(1) UN PTIT RAPPEL DES FAITS ?
18-19 novembre : réquisition et expulsion de l’ancienne école des Beaux Arts.
22 novembre – 7 mars : occupation à la fac, de Censive et du Château du Tertre.
8 mars – aujourd’hui : occupation de l’Ehpad Bréa.
La vie suit son cours tant bien que mal, dans des conditions toujours plus précaires : la cantine s’est arrêtée faute de dons, les cours de français ont continué de s’autogérer, les permanences médicales ont été maintenues jusqu’à la semaine dernière, l’électricité saute régulièrement…

(2) QUEL EST L’AVENIR DE L’EHPAD OCCUPÉ ?
La préfecture a accepté que la résidence Bréa devienne un centre d’hébergement d’urgence de 120 places géré par l’association FRANCE HORIZON. Jusqu’à cet été. Le déménagement vers un second lieu pouvant accueillir une centaine de personnes est prévu pour septembre.

Sans engagement et avec un certain flou, il nous est dit que cet hébergement devrait être « pérenne » (donc pas d’hébergement pour trois nuits) et pourrait accueillir des personnes en situation irrégulière. Personne ne sait encore aujourd’hui comment se déroulera l’installation dans les lieux, alors qu’il y a plus de 200 personnes qui habitent ici.

45 autres places en baux précaires vont être attribuées à des personnes « sous statut », gérées par l’association UNE FAMILLE UN TOIT.

(3) IL S’EST PASSÉ QUOI AVEC LA MAIRIE ?
On a obtenu dès le premier jour une trêve des expulsions.
Depuis, il y a des « réunions d’étapes » avec l’adjointe au maire Aicha Bassal et d’autres institutions (Nantes Habitat, Logis Saint Jean qui reprend le bâtiment pour en faire un foyer de jeunes travailleurs). C’était souvent à la mairie mais ielles ont fait le déplacement deux fois à Bréa, dont hier. Cette dernière rencontre a permis aux habitant.e.s, pour la première fois, de tout âge et de toute nationalité, d’exprimer leurs inquiétudes, leur méfiance, leur mécontentement.
Personne ne souhaite être mis en compétition pour un toit. Personne ne veut retourner à la rue. Personne ne comprend l’inaction de l’Etat, et sa lenteur pour résoudre par l’urgence un problème de longue date.

(4) COMMENT SE PASSENT LES NÉGOCIATIONS ?
Ces réunions avec la mairie ne sont pas des lieux de négociations puisque la préfecture en est absente. La mairie et la préfecture négocient dans leur coin, puis la mairie nous convie pour nous informer de l’état d’avancée des discussions. C’est ainsi qu’a été négocié que Bréa ne devienne pas un centre de tri mais un centre d’hébergement inconditionnel géré par le 115.
Le CRAN (soutiens et exilé.e.s) fait systématiquement part de ses revendications, notamment :
* personne à la rue
* accélérer l’obtention des papiers
* faciliter l’accès à la culture, à la scolarisation, au transport
* pas de fichage/recensement
* mise en place d’un guichet par les services de l’état pour les personnes dites « prioritaires » afin de désengorger Bréa en attendant la mise en place du centre d’hébergement : familles, femmes enceintes, mineurs devraient déjà avoir des solutions d’hébergement viables. Or, le 115 les déboute déjà… Donc la mise en place d’un centre d’hébergement d’urgence ne résout rien.

Nous y discutons aussi de choses où les résultats peuvent être rapidement concrets : alimentation, poubelles, électricité, plomberie… et du voisinage (qui ne se plaignait pas trop jusqu’à l’arrivée de la BAC et des casqués dans la rue le 31 mars.).

(5) ALORS ÇA Y EST LA LUTTE EST FINIE ?
165 places obtenues, mais plus d’une centaine d’autres personnes ont besoin d’un toit.
La loi asile et immigration va raviver les tensions en enfermant puis en expulsant toujours davantage d’exilé.e.s venu.e.s pour se loger, travailler, étudier, grandir, vivre dignement et comme tout le monde, sans distinctions, sans sélections.
Non, la lutte des exilé.e.s, du droit au logement et à une vie digne, n’est pas prête d’être finie. Comme le répète Aicha Bassal, pour glorifier l’action de la mairie dans son « rapport de force avec la préfecture » (#MairieEnLutte) : « c’est un début. »
La mairie de Nantes souhaite se servir de Bréa comme d’un exemple auprès de la préfecture pour négocier l’ouverture de nouvelles structures d’hébergement, et par la même fermer les squats.
Nous entendons cette stratégie et nous y greffons avec joie, même sans invitation explicite ! La réquisition est notre moyen d’action. Ouvrons des squats chaque saison pour que l’hébergement fleurisse ! Sème ton squat