Achetez votre billet, la SNCF s’occupe du reste.

Jeudi 21 octobre accompagné de mon camarade Yan Lindingre je me rends au bouclage mensuel du journal Fluide Glacial. Nous partons de Nancy à 9h10 par le train Téoz. Les bouclages se déroulent de façon immuable. Vers midi, les dessinateurs et rédacteurs se retrouvent au siège du journal pour remettre leur travail , discuter de projets avec les responsables ou tout simplement bavarder. À 13 heures tout le monde part déjeuner. Ensuite, ce sont des allers et retours entre le restaurant et la rédaction, par petits groupes de travail ou d’affinités, pour remplir les ultimes espaces libres du journal, poursuivre les discussions. Yan Lindingre participe à ce bouclage pour la première fois. Il y fait connaissance de certains auteurs mythiques, apprend qu’en plus d’une série régulière que nous fabriquons ensemble, le journal va publier une histoire de six pages dont il est l’auteur, ainsi qu’une couverture en janvier. Nombreux sont les anciens du journal à apprécier les qualités humaines de ce petit nouveau dont ils ont déjà aimé les premiers travaux publiés. Pour ma part, fier d’avoir fait engager une recrue de choix, j’ai jeté avec le responsable du secteur édition, les bases d’un prochain livre. C’est donc dans un état d’esprit détendu et heureux qu’après un dernier verre nous quittons nos camarades vers 19h15, pour rejoindre la gare de l’Est.

Nous sommes très en retard, arrivons au quai à 19h41, le train part à 19h44. Mon collègue sort son billet de sa poche et le présente aux préposés qui font un curieux pré-contrôle : « Le train Téoz est à réservation obligatoire, seuls les voyageurs munis d’un billet et d’une réservation sont autorisés à monter dans la rame. Sinon c’est beaucoup plus cher » dit un des contrôleurs à un voyageur, tandis que je cherche mon billet, enfoui sous une vingtaine d’albums et revues de bandes dessinées récupérés au journal. (le matin à Nancy, ce même train Téoz était accessible sans pré-contrôle !)

Je cherche toujours fébrilement tandis que l’horloge tourne, puis je referme mon sac et me dirige en courant vers le train en disant aux contrôleurs : « je trouverai mon billet une fois dans le train, et le présenterai immédiatement ! ». Entré dans le premier wagon, j’avise un guéridon sur lequel poser mon très lourd sac. J’ouvre celui-ci pour continuer ma recherche. C’est alors que trois hommes en uniforme arrivent par l’autre côté. Le premier me dit sèchement : « veuillez présenter votre titre de transport ». Je réponds : « tout de suite messieurs, le temps de le sortir de mon sac ». On me répond « vous chercherez dehors » et on me pousse sans ménagement vers la porte de sortie. Je n’oppose pas de résistance, mais prends tout de même les passagers installés à témoins : « remerciez la SNCF et admirez les méthodes du service public ! ».

Au moment où je pose le pied sur la marche extérieure je prends un coup sur la nuque. Énervé, stressé, humilié puis frappé, je perds mon sang froid, je me retourne et réplique en assénant un coup de poing au visage de l’homme qui est juste derrière moi. Je suis alors projeté au sol, et ne pense plus qu’à me protéger, recroquevillé, les mains sur le visage. Les coups pleuvent, puis cessent enfin. J’ouvre les yeux, reçois un dernier coup de pied pour la route, et me retrouve les mains dans le dos, menotté. J’ai la surprise de voir mon compagnon Lindingre dans la même situation, le visage tuméfié. Entendant des cris, me voyant à terre passé à tabac, Yan a sauté dehors pour se porter à mon secours. Mon sac est par terre, mes affaires personnelles éparpillées sur le quai. Nous sommes conduits au bureau de police de la gare de l’Est où nous passerons un long moment, attachés, sur une chaise. Certains policiers sont calmes, d’autres s’adressent à nous tantôt agressifs, tantôt moqueurs. Ils parlent entre eux, je comprends qu’ils nous considèrent comme deux agitateurs imbibés d’alcool. Vingt minutes après les faits, les agents de la SNCF « victimes de nos violences » viennent plaisanter avec leurs collègues de la Police Nationale. Un agent que j’interroge sur la suite m’explique le détail de la procédure : cellule de dégrisement, mise en garde à vue de 24 heures, déposition et présentation au procureur. Je me contente de dire que je ne suis pas ivre. Et me prépare à de longues heures d’attente.

Il y a beaucoup d’animation, d’allées et venues de policiers. Régulièrement des gestes et des allusions appuyées : « alors, toujours beurrés » « ça dessaoûle ? ». Je me garde bien de faire remarquer qu’en cette semaine précise où un policier a été abattu par un collègue très éméché avec une arme de service, ces messieurs sont mal placés pour nous faire la morale. Je me contente, à chacune de leur intervention, de dire le plus poliment possible « messieurs, je ne vois pas de quoi vous parlez, je ne suis pas ivre ».

Un groupe arrive pour nous prendre en charge. Je me lève. Un des hommes me lance « alors, tu titubes ? »(on notera le tutoiement). Debout, les idées claires, et ferme sur mes appuis je réponds « non monsieur, pas du tout, vous voyez bien que je me tiens parfaitement droit ». Nous sommes d’abord conduits dans un commissariat pour passer dans cette fameuse cellule de dégrisement. Notre escorte (six hommes à chaque fois) se dispute avec le policier de permanence pour des motifs administratifs. Il n’a pas été prévenu dans les règles et visiblement la procédure n’a pas été respectée, nous n’avons pas été fouillés, ni débarrassés de nos effets personnels.

Bref, nous sommes refoulés. L’escorte nous conduit dans un hôpital. À chaque déplacement nous sommes installés à l’arrière d’un fourgon, menottés les mains dans le dos, sans ceinture de sérurité. Les chauffeurs de la police nationale conduisent plutôt sèchement. À l’hôpital, je suis pris en charge par deux très jeunes femmes qui me posent quelques rapides questions sur mon état de santé général, et prennent ma tension. Pas d’examen des blessures consécutives à la bagarre. Nous avons le temps de bavarder quelques instants et je leur explique brièvement les raisons de mon interpellation. De retour en salle d’attente, je demande à un policier une compresse pour mon oeil gauche contusionné. Il m’apporte lui-même la compresse, la pose sur l’oeil. Ça ne sert pas à grand chose puisqu’attaché je ne peux pas l’appliquer. Enfin, on nous conduit au commissariat de la Gare du Nord.

Je suis reçu par un Officier de Police Judiciaire plus courtois que la moyenne constatée jusqu’alors. Je décline mon identité, mes antécédents, ma profession de journaliste. « Comme ça t’auras une histoire à raconter » fuse au fond de la salle. On déclare ma garde à vue en m’informant de mes droits : un avocat commis d’office, une visite au médecin et un coup de téléphone. On détaille les charges qui pèsent sur moi :
ivresse sur la voie publique
violence
voie de fait sur personne ayant mission de service public
rébellion
violence en réunion.

Encore une fois je conteste l’état d’ivresse. Nous procédons à un examen par éthylotest. 0,28g, ce qui signifie 0,56 grammes. Je fais remarquer à l’Officier que la loi française autorise un conducteur à prendre le volant avec 0,50 grammes. Il me répond que la loi ne prévoit pas l’inscription de cet examen au procès- verbal. On me débarrasse de mes effets personnels, papiers, argent, ceinture, lacets. Je suis conduit dans une pièce vide où l’on me déshabille entièrement, Mes vêtements sont inspectés un à un avant de m’être rendus. Avant d’entrer en cellule, j’obtiens la permission d’aller aux toilettes. Un WC à la turque, sans chasse d’eau, baignant dans deux centimètres d’urine et gorgé d’excréments solides. Et c’est l’entrée dans la cellule où je retrouve Yan Lindingre et dix autres prévenus, entassés dans ce local d’une dizaine de mètres carrés. Ceux qui ne dorment pas me saluent. Il y a là un exhibitionniste, un gang de voleurs de portables, deux escrocs au chéquier, des resquilleurs multirécidivistes… Le sol est jonché de papiers, reliefs de nourriture, un des détenus crache régulièrement devant lui, un autre a déféqué juste devant la porte.

À 1h30, ma femme qui nous attendait à Nancy au train de 22h30 est prévenue par téléphone : « votre mari est en garde à vue, pour ivresse publique et violence sur agent de surveillance ». Son inquiétude initiale est apaisée, elle sait où je suis. Une autre la taraude : « dans quel état se trouve la victime ? ». Ma fille est furieuse. Un longue nuit commence, et les multiples douleurs qui font suite à mon passage à tabac se réveillent. Nous faisons le point avec Yan, revoyons les dernières heures, tentons de prendre du recul,plaisantons même de notre situation pour se remonter le moral.

Des conversations se croisent, interrompues parfois par des ronflements, des cris venus de la cellule voisine, de coup de sang d’un ou l’autre des co-détenus qui se met à cogner les portes vitrées, hurler. Régulièrement une équipe de policiers vient prendre en charge un détenu pour le conduire chez le médecin ou devant l’avocat. Cela donne généralement lieu à de vifs échanges, de part et d’autre de la cloison. Les policiers répliquent facilement aux insultes, en rajoutent même, les provoquent. L’un deux imite le cri du singe à l’adresse d’un détenu noir, un autre passe la tête par la porte et lance goguenard « les gars, je ne sais pas comment vous pouvez dormir là-dedans, ça pue ! ». La plupart de nos compagnons de cellules disposent d’un vocabulaire d’une dizaine de mots. La plupart des policiers, guère plus. La jeune auxilliaire qui vient parfois surveiller les cellules, voyant que je me tiens l’épaule et que j’ai du mal à me tenir droit me propose d’aller voir le médecin avec le prochain convoi.

Elle porte un plateau couvert de gobelet. Un de ses collègue lui glisse : « Fais les encore mariner ces enculés ! » À un détenu allongé par terre qui crie « c’est ça, et nique ta mère » elle répond « si je serais ta mère je serais pas fière ». Tout de suite, c’est l’entrevue avec l’avocate de permanence. Son intervention est symbolique, puisqu’on ne se verra plus après. Mais la conversation est précieuse, car pour la première fois depuis plusieurs heures j’ai le sentiment de parler à un être humain. Et nous pouvons évoquer la suite des événements avec objectivité. Notre affaire est simple, presque habituelle pour elle, et peut connaître trois dénouements :

1-le procureur estime que les faits reprochés ne méritent pas de poursuite et l’affaire est classée. Peu probable. 2-le procureur au vu des faits lance une procédure, nous convoque devant un tribunal dans un délai de plusieurs mois. À nous de préparer notre défense avec un avocat qui aura accès au dossier. Très probable. 3-le procureur juge les faits suffisamment graves pour nous faire passer en comparution immédiate. Peu probable.

D’après sa conversation avec l’Officier de Police Judiciaire, nous serons auditionnés à l’arrivée de l’équipe de jour, vers 7h30. Elle envisage une sortie pour la fin de matinée. J’explique à l’avocate les différents points du dossier que je conteste, ceux que je reconnais. Et mon intention, une fois sorti, de déposer à mon tour plainte pour coups et blessures, ainsi que vol, car dans l’échauffourée ma veste de cuir a disparu ; les policiers ne l’ont pas retrouvée sur le quai. L’avocate me donne les consignes à suivre, pour l’audition dans l’affaire en cours, puis pour la plainte envisagée.

Retour en cellule. Il est 5h45 lorsqu’on me conduit chez le médecin. L’épaule me fait souffrir, mon bras est presque bloqué. Malgré ma demande, les policiers me menottent par derrière, en forçant un peu l’articulation. Le transfert se fait en fourgon, toujours à l’arrière, toujours sans ceinture. Le médecin des urgences médico-légales est un homme d’origine tunisienne, discret, à l’écoute, calme. Je ne prends pas la peine de lui expliquer pourquoi je me trouve devant lui, c’est un couplet qu’il doit entendre trop souvent. De son côté il ne pose aucune question qui ne concerne mon état de santé. Il constate l’hématome à l’œil gauche, quelques griffures et une importante contracture musculaire de l’épaule droite, pour laquelle il demande une radiographie. Il me propose des comprimés pour la douleur.

Pour le retour, je dis cette fois fermement au policier mon refus d’être menotté mains en arrière, les conclusions du médecin prouvant la réalité de la blessure. Le policier accepte mais me promène dans la rue et les couloirs de métro comme une prise de chasse maintenue en laisse, sous le regard des nombreux parisiens qui à cette heure se pressent pour gagner leur travail. Humiliation supplémentaire. Le voyage en fourgon est épique. Le médecin est couvert d’injure. J’avais cru percevoir qu’il n’appréciait guère les policiers non plus. Le chauffeur fait la course avec un autre véhicule de police.

Ses collègues l’encouragent en s’esclaffant. Au milieu de la chaussée, il donne de brefs coups de volant à droite et à gauche qui font tanguer les passagers. Empruntant un couloir de bus, il freine brutalement et fait marche arrière jusqu’à ce que le taxi qui suivait klaxonne. Un des agents mets en marche le gyrophare. Rires. Dans un virage, la roue arrière heurte violemment le trottoir. À l’arrivée au commissariat, les policiers sont hilares. Je n’ai pas pris la peine de demander un peu de considération pour mon épaule meurtrie. Je n’avais toujours pas de ceinture de sécurité. Il est 8 heures lorsque je retourne en cellule. Les choses se décantent. Les uns après les autres, nos compagnons sont appelés, qui chez le toubib, qui chez l’officier pour déposer. À dix heures, les cellules sont nettoyées avec de puissants détergents qui brûlent les yeux et les poumons. Le début de la matinée a été agité, beaucoup de nouveaux arrivent en cellule, dont trois gamins d’une dizaine d’année. De jeunes roumains traités sans ménagement par leur geôliers. À leur entrée, spontanément, chacun se pousse pour leur faire de la place dans l’espace surpeuplé.

Je suis fatigué, mais soulagé de voir arriver le jour. Plus le temps passe, moins il en reste à passer dans ce cul de basse-fosse. Soulagé aussi d’avoir tenu, sans crier, sans pleurer. De n’avoir pas cédé à la tentation de répondre aux provocations. À présent nous passons le plus clair du temps à deux ou trois dans la cellule, nous pouvons nous allonger sur les banquettes de bois. Mais malgré moi je me trouve dans un état d’éveil et d’excitation qui me fait sursauter au moindre bruit, à me dire ça y est, c’est pour nous. Un « collègue », retour d’audition nous renseigne : il est 10 heures. Toujours rien. Nous ignorons que l’aventure doit durer encore plus de cinq heures. Mais à partir de ce moment, le temps va passer plus vite ; comme s’il y avait eu un déclic. C’est d’abord un officier en tenue qui vient m’apporter des antalgiques que le docteur a confiés pour moi, nous propose à boire, offre à Yan Lindingre de téléphoner à quelqu’un, puisqu’il ne l’a pas encore fait, nous explique pourquoi notre audition tarde : il y a eu pléthore de gardes à vue dans la nuit, le commissariat est saturé. Ce même officier viendra plusieurs fois dans la matinée prendre de nos nouvelles et dire des paroles réconfortantes.

Un autre officier, en civil, qui vient chercher un prévenu pour une audition s’adresse à nous par une allusion amicale à notre profession de dessinateurs. Il semble que l’équipe de jour se soit penchée sérieusement sur le dossier et estimé, au vu de nos casiers vierges, de notre comportement civilisé en détention et de notre profession que l’on pouvait bénéficier de la présomption d’innocence et des précautions afférentes. Les violences qui nous étaient reprochées pouvant être le fruit de circonstances accidentelles. À 13heures, un officier vient me chercher pour l’audition. Il déclare en préambule avoir pris connaissance du dossier et des charges, me les rappelle brièvement, et me dit son intention de ne pas en rajouter.

Il me conseille de reconnaître les faits (j’en avais bien l’intention), dit que mon état alcoolique peut dans ce cas précis constituer une circonstance atténuante si je déclare ne plus trop me souvenir des faits. J’accepte son point de vue, avec une réserve pour ce qui est de l’état alcoolique, car je me souviens du déroulement des faits dans les moindres détails. Il m’en demande le récit, afin que nous décidions ensemble ce qui doit être gardé dans la déposition. Je prends à ce moment connaissance de la version des plaignants. Je serais arrivé sur le quai en titubant, sentant l’alcool, tenant des propos incohérents, forçant le passage pour monter dans le train. Un contrôleur croisé sur le quai, alerté par mon haleine chargée d’alcool aurait pris la décision de retarder le départ du train pour m’en faire sortir. J’aurais insulté les vigiles avant de les frapper.

Je renouvelle mon désaccord avec cette version, selon moi scénarisée par les agents de la SNCF afin de me charger, et de couvrir les débordements de leurs vigiles. Je relève quelques incohérences. Notamment le fait que Yan Lindingre auquel on reproche également son état alcoolisé, a présenté son billet aux mêmes personnes, et pu monter dans le train sans problème. Le policier me dit qu’il réserve son point de vue au procureur. Le fait que le médecin des urgences-légales m’ait prescrit trois jours d’interruption temporaire de travail, autant que le vigile de la SNCF, peut avoir son importance.

Nous rédigeons ma déposition, dans laquelle je reconnais avoir consommé du vin pendant le repas de midi, et bu un dernier verre avant de quitter la réunion de travail du journal ; être monté dans le train sans présenter mon billet au pré-contrôle ;avoir frappé par réflexe, en réplique à un coup reçu et le regretter. Avoir été ensuite rossé, sans violence excessive. Je signe la déposition. Le policier m’expose les suites possibles, comme l’avocate la nuit précédente. Il me promet de transmettre rapidement ses conclusions au procureur dès 14 heures. Revenu en cellule, Yan Lindingre me racontre sa propre audition. Lui aussi a pu être écouté par un officier sans à- priori. Nous sommes partagés entre la confiance que nous inspirent ces policiers « de jour », et la menace qui pèse encore de passer une nuit au dépôt (« à côté la garde à vue c’est une colonie de vacances » m’a-t-on dit) avant une comparution immédiate le samedi matin, avec un avocat commis d’office, extérieur au dossier.

Le jeune policier en tenue vient une nouvelle fois nous visiter, nous informe que notre affaire sera examinée en neuvième position par le procureur. Nous bavardons quelques minutes. Puis c’est l’ultime attente. À 15 heures, nous apprenons que le procureur, à l’examen du dossier, estime qu’il n’y a pas lieu de poursuivre la procédure. Le dossier est classé sans suite. Nous récupérons nos affaires personnelles, ceintures et lacets. Passons quelques minutes encore à parler de cette expérience avec les officiers, qui nous saluent cordialement. Il est 15heures30, nous quittons le commissariat. Dehors le soleil brille.

Tout cela pour un billet de train coincé au fond d’un sac. Je n’éprouve ni haine ni rancune. Je n’ai même plus l’intention de porter plainte, malgré les coups, l’arbitraire, la perte de ma veste, le saccage de mes livres. J’ai simplement envie de transmettre ce témoignage sur la fragilité d’un statut d’homme libre. Une succession de malentendus, la mauvaise foi, la calomnie vous font plonger même en France au plus profond en l’espace de quelques heures, quelques minutes. Vous met à la merci de n’importe quelle gouappe drappée dans son uniforme, pour laquelle vous n’êtes plus qu’une sorte de crotte qui se trouve là, accusée, parce qu’ « il n’y a pas de fumée sans feu ». Et aussi poser cette question : dans un état de droit, est-il acceptable qu’une entreprise de service public emploie une police interne qui se comporte comme une milice, laquelle peut remettre à la Police Nationale, avec un rapport à charge, n’importe quel individu qu’elle aura décidé d’accuser. Quant à la politique commerciale de la SNCF, on ne s’y intéresse plus depuis longtemps.

Lefred-thouron

sources

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