Pour être plus précis, ce chapitre devrait s’intituler « Etude comparée entre la Réforme par le travail dans les années 80 et la Rééducation par le travail dans les années 90 dans la province du Hubei ». Je ne peux en effet comparer que ce que j’ai vécu et entendu dire après avoir été incarcéré pendant huit ans dans les années 80 pour avoir lancé le mouvement du mur de la démocratie à Wuhan et l’expérience de deux ans de rééducation par le travail qui m’a été imposée dans les années 90 pour avoir lancé le mouvement de la « Charte de la paix ». Cette comparaison, qui n’a rien de scientifique, a toutefois le mérite d’aborder un certain nombre de questions.

À vrai dire, un camp de réforme par le travail n’est pas le paradis. Au regard des normes internationales, non seulement les conditions qui règnent dans les prisons chinoises sont abominables, mais la question des droits de l’homme s’y pose avec une extrême acuité. Les prisonniers y perdent toute liberté de mouvement et, en plus, ils subissent toutes sortes d’humiliations, mais, comparée à la « rééducation par le travail » (laojiao), la situation dans les camps de « réforme par le travail » (laogai) y est beaucoup plus libre.

Selon la formulation traditionnelle du gouvernement chinois, la « réforme » (laogai) est destinée à régler les « contradictions entre l’ennemi et nous » alors que la « rééducation » (laojiao) concerne la résolution des « contradictions au sein du peuple ». Comment se fait-il alors qu’on se montre clément avec les ennemis et impitoyable avec le peuple ?

Selon l’acception actuelle du gouvernement chinois, la réforme est un châtiment pénal alors que la rééducation est la plus grave sanction administrative. Aussi comment se fait-il que la réforme offre des conditions beaucoup plus libres et beaucoup plus humaines ?

De toute évidence, pour ceux qui n’ont pas fait l’expérience des deux régimes, il est impossible de comprendre la situation exposée ci-dessus. Par quel mystère cette différence est-elle possible ?

La réforme par le travail (laogai) en Chine est au fond un châtiment légal officiel. Les unités chargées de sa gestion sont les organes judiciaires. Aussi, depuis le début des années 80, les différents aspects du travail ont-ils commencé à être systématiquement exécutés selon des règles légales. L’action face à une violation de la loi n’est pas seulement une obligation des administrateurs à l’égard des administrés mais également des administrés à l’égard des administrateurs. En revanche, les camps de rééducation par le travail (laojiao) sont des prisons privées créées par le corps de la police ; il s’agit d’unités clandestines situées en dehors de la justice moderne, où l’absence de toute législation permet aux administrateurs d’agir entièrement à leur guise. Toutes les règles des autorités centrales et locales qui permettent aux administrateurs d’abuser de leur pouvoir sont utilisées sans réserve, à tous les niveaux de la hiérarchie ; en revanche, tous les avantages qui pourraient profiter aux administrés sont limités strictement de mille façons. C’est seulement parce que la peine maximale des condamnés à la rééducation par le travail est de trois ans que les centres de rééducation ne connaissent pas un taux de mortalité élevé. Si l’ensemble des méthodes de gestion des centres de rééducation était appliqué aux unités de réforme par le travail, tous les détenus qui ne bénéficient pas du soutien financier et matériel de leur famille n’atteindraient pas la cinquième année. Ils seraient tous morts avant ! Pensez-vous en effet qu’un prisonnier qui reste pendant une longue période sans manger ni matière grasse ni légumes – la « flotte-sur-l’eau » équivaut la plupart du temps à une absence de légumes -, sachant que la quantité est toujours insuffisante et que, dans tous les cas, la journée de travail est de quatorze à quinze heures, que, s’il n’a rien à faire, il est obligé de rester « assis en rang » sur le ciment, qu’à longueur d’année il dort allongé sur un châlit en ciment, et si vous ajoutez à ce traitement les coups infligés à tout moment par les policiers, le « comité de gestion populaire » et le chef d’équipe, pensez-vous que ce prisonnier, quelle que soit son endurance, puisse survivre ainsi très longtemps ?

Je vais à présent établir une comparaison entre divers aspects de la réforme et de la rééducation par le travail.

Je commencerai par comparer les personnes soumises à ces deux systèmes d’emprisonnement.

Parmi les condamnés à la rééducation par le travail (laojiao), les individus à la marge de la société et dont la délinquance constitue le métier représentent une proportion assez importante. Comme dit le proverbe, pour ces personnes c’est « des crimes jamais, des délits sans arrêt ». Le plus souvent, ils vivent de délits tels que cambriolage, vol à la tire, escroquerie, chantage, extorsion de fonds. Bien qu’ils ne représentent pas une menace grave pour la société, ils sont pour elle un prurit constant qui provoque douleur et démangeaison, contre lesquelles il n’existe cependant pas de remède. Le plus souvent, ces gens ne respectent pas les règles générales de la société ; ils passent leur vie à s’emparer du bien d’autrui soit par la ruse, soit par la force, et font régner la loi de la jungle. Evidemment, ces individus constituent aussi l’armée de réserve des grands criminels. Par exemple, le 30 septembre 1994, sur la quarantaine de personnes condamnées à mort par le tribunal de moyenne instance de Wuhan, plus d’une dizaine d’entre elles avaient déjà été condamnées à la rééducation par le travail, ce qui équivaut à près du tiers.

Chez les condamnés à la réforme par le travail (laogai), la proportion de vagabonds, voleurs et pickpockets est bien moindre que dans les centres de rééducation. Cela s’explique par le fait que l’éventail des crimes et délits sanctionnés par l’autorité judiciaire est beaucoup plus large que celui des délits concernés par la rééducation. Les crimes tels que crimes économiques, assassinats, incendies volontaires, viols, attaques à main armée et autres représentent une proportion relativement élevée. Du point de vue de la société, la faute commise par ces individus est peut-être plus grave, mais, dans l’ensemble, ces gens ontdes personnalités relativement plus « normales ». En général, ils sont capables de respecter les règles de base de la société et ne s’abaisseraient pas comme les premiers à commettre toutes sortes de crapuleries, ni à se conduire de manière déraisonnable en s’en prenant aux faibles tout en craignant les forts.

Cependant, si le régime de la rééducation (laojiao) est plus inhumain et bafoue totalement les droits de l’homme, cela ne peut évidemment pas être imputé à la qualité des gens qui y sont soumis.

Le deuxième point concerne les condamnations et l’exécution des peines.

Sous le régime de la rééducation (laojiao), les peines et leur exécution sont du seul ressort de la police [Note : Dans les camps de rééducation chinois, les gardiens sont des policiers]. Comme il n’existe aucune règle précise et que la police n’est soumise au contrôle d’aucun autre organisme, elle a le champ entièrement libre pour condamner arbitrairement, allonger ou diminuer arbitrairement les peines et violer arbitrairement tous les droits. Du fait de ce fonctionnement secret, l’individu se trouve dans l’impossibilité quasi totale de faire observer les règles d’équité normales de la société et même de bénéficier du droit de recours devant la société – porter plainte, accuser, faire appel, poursuivre en justice.

Dans les cas de condamnation et d’exécution d’une peine de réforme par le travail (laogai), il est impossible d’éviter que les personnes incarcérées soient victimes de fausses inculpations ou d’erreurs judiciaires et que leur droit de faire appel leur soit arbitrairement dénié. Mais, du fait du contrôle réciproque des trois instances citées (justice, police et administration des camps), la proportion de ce type de cas est très largement inférieure à ce qui se produit pour les condamnés à la rééducation. En même temps, compte tenu de l’existence d’une réglementation précise, le travail de gestion se fait sur une base tangible. Les organes exécutifs n’ont absolument pas le droit de réduire ou d’allonger les peines à leur guise, ce qui renforce grandement le sérieux des condamnations. Par ailleurs, lorsque les détenus sont accusés à tort, ils ont la possibilité, du moins selon la loi, de faire appel. Ainsi, lorsque les autorités dénient au détenu le droit de faire appel, elles se placent elles-mêmes en infraction vis-à-vis de la loi. Dans ce cas, même si l’on ne peut empêcher les autorités de bafouer les droits des détenus, celles-ci ne peuvent plus se prévaloir d’un cadre légal et, par conséquent, en théorie, cela empêche les policiers des camps de réforme d’ignorer totalement les droits des prisonniers comme le font les policiers qui gardent les camps de rééducation.

Le troisième point que je veux aborder concerne le travail, les accidents et la médecine. D’après certains documents que j’ai pu consulter sur la rééducation, l’Etat stipule clairement que les revenus du travail des condamnés à la rééducation (laojiao) sont entièrement exonérés d’impôts et qu’ils doivent seulement servir à améliorer l’environnement de la rééducation et la vie des détenus. Or, dans la réalité, les choses ne se passent pas du tout ainsi. Pas un centime du produit du travail des rééduqués n’est utilisé pour améliorer l’environnement et la vie dans les camps. Cet argent est versé sous forme de primes aux policiers qui gardent les camps ou sert à couvrir d’autres dépenses de fonctionnement.

Sans exagérer le moins du monde, on peut dire que les camps de rééducation traitent les condamnés comme des esclaves entretenus aux frais de l’Etat. Chaque mois, l’Etat (c’est-à-dire, au bout du compte, le contribuable, évidemment) verse 55 yuans par détenu pour couvrir ses frais d’entretien, et la totalité du produit du travail des condamnés revient entièrement à l’administration du camp, laquelle utilise tous les moyens possibles pour accaparer l’argent des familles des détenus !

Dans les camps de réforme par le travail (laogai), après prélèvement par l’État de l’argent servant à verser les salaires présumés, le produit du travail des détenus est distribué comme primes au prorata des bénéfices réalisés. Bien qu’il y ait de grandes disparités dans le montant des primes selon les profits réalisés dans les différents camps, ces primes jouent toujours un rôle important dans l’amélioration de la situation économique des détenus.

Dans les centres de rééducation, toutes les dépenses doivent être assumées par les détenus, les vêtements de travail ne faisant bien sûr pas exception à la règle. Dans les camps de réforme, ils sont en revanche fournis gratuitement.

Dans les centres de rééducation (laojiao), les accidentés doivent systématiquement payer les soins eux-mêmes. Quant aux blessés qui restent infirmes en quittant le camp, ils ne touchent bien sûr aucune indemnité pour leur handicap.

Dans les camps de réforme (laogai), non seulement les soins des accidentés du travail sont toujours gratuits, mais les handicapés touchent au moment de partir une petite indemnité selon les règles fixées par l’État.

Pour ce qui est des traitements médicaux, dans les camps de rééducation, on n’a pas le droit de voir un médecin pour les maladies ordinaires. Même s’il est à l’article de la mort, le malade doit payer lui-même les frais médicaux. S’il n’a pas d’argent, on le libère juste avant qu’il meure. S’il meurt avant qu’on ait eu le temps de le libérer, il est déclaré « mort de mort naturelle » par le camp, qui est dégagé de toute responsabilité.

Dans les camps de réforme, chaque brigade compte un infirmier qui soigne les maladies bénignes. Lorsqu’il s’agit d’une maladie plus grave, le malade est transporté à l’hôpital du camp où les soins sont entièrement gratuits.

Le quatrième point concerne les méthodes de gestion. L’exposé quiprécède permet de distinguer la rééducation (laojiao) de la réforme (laogai) : le sujet de la rééducation est le peuple alors que celui de la réforme est l’ennemi. Le sujet de la rééducation devant seulement être rééduqué, dès l’origine, les centres du laojiao n’ont pas été pourvus, comme les camps de réforme, d’importants effectifs armés, de hauts murs et de clôtures électrifiées et sont seulement surveillés dans l’enceinte de la détention. C’est pourquoi aussi, en apparence, il s’agit d’une forme de gestion qui semble tout à fait souple. Mais, à cause du grand nombre d’évasions survenues au fil des années et de l’impossibilité de revenir sur le principe du « relâchement à l’extérieur », l’administration des camps a instauré une « gestion stricte » à l’intérieur. Depuis que les revenus et les primes des policiers ont été indexés sur le travail de prévention des évasions, le système « intérieur strict, extérieur souple » a été poussé à l’extrême. C’est-à-dire qu’en apparence le mode de gestion des centres de rééducation par le travail est resté le même ; il n’y a pas de gros effectifs armés assurant la garde, il n’y a pas de hauts murs ni de clôtures électrifiées, mais les fenêtres des locaux de chaque brigade ont été pourvues de barreaux de fer, tous les couloirs à ciel ouvert ont été équipés de grillages antiévasion et, s’il arrive par hasard que les détenus ne soient pas occupés à travailler ou à étudier, ils sont obligés de rester « assis en rang ». Même pour faire la lessive et pour aller aux toilettes, les détenus doivent se ranger en file ; en outre, des équipes de cogneurs et de « comités de gestion populaire » coordonnées avec les chefs d’équipe ont été mises en place pour assurer une surveillance constante de chacun des faits et gestes des détenus, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Dans les camps de réforme, les murs d’enceinte sont coiffés de grillages électrifiés et des policiers armés montent la garde ; à l’intérieur, les locaux sont partagés entre les zones de détention et les zones de travail. Comme le dispositif antiévasion de base fonctionne parfaitement, on exige seulement du détenu qu’il « ne quitte pas à sa guise la zone d’activité qui lui est assignée ». Ainsi, pendant le temps de travail, les détenus disposent de moments qu’ils peuvent occuper librement. Une fois entrés en détention, sur le terrain de basket, dans la salle de classe et dans les chambrées, ils peuvent aussi jouir de temps libre. C’est-à-dire que quand ils sont enfermés dans les chambrées, en dehors des moments consacrés à l’étude, ils ne sont pas obligés de se tenir « assis en rang ». Ainsi, en un sens, comparés aux condamnés à la rééducation (laojiao), les condamnés à la réforme par le travail (laogai) sont presque des hommes libres !

En ce qui concerne les moyens de gestion, le système « strict à l’intérieur, relâché à l’extérieur » repose sur l’idée que les policiers, les comités de gestion populaire et les chefs d’équipe peuvent cogner sur les détenus comme bon leur semble.

Les moyens de gestion des camps de réforme par le travail obéissent à des règles juridiques précises. Les détenus qui s’éloignent volontairement des zones d’activité qui leur sont assignées s’exposent à être menottés ou enfermés ; les détenus qui s’évadent ou qui récidivent peuvent être soumis ou immobilisés par des moyens violents. Ainsi, dans la gestion courante, le traitement de base étant la persuasion, le principe selon lequel celui qui respecte la discipline n’est pas « maltraité » est relativement efficace.

En ce qui concerne les sanctions, la rééducation et la réforme sont radicalement opposées. Comme la sanction principale, ce sont les coups, les moyens comme le ligotage, le port des menottes et renfermement ne sont plus tellement nécessaires. En revanche, on procède fréquemment à des allongements de peine. Prolonger la détention de dix jours, un mois constitue la mesure de rétorsion la plus courante.

Les camps de réforme par le travail doivent être gérés conformément à la loi et la plupart des condamnés à la réforme ont une connaissance minimale des droits protégeant l’individu. Ainsi, les policiers se refrènent relativement. En général, ils ne frappent pas les détenus sans raison ou, dans le cas contraire, ils risquent que le détenu porte plainte devant les diverses instances supérieures. D’ailleurs, dans les brigades de réforme par le travail, il n’est pas rare que des policiers qui ont frappé des détenus sans raison soient obligés de faire leur autocritique. Lorsqu’il est avéré qu’un détenu a gravement enfreint les règles du camp, et que le ligotage, le port des menottes et l’enfermement sont devenus nécessaires, il arrive que ces méthodes soient utilisées de manière abusive. Sinon, les organes de gestion des camps de réforme n’ont absolument pas le droit d’allonger les peines, à moins que la décision n’ait été prise officiellement par un tribunal.

C’est pourquoi une des grandes différences entre la réforme (laogai) et la rééducation (laojiao) est que le policier affecté à un camp de réforme qui bafoue les droits d’un prisonnier sait lui-même qu’il enfreint la loi, alors que dans le même cas un policier affecté à un centre de rééducation considère qu’il ne fait qu’appliquer la loi.

Le cinquième point concerne la vie quotidienne, les aides et les frais. Pour les condamnés à la rééducation (laojiao), la seule chose qui soit fournie gratuitement par l’administration est la nourriture (toutefois, quand les condamnés sont employés dans des organismes d’État, ce sont ces derniers qui paient), laquelle est composée d’une livre environ de céréales et d’eau tiède dans laquelle trempent des légumes.

Dans l’année, à l’exception du Nouvel An et des jours d’inspection par la hiérarchie, l’huile n’est jamais utilisée pour cuire les aliments. Avec les travaux de force à accomplir chaque jour, personne ne pourrait survivre très longtemps en absorbant aussi peu de nourriture. Quant aux « allocations pour intempéries », personne n’en a jamais vu la couleur. En été, il arrive qu’on fasse infuser une bassine de thé mais ce sont les détenus eux-mêmes qui doivent mettre la main à la poche pour payer le seau à thé et les feuilles de thé. L’allocation mensuelle est généralement accaparée par le centre de rééducation ou la brigade et ne parvient jamais au détenu. Au cours de mon séjour de près de deux ans au centre de laojiao de Hewan, je ne l’ai touchée qu’une fois. Pour ce qui est des couettes, draps et taies d’oreiller, lorsqu’on ne les fournit pas soi-même, on est obligé de les cantiner collectivement auprès de la brigade, juste pour rassurer les visiteurs les jours d’inspection. Le plus absurde, c’est que, dans le but d’éviter les évasions, il est absolument interdit d’accrocher des moustiquaires ! Et, de toute façon, vu le grand nombre de détenus entassés dans les chambrées, même s’il y en avait, beaucoup ne pourraient pas les accrocher.

La nourriture des camps de réforme par le travail (laogai) est assez infecte aussi mais, comme le prévoit le règlement, chaque semaine on a droit à un peu de viande. Dans les plats, pas d’huile non plus mais quelques légumes, ce qui permet au détenu de survivre pendant une longue période. De plus, comme ils disposent d’un peu de temps libre, tous les détenus récoltent des plantes sauvages, tuent des souris et inventent tous les moyens possibles pour améliorer l’ordinaire. Par ailleurs, l’allocation mensuelle est régulièrement versée sur le pécule, ce qui permet d’acheter le dentifrice et le savon. Quant aux couettes, draps et taies d’oreiller, ils sont fournis par l’administration. Il en est de même pour les moustiquaires. Il n’est pas question de les interdire sous prétexte de lutter contre les évasions.

Pour les condamnés à la réforme par le travail (laogai), il est tout à fait inimaginable que les condamnés à la rééducation (laojiao) soient obligés chaque année de demander de fortes sommes d’argent à leur famille pour payer toutes sortes de dépenses et de charges réclamées par le centre de rééducation ainsi que l’argent extorqué par les comités de gestion populaire et les chefs d’équipe.

Comme chacun sait, d’après la loi chinoise, la réforme par le travail est une condamnation qui frappe les délinquants ayant commis des crimes alors que la rééducation est la plus forte sanction administrative qui frappe les citoyens ayant commis des délits ou des fautes graves. Pourtant, si l’on en juge par la comparaison que je viens d’établir, je suis sûr que le lecteur aura du mal à croire qu’en réalité la rééducation est une peine où toutes les dépenses sont à la charge du détenu, et que seule la durée de la peine est plus courte.

Mais ce n’est pas tout : les condamnés à la rééducation doivent travailler sans rémunérations. Les centres de rééducation tirent un grand profit du temps de détention des condamnés grâce à l’argent qu’ils extorquent par tous les moyens aux familles des détenus. Tous ces faits bafouent totalement l’esprit d’une législation moderne et relèvent en fait d’un mode d’esclavage déguisé.

Qin Yongmin