L’opération, censée mettre à exécution une décision d’expulsabilité rendue l’année passée par le Tribunal de grande instance de Bar-le-Duc, intervient avant l’épuisement des recours juridiques (notamment sur la propriété de l’Andra sur le bois) et avant la fin de la trêve hivernale alors que plusieurs structures d’habitation et d’occupation avaient été installées aux abords et au coeur de la forêt. Alors même également que l’EODRA (association des élus opposés à l’enfouissement) avait domicilié en janvier son siège social dans la forêt. L’Andra ne pourra légalement commencer aucun de ses travaux dans le bois : l’Autorité Environnementale a prescrit en octobre 2017 a l’Andra la réalisation d’une évaluation environnementale avant tous travaux préparatoire, la période de nidification à la mi-mars empêche tous travaux, et l’Andra n’a pas d’autorisation de défrichement.

Comme en 2012 à Notre-Dame-des-Landes, les bulldozers suivent immédiatement les gendarmes, on rase au plus vite les lieux de vie sans laisser le temps de récupérer tous les effets personnels. Déjà suite à une première expulsion du bois en juillet 2016 les machines de l’Andra avaient défriché illégalement une partie conséquente des arbres avant que l’opposition ne réinvestisse et ne réoccupe la forêt à la mi-août 2016.

À cette heure, des arbres restent occupés par plusieurs hiboux. Une vingtaine de gendarmes mobiles sont en bas. Plusieurs personnes ont été interpellées lors de l’opération, ou sont encerclées sur des chemins menant à la forêt, de multiples vérification d’identité ont eu lieu. Au moins une personne a été placée en garde à vue.

Résister partout

Cette expulsion entérinée par le gouvernement Macron intervient dans un contexte de durcissement dramatique du contexte social à l’encontre du monde du travail, des étudiants, des migrant-e-s, etc. C’est la mise en place d’un modèle industriel et social à l’américaine qui précarise, piétine allègrement l’environnement et les populations et s’impose par la force et l’intransigeance. Le président Macron marche dans les pas de Margaret Tatcher : tolérance zéro, le message est clair.

Cette opération foudroyante est avant tout une manoeuvre politique à la mise en scène minitieusement orchestrée pour empêcher que l’abandon de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ne galvanise la résistance partout en France. Une opération pour tenter d’enrayer tout le soutien national qui s’organise peu à peu, avec comme symbole une petite maisonette crée par le comité de soutien de Dijon qui devait être installée dans la semaine, la première cabane d’un comité de soutien. Dans les mots décharnés de la Préfète, c’est « un projet de construction en dur manifestant la volonté des opposants de s’installer durablement ». Nous disons que c’est un mauvais pari. Nous sommes déjà installé-e-s durablement, dans la forêt et partout autour dans les villages que nous habitons, mais aussi partout ailleurs en France où chaque opération de police multiplie les soutiens. Ce matin l’Etat a choisi d’envoyer un signal très fort qui nous confirme que la résistance doit continuer de s’organiser partout en France et au-delà et que Cigéo est un point crucial dans la pérennité d’une industrie nucléaire qui s’impose par la force sous couvert de concertation.

Lorsque nous avons commencé à occuper le bois Lejuc en juin 2016 nous n’aurions jamais imaginé que nous y serions 1 an et demi plus tard, que l’Andra devrait reculer, que des dizaines de comités se créeraient partout en France. Les ministres auront beau jouer le traditionnel jeu de la dissociation sur BFM entre les « méchants cagoulés » à nettoyer d’urgence et l’opposition citoyenne pacifique, ce discours n’a jamais pris à Bure où nous luttons dans mouvement protéiforme et complémentaire. Tous les médias parlent de la « ZAD de Bure », pour mieux créer le parallèle avec NDDL dans l’esprit des gens. Nous avons toujours dit que s’il y avait une ZAD à Bure, c’était celle de tout un territoire, partout, parce que l’horreur atomique et le rouleau compresseur étatique qui la sous-tend ne connaissent pas de frontières quand il s’agit de broyer les existences des gentes et leurs territoires de vie au nom du profit et du contrôle.

La pornographie policière et médiatique des images de destruction et la mise en scène du « retour à l’Etat de droit » ne satureront pas nos têtes et nos coeurs, ne recouvrira pas tout ce qui s’est vécu depuis des années à Bure et tout autour, et ce qui va se vivre dans les années à venir. Expulser le bois Lejuc ce matin, c’est taper et attaquer partout toutes celles et ceux qui sont venu.es sur place par milliers dans les années passées et portent déjà en elleux partout, un morceau de Bure.

Chaque attaque nous renforce dans notre détermination, on ne nous atomisera jamais !

Alors que nous écrivons ce communiqué à 10h30, les gendarmes sont en train de charger dans les rues à Bure et tentent de rentrer dans la Maison de résistance. RÉSISTANCE.

Les rendez-vous

Ce texte est un premier communiqué écrit à chaud, d’autres suivront, d’autres voix, d’autres témoignages. Nous appelons d’ores et déjà :

À organiser des rassemblements partout en France ce soir à 18h devant les Préfecture et ailleurs, déjà :

  • 18h devant la préfecture de Gap (05)
  • 18h devant la préfecture de Troyes (10)
  • 18h devant la préfecture de Bourges (18)
  • 18h place du Bareuzai à Dijon (21)
  • 18h devant la préfecture de Quimper (29)
  • 18h devant la préfecture de Nîmes (30)
  • 18h devant la préfecture de Toulouse (31)
  • 18h devant la sous-préfecture de Saint-Gaudens (31)
  • 18h place Sainte-Anne à Rennes (35)
  • 18h devant la sous-préfecture de Fougères (35)
  • 18h place Jean Jaurès à Tours (37)
  • 18h devant la Maison d’État à Loches (37)
  • 18h devant la préfecture de Grenoble (38)
  • 18h devant la préfecture de Lons-le-Saunier (39)
  • 18h devant la préfecture de Blois (41)
  • 18h devant la préfecture de Saint-Étienne (42)
  • 18h devant la préfecture du Puy-en-Velay (43)
  • 18h devant la préfecture de Nantes (44)
  • 18h devant la sous-préfecture de Châteaubriand, 14 rue des Vauzelles (44)
  • 18h devant la sous-préfecture de Saint-Nazaire (44)
  • 18h devant la préfecture d’Orléans (45)
  • 18h devant la sous-préfecture de Montargis (45)
  • 18h devant la préfecture d’Agen (47)
  • 18h devant la préfecture de Mende (48)
  • 18h devant la préfecture de Nancy (54)
  • 18h devant la permanence du député En Marche Xavier Paluszkiewicz, 17 Route Nationale, Villers-la-Montagne, près de Longwy (54)
  • 18h devant la préfecture de Bar-le-Duc (55)
  • 18h devant la sous-préfecture de Lorient (56)
  • 18h devant la préfecture de Lille (59)
  • 18h devant la sous-préfecture de Bayonne (64)
  • 18h devant la préfecture de Strasbourg (67)
  • 18h devant la préfecture de Colmar (68)
  • 18h devant la sous-préfecture de Mulhouse (68)
  • 18h devant la préfecture de Lyon (69)
  • 18h devant la préfecture de Chambéry (73)
  • 18h devant la préfecture d’Annecy (74)
  • 18h30 place St Michel à Paris (75)
  • 18h devant la préfecture de Rouen (76)
  • 18h devant la préfecture de La-Roche-sur-Yon (85)
  • 18h devant la préfecture de Poitiers (86)
  • 18h devant la préfecture de Limoges (87)
  • 18h devant la préfecture d’Épinal (88)
  • 18h devant la préfecture de Belfort (90)
  • 18h en haut des escalators de la gare Cergy-Préfecture (95)
  • 18h devant l’ambassade de France à Vienne (Autriche)
  • etc.

À converger à Bure dés maintenant pour celles et ceux qui peuvent pour soutenir :

  • Rassemblement à 16h à Mandres-en-Barrois pour la venue du ministre Sébastien Lecornu
  • Rassemblement à la Préfecture de Bar-le-Duc à 18h.

À ce que partout des comités de luttes continuent de se créer et s’organiser pour amplifier encore plus la résistance.

D’autres appels et rendez-vous suivront.

Pour coordonner et lister les appels à rassemblement et autres initiatives : écrire à sauvonslaforet@riseup.net et burepartout@riseup.net.

Autres communiqués :

Toutes les infos sur l’expulsion et la résistance sont disponibles sur https://manif-est.info (en relai quand https://vmc.camp crashe) / https://vmc.camp