TOUTE LA MISÈRE DU MONDE.

Je suis un-e habitant-e androgyne d’ici et d’ailleurs venu-e de nulle part et qui va partout.
Je ne suis pas un-e habitant-e de la ZAD, ni un historique, ni politicien autant qu’analyste, j’y ai juste séjourné-e à plusieurs reprises et participé-e à des actions de soutien la concernant depuis son occupation en 2009.

Ce texte s’adresse à tous les habitant-e-s de cette zone, aussi tous ces non-habitant-e-s, aux canailles, et aux pas sages, aux gens de passages et des voyages, aux sauvages, aux volages qui ont soutenu et soutiennent que la boue est bonne pour la solidarité.
Niveau études j’ai eu la BAC mais pas le BEP ce qui explique la simplicité dialectique, le manque de vocabulaire et de structure dans le texte qui va suivre mais il y réside cependant une idée et un fil conducteur : la légitimité de ma parole vaut autant que la votre… Et la leur autant que la mienne.

J’ai pas risqué-e ma vie pour un label et puisque je n’ai rien à perdre j’ai tout à gagner à ne pas les laisser négocier !
Hey!!!La vie ne se négocie pas.
Dorénavant, cette phrase représente le point de rupture au sein de la ZAD .

Les premières négociations laissant déjà entrevoir la conjuration de l’ appel fomentée par une élite intellectuelle ayant verrouillée le processus décisionnaire puis participé aux pourparlers avec l’état.

Car c’est en accueillant TOUTE la misère du monde que la ZAD deviendra synonyme de victoire. Ma révolte contre ce monde je la tiens de tout ce que l’on a choisi à ma place et je parle de ces personnes qui se sont permises de négocier mon avenir, de spéculer avec ma vie, mes envies et mes sentiments.

Ces mêmes gens qui prétendent savoir ce qui est bon et nécessaire pour les autres quitte à employer la violence.
Je parle aussi des autorités, de l’état et des institutions en particulier qui m’ont entre autre violé-e et enfermé-e !

Ces états qui mutilent, tuent, exploitent, expulsent, excluent, créent la misère et en tirent profit en l’entretenant.
Des autorités qui se déguisent en pères, patrons, flics, docteurs, curés, chefs bienveillants sexistes et paternalistes le plus souvent blancs afin de nous enrôler en tant qu’esclaves dans leur enfer capitaliste.

Travailler pour manger, manger pour mourir, mourir pour du fric.
Notre vie est régie dès la maternité, par l’école, le boulot, la banque, les assurances, l’hôpital, le supermarché, la maison de retraite.
Une vie de protocole.
Le remède : la conscience, le savoir, le partage, la solidarité, une envie de rompre les tabou et d’expérimenter.

La ZAD a su matérialiser ces expériences en mettant en œuvre avec beaucoup de créativité et d’inventivité des formes et des méthodes de résistances inédites et innovantes pouvant combiner dans ses aspects les plus diverses différentes luttes et horizons provoquant une vague de soutien à l’échelle planétaire.

Des méthodes d’actions directes pacifiques impliquant des choix concrets pour la remise en cause du système !

Voila ce qu’il y a d’unique dans cette lutte et le message est clair : « on ne va pas se laisser faire et nous avons les solutions pour ne plus être dépendants de vous ».

 

Un message d’espoir puissant qui retentit partout dans le monde où la misère existe, un symbole qui exprime que nous pouvons résister et que nous devons résister car cette perspective donne un sens à tout ceux qui se battent contre l’injustice.

Parce que la ZAD représente cet espoir pour la Palestine, pour le Chiapas, pour Atenco, pour Rojava, pour les sans papiers, les quartiers, les lycéen-es, les universitaires, les victimes de l’état, les cheminots, les postiers, les infirmières et tous les opprimé-es qui ne veulent plus que leur vie soit régie.
Sachons nous défendre car ils nous condamnent à la guerre et il n’y aura pas de paix avant la fin de tout les états.
Mourir pour des idées oui, mais pas pour une permission.
Lorsque je décide de défendre la ZAD je me bats contre l’injustice et pour mon droit à vivre comme je l’entend, c’est à dire en respectant chaque être vivant.

Celui qui se prétend être plus légitime que son alter-égo à peur de la projection que celui-ci lui renvoie, il préfère nourrir son égo et occulter la conversation, dénigrer l’existence et la raison de celles et ceux qu’ils considèrent comme des dangers.
Je ne crois pas aux élites mais plutôt à la transmission du savoir, celui qui permet le partage sincère dans la communication par un nivellement de classe.

Sans parler de tolérance, un des traits de l’intelligence n’est-il pas de la rendre accessible aux personnes qui n’en n’ont pas encore l’usage en évitant qu’elles puissent ressentir une infériorité ou de se sentir redevable ?

Rendre accessible l’information et la parole est la base de toute relation et nous nous étions pourtant entendu à ce sujet : pour l’humanité nous prendrons les décisions ensemble à l’unanimité !
Il n’est jamais trop tard, la ZAD vaincra et elle ne peut mourir car elle est organique et incontrôlable et que son esprit insoumis et sa soif de justice se propage tel un virus informatique.

Les zadistes de demain sauront comprendre la leçon sur la négociation et la ZAD continuera de vivre ici et partout.

Continuons de bloquer, barricader, de se rencontrer, de parler, de construire, communiquer, de soutenir cette lutte et tous-tes celles et ceux qui nous ferons avancer vers un avenir plus libertaire. Reprenons nos vies, nos rues, libérons les terres, les mères.
Liberté et amnistie pour tous-tes les camarades réprimés et enfermés.

ZAD partout, grève générale !