L’idée du collectif n’a plus rien à voir aujourd’hui avec l’idée d’un collectif qui n’accepterait ses membres qu’à la condition de les voir se dissoudre en son sein. C’est la notion stalinienne et sectaire du collectif pour lequel sont sensées s’auto-sacrifier chacune des singularités qui le composent.
Or cette notion est aujourd’hui obsolète quand celle d’un assemblage spontané de complicités singulières (+ ou – autonomes) s’installe peu à peu. C’est la tactique du bloc.
Car tenter de plier une multitude de visions variées pour les ranger toutes dans une même enveloppe est absurde, et brutal.

Cette capacité à articuler des composantes hétéroclites pour avancer, est depuis le début sur la zad de nddl un des mécanismes qui participent au bon fonctionnement de l’ensemble. C’est peut-être aussi une des conditions favorables à ce changement social radical qui se profile à l’horizon. Peut-être même est-ce l’envie d’expérimenter dans leur vie un avenir débarrassé de l’évaluation et de la hiérarchie, de la compétition et de l’exploitation, de la norme et de l’autorité que partagent les nombreux soutiens qui se sont exprimé-es pour défendre la zad sur place et puis partout ?
Peut-être alors que la référence à l’anarchie n’est pas si déplacée ? Tous ces soutiens seraient-illes donc anarchistes : c’est à dire mûr-es, prêt-es à vivre ensemble en partageant un nouveau paradigme ?
C’est réjouissant !

Une des raisons récurrentes données comme élément de langage servant à justifier le déferlement de la violence d’état qui s’est abattue sur ces parcelles de terre est que ces gens là, voyez-vous, ne sont pas chez elleux. Or cette violence de l’état qui prétend imposer par la puissance son droit – tout en servant en valet des intérêts privés, provoque dans le public éberlué les effets escomptés : la sidération et la peur. Comment dit-on déjà d’une organisation ou d’un état qui prétend imposer ses idées en provoquant la terreur parmi la population ? Le mot m’échappe …

Bien sûr et heureusement, cette peur ne touche pas les valeureureuses militant-es qui se précipitent sur zone pour participer à l’effort de guerre contre l’ennemi commun – ou pour y chercher une légitimité. Chacun-e son rôle, chacun-e sa place. Mais Notre-Dame-des-Landes ne peut être l’arbre qui cache la forêt. Ce mouvement – l’âme de fond – dépasse le bocage et son avenir est décentralisé : de multiples foyers épars émergent de la confiance que prennent celles et ceux qui manifestent, là où se déroule leur vie.

Alors en admettant qu’être chez soi (ou qu’avoir l’accord d’un-e proprio) permettrait d’échapper à la violence d’état – ou du moins de la tenir à distance, et s’il y a tant d’individu-es prêt-es à faire ce pas de côté décisif et radical qui les éloigne des routes normées, il est tentant d’inviter celles et ceux qui possèdent une maison en trop ou un bout de terre en friche à partager …

Pour 1 Zone A Défendre sur terrain squatté10 Zones A Défendre sur terrain privé

D’ici la rentrée de septembre multiplions sur des terrains privés-prêtés les expériences collectives hors-normes initiées sur les zad, sur la jungle de Calais, sur les campus occupés dans le but de densifier le tissage des échanges entre nos complicités singulières. Partout des bibliothèques et des non-marchés ; partout des potagers pirates et des boulangeries clandestines ; partout l’ACABane et la vie de palettes ; partout le respect du vivant ; partout l’amour rebelle et puis la révolution : pourquoi pas ?

Que ces lieux là servent de base arrière, de ressource logistique, d’étapes, de stockage, de repos, de joie, d’imaginaires à la suite du monde ;

Nous n’avons plus le temps d’attendre qu’une génération de colibris bio et bien-pensant-es, élevé-es au sésame bio-dynamique et plaçant ses richesses à la nef ne prennent en main notre émancipation – comme leurs ancêtres en 68 – en jalonnant l’avenir de projets éco-capitalistes voire anarcho-capitalistes pour illuminer le chemin qui y conduit.
Nous n’avons plus le temps.

#zadresist #zadpartout #zadpart2 #zad #nddl

 

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