, sur la seule foi de leurs témoignages : « En l’état, je ne vois pas ce qu’on pourrait reprocher au gendarme », assène-t-il. Il ne semble reconnaître aucune erreur de la part des gendarmes, alors qu’un homme est mort, tué chez lui, pour de simples faits de tapage. Un décès à remettre dans le contexte de l’explosion de l’utilisation des armes à feu par les forces de l’ordre.

 

Sur Facebook, les messages de condoléances et de soutien à la famille étaient nombreux après l’annonce de la date et de l’heure de la crémation. Elle a eu lieu le 29 juin, à Savigny-en-Véron.

 

D’après la base de données établie par Bastamag, Thierry Bardin est la dixième personne tuée par les forces de l’ordre en 2018. En Indre-et-Loire, c’est le troisième décès lié aux activités policières recensé par Bastamag en 40 ans, après celui de Mohamed Larbi en 1982 et celui de Bertrand « Bilal » Nzohabonayo en 2014. Une semaine après la mort de Thierry Bardin, le mardi 2 juillet, la police faisait une nouvelle victime : un homme de 22 ans, prénommé Boubakar, tué lors d’un contrôle dans le quartier du Breil, à Nantes.