L’événement « complètement nantes » bat sont plein avec des dizaines de concerts et autres spectacles vivant et « complètement gratuits » (dans tous les sens du terme?)!

Son véritable but n’est pas d’apporter de la culture aux actuelLEs habitantEs du quartier, mais juste de l’amusement pour ne pas penser au fond des choses: en dehors de créer une énième attraction touristique, le véritable objectif de nantes métropole est de faire passer la pilule de la gentrification du « Bas Chantenay », ce quartier populaire si proche du centre ville, qui, selon nantes métropole, vole la Loire aux habitants de Haut Chantenay… (et oui, c’est bien une des inepties entendue pour justifier le remodelage complet du quartier. Ce n’est bien entendu pas le seul argument utilisé, mais c’est celui qui m’a le plus interpellé pour son indécence…).

Le but de la gentrification (sur fond d’énormes dépenses publiques et donc d’endettement des habitants), est ici comme ailleurs de faire un appel d’air aux capitaux. Il faut virer les pauvres pour leur substituer une population de cadres dynamiques bien insérés, dans le but d’une croissance favorable au développement du capitalisme métropolitain.

Le foncier et les impôts, comme les stationnements et les commerces des quartiers gentrifiés, deviennent après coups inabordables pour les classes sociales les moins argentées – précaires, même si elles ne le perçoivent pas forcément de leur point de vue, pensant appartenir à la classe moyenne – qui se retrouvent dans l’impossibilité de rester vivre là!

Grâce aux énormes chantiers que cela demande, et grâce à la monté en flèche du prix de l’immobilier, le secteur du privé est celui qui s’en met le plus dans les poches. C’est aussi lui qui corrompt les éluEs (sans trop de difficultés, ça fait parti du jeu) et qui fera tout pour les maintenir au pouvoir…

Comment se fait il que nos braves intermitentEs, ces personnes dites (ap)porteuses de culture, participent avec un tel entrain à l’acceptabilité de ces projets iniques?

Leur situation de précaires (accros au chômage dans leur statu d’intermittents) a dernièrement évoluées : il est sortie de la ligne de mire du médef qui a enfin compris que s’il ne les attaquait pas trop, ces intermittents étaient prêts à se vendre pour faire accepter les projets les plus difficiles à faire passer! Dit en passant, la somme d’argent publique dépensée pour payer les cachets des groupes et compagnies doit être impressionnante!

Encore une fois, la sécurité de l’emploi, et donc le salaire de la peur, est bien la carotte qui fait collaborer nos amiEs les intermitentEs avec notre ennemi commun qui est le capitalisme, l’ennemi de tous les précaires (et de la vie même…).

Cette cascade de spectacles comme on en voit guère noie la (faible) contestation à la gentrification sous les applaudissements et l’amusement des foules ébahies et bienheureuses… Grande spécialité nantaise issue de l’antiquité, la culture (et ses spectacles, réduits à des amusements fadasses qui finissent par perdre tout caractère original sous le nombre, alors transformés en simples produits de consommation très vite digérés, même s’ils sont gigantesques…) n’est qu’un faire-valoir pour développer la métropole et sa croissance! N’en déplaise aux supporters et autres accros aux compétitions sportives capitalistes (…), elle ne vaut pas mieux que le sport et devient juste débilitante lorsqu’elle se rabaisse a n’être plus que cet « opium du peuple » dans une débauche de moyens!

L’art ne peut aujourd’hui, en plein boum d’un libéralisme agressif et mortifère, sans doute la dernière ligne droite avant la fin, se réfugier derrière l’argument d’un esthétisme apolitique. Il n’est plus temps de ne pas se sentir concerné sous un aspect buccolico-intellectuello-innocent. Car l’art, même rabaissé à un simple amusement, modifie inévitablement la société: lorsqu’il perd sa subversion et lorsqu’il collabore, il exprime et porte d’emblée l’acceptation, la collaboration!!!

L’acceptation des artistes à collaborer avec nantes métropole sur l’événement « complètement nantes » et tout ce qu’il porte est un acte volontaire et posé! Que les intermittentEs ne s’attendent donc plus à aucun soutien de ma part (illes s’en contrefiche j’imagine…). Leur complicité et la facilité qu’illes ont pour justifier cette complicité sous prétexte de faire leur job me fait juste gerber.

J’ai bien conscience que très peu des intermittentEs (et autres artistes) ne lisent et ne liront jamais ce genre d’article (la politique ce n’est pas leur domaine bien sûr… illes sont bien au dessus de ça et de toute façon « faut bien faire bouillir la marmite » est l’argument suprême…) et ne me fait pas d’illusion sur le peut d’impact qu’il aura… Mais lorsqu’on se divertie en profitant de spectacles ici ou là, n’oublions jamais que la culture sans la subversion (et grâce aux subventions) fait partie des pièges qui nous sont tendus par celles et ceux qui nous l’offrent sur un plateau. Dit autrement, ils nous offrent comme un jouet une mini-pelleteuse qui nous servira, sans efforts et même avec un certain amusement, à creuser notre propre tombe dans la terre meuble qu’est notre abêttissement.