Avant le lever du soleil, le campus de la fac de Nantes se hérisse à nouveau de barricades, et plusieurs lycées nantais sont également bloqués. Dans la matinée, les étudiants étendent les blocages, en allumant des barricades sur deux ronds points stratégiques du nord de Nantes, provoquant d’importantes perturbations. Une première étape : il s’agira, dans le semaines qui viennent, de paralyser le pays pour soutenir les cheminots et faire reculer le gouvernement. Dans le même temps, des étudiants et le réseau de ravitaillement des luttes vont témoigner leur soutien aux cheminots réunis pour voter la reconduction de la grève.

A partir de 12H30, le plus grand amphithéâtre de l’université est trop petit pour l’afflux de participants à l’AG. Les places assises, puis les travées et même les couloirs débordent de gens serrés jusqu’à l’extérieur. La doyenne de la fac de droit estime alors la participation à plus de 1500 étudiants. Après deux heures d’un débat acéré, marqué par une forte mobilisation d’étudiants en droit venus uniquement pour saboter le mouvement en cours, le blocus illimité de l’université est voté, à une très large majorité. Cette AG est d’une ampleur sans précédent depuis plus de 10 ans à Nantes, tant par le nombre d’étudiant présent que le fond des sujets abordés et votés.

Dans la foulée, les étudiants partent rejoindre la manifestation organisée en ville, à l’appel de la jeunesse. Le cheminots n’ont malheureusement pas appelé à défiler. Avant le départ, deux lycéens ont déjà été embarqué par la BAC, qui continue à harceler les jeunes en lutte. Autour de 15H30, la manifestation part dans une ambiance dynamique. Il y a plus de 2000 personnes dans les rues. Un vrai succès, pour un appel lancé la veille au soir. Dans une ville où l’on a pris l’habitude de subir un policier par manifestant, les forces de l’ordre paraissent moins nombreuses que d’habitude, laissant une plus grande liberté de mouvement au défilé. Le cortège empreinte rapidement des rues jusqu’alors sévèrement protégées de l’hyper centre, pour se rendre à la gare afin de soutenir les cheminots. Faute de cohésion suffisante, les manifestants n’arrivent pas à entrer dans la gare, et se heurtent une première fois à une ligne policière qui gaze sans motif. Reflux, et passage par le côté sur de la gare, où à nouveau la police empêche toute rencontre entre les forces vives du mouvement social. S’ils sont moins nombreux, les policiers restent particulièrement agressifs.

La manifestation se dirige vers la Présidence de l’université en exigeant en cœur la démission du président de la fac, Olivier Laboux. Des œufs de peinture sont lancés, provoquant un nouveau gazage. En repartant vers le centre-ville, nouvelle ration de grenades lacrymogènes et de désencerclement. Les manifestants restants terminent tranquillement à Hôtel Dieu, sous un soleil printanier, après cette journée bien mouvementée.

Peu après, la BAC procède à une rafle de plusieurs étudiants sur la terrasse d’un bar et les emmène au poste. Une nouvelle provocation à mettre à l’actif de ce groupuscule de malfaiteurs aux comportements de plus en plus décomplexés.

Il se passe quelques chose ces temps-ci. Les colères grondent, enflent, s’étendent, sans parvenir, pour le moment, à converger réellement. Dans les universités comme dans les gares, nous assistons à des mouvements d’une ampleur inégalée depuis plus de dix ans, alors que de nombreux autres secteurs semblent prêts à partir en grève reconductible. Multiplions les actions. Retrouvons nous les prochains samedis dans les rues. Soyons des millions le 19 avril. Faire reculer le gouvernement est possible. Nous avons besoin de victoires.