Dimanche 27 mai, en fin d’après-midi, un départ d’incendie nécessite la venue des pompiers à Bréa, l’ancien EHPAD réquisitionné de la rue Maurice Sibille. Les flics dépêchés sur place en profite pour évacuer le bâtiment. Des représentants de la mairie, de la préfecture et de l’association France Horizon (prestataire censé reprendre la gestion du squat transformé en CHU) sont présents.

Pendant plusieurs heures, les flics empêchent les habitants de retourner chez eux. Vers 21h, un représentant de la mairie annonce que personne ne sera mis dans un avion ce soir et que l’entrée dans le bâtiment sera possible pour toutes les personnes ayant été recensées sur les listes mises en place par l’association France Horizon. Pour cela, une militarisation de la zone d’entrée du bâtiment est organisée : des gendarmes mobiles sont appelés et prennent place devant le lieu, organisant une file pour filtrer l’entrée, rappelant les images d’exilés triés à leur arrivée en Italie.

Depuis, la situation de Bréa n’est absolument pas celle d’un centre d’hébergement d’urgence mais celle d’une lieu de semi-enfermement : présence régulière de policiers dans la rue, vigiles qui filtrent les entrées, impossibilité pour les soutiens de venir pour les cours de français et d’alphabétisation ou d’entrer pour rapporter de la nourriture, interdiction pour les habitants de recevoir la visite de leurs ami-es ou conjoint-es, régulière fouille des sacs à l’entrée.

De plus, de nombreuses personnes en situation irrégulière n’ont pu donner leurs noms sur les listes de peur d’une expulsion et se retrouvent donc à dormir dans la rue ! Si plusieurs familles et femmes seules ont été relogées, elles ne l’ont été que de façon provisoire (pour une semaine à un mois) et parfois dans des endroits très éloignés, rendant difficile l’accès aux rdv administratifs et aux associations pour la nourriture et le courrier qui se trouvent à Nantes.

Lundi 28 mai, alors que l’association France Horizon était censé prendre le contrôle de Bréa et en assurer la gestion (suivi social et organisation de la nourriture notamment), aucun-e travailleur-e social-e n’était présent-e sur le lieu et à ce jour, aucun-e n’est venue sur place !

La volonté des politiques était soi-disant de traiter le problème de l’accueil des exilé-es comme une urgence mais la lenteur des administrations, l’impossibilité pour les soutiens désormais de rentrer à l’intérieur du bâtiment, le manque de nourriture et la surpopulation ne font qu’attiser les tensions et les bagarres. Les habitants de Bréa sont donc parqués et contrôlés, privés de soutien à l’intérieur du lieu et leurs situations sociales laissées à l’abandon par les institutions.

Le collectif de soutien des habitant-es assure depuis lundi une « permanence trottoir » tous les jours, afin de trouver des solutions d’hébergement pour ceux qui ne peuvent plus rentrer dans Bréa, pour tous les nouveaux arrivants, pour amener couvertures et vêtements aux habitant-es qui en ont besoin et continuer à organiser les cours de français.

Alors que la mairie et la préfecture disent comprendre l’urgence de la situation, nous dénonçons un discours hypocrite : l’immigration n’est pas une urgence, c’est une réalité pérenne qui ne fera qu’augmenter dans les années à venir.

Si l’immigration est une urgence, des centres d’hébergement devront être crées tous les ans, alors qu’en réquisitionnant les logements vides à Nantes, il est possible de trouver des solutions d’habitat dans la durée et la stabilité pour toutes et tous !

Liberté de circulation et d’installation !