Épilogue Février 2018 A chaud…

Le « mouvement contre l’aéroport » est mort. Le 1er ministre a sonné la fin de la récréation, il y a eu de belles accolades inter-composantes, le champagne était prêt et les caméras aussi. On aura un beau paquet de clichés historiques pour accompagner les carrières politiques de nos jeunes vainqueurs. Bref, une belle mise en scène et tout a commencé à rentrer dans l’ordre dès le lendemain. Je souhaite ici m’attarder sur cette semaine de l’après-victoire, pour participer à en laisser une trace parmi d’autres. Parce que c’est pas tous les jours qu’on « gagne », hein ? Alors autant prendre le temps d’en « savourer » les détails, pour ne pas les laisser tomber aux oubliettes si facilement.

Pour commencer, je crois que l’abandon du projet était déjà acté depuis longtemps dans les hautes sphères, économiques et gouvernementales. La question pour le gouvernement était plutôt quand l’annoncer pour pouvoir passer sereinement à la vraie phase problématique, celle de la reconquête de la « zone de non droit », honte de tout État qui se respecte. L’histoire de nos nouveaux vainqueurs préférera probablement retenir la pression de l’État pour justifier le geste du nettoyage de la D281 par le mouvement lui-même, seulement 5 jours après la « victoire ». Mais la question pour une certaine partie du haut du mouvement était depuis longtemps comment permettre à l’État de montrer qu’il reprend le contrôle de la place. En fait, cette porte de sortie avait déjà été ouverte des mois auparavant par l’élite citoyenne du mouvement (quelques porte-paroles de l’ACIPA et des Naturalistes en lutte) en offrant la route des chicanes en cadeau préliminaire à des négociations sur « l’avenir de la zad ».

La D281 et ses barricades contre l’opération César en 2012, devenues « chicanes », représentent un nœud de 5 ans de conflits multiples en interne de la lutte. De nombreux arguments ont été évoqués au fil des années pour nettoyer la route. Des voisins des bourgs alentour ont peur de passer et d’être rackettés. Les chicanes ont dû être déplacées pour permettre aux machines agricoles de passer. « Les routes c’est un commun, c’est à l’État de s’en occuper. » Mais surtout, l’intention affichée par le mouvement d’aller négocier avec l’État nécessite d’avoir l’air sérieux et responsable. Les discussions à propos des négociations ne laissent la place à aucun autre choix. Disparue la fameuse « diversité des tactiques » qui forcerait pourtant le gouvernement à jouer fin face à différents adversaires, comme dans d’autres moments clés de cette lutte. N’était-ce pas là que devaient résider notre force ? Mais peut être que l’« unité du mouvement » a elle aussi disparu derrière les beaux discours ? Alors que l’État montre tous les signes qu’il ne veut pas envoyer ses flics sur la zone, probablement pour préserver son image de la troisième voie pacifiée à la Macron, le mouvement ne trouve rien de mieux que de la lui garantir en faisant le travail lui-même, et en urgence en plus. Un bon test pour voir qu’un simple discours en grande pompe et bien médiatisé suffit à déclencher la chute des dominos de la composition.

Des « préalables aux négociations à venir » ? Ah, elles n’ont donc pas déjà commencé ? Le nettoyage de la route, les coups de téléphone à la préfète ?.. Mais au fait, qu’est ce que les gens attendent donc de négociations avec l’État français, et en démarrant aussi faiblement ? Il y a trois conditions prévues par le mouvement : le gel des terres agricoles, une entité issue du mouvement qui aurait la gestion de ces terres et le refus des expulsions, une quatrième semble sans arrêt en ballottage, c’est l’amnistie pour les inculpé-es de la lutte. Ah… Oui, et sinon ? Euh…ben, ça va barder ! Y vont voir ce qu’y vont voir !.. De la part de professionnels de la négociation, comme les syndicalistes de la Conf’ par exemple, il est difficile d’imaginer que les termes se choisissent au hasard. Ils savent qu’une vraie négociation se construit sur une stratégie de tension et en exigeant plus que ce qu’on croit pouvoir obtenir. Il est bon de se souvenir qu’avant l’annonce du gouvernement, il y avait déjà l’engagement du mouvement à dégager la route des chicanes, et qu’il avait trois conditions : l’abandon du projet, la fin de la DUP (déclaration d’utilité publique), et pas de menace d’expulsions. De nouveau, on devine ici que la condition liée aux expulsions des squats est le leurre prêt à être lâché, et ça se voit gros comme le nez au milieu de la figure. En attendant d’hypothétiques négociations, une délégation du mouvement est en cours d’élaboration. Les occupant-es se retrouvent maintenant à « désigner », pour ne pas dire élire comme au collège, leurs deux délégués qui iraient négocier aux côtés de ceux de la Coord, de COPAIN, et des Naturalistes en lutte. Après avoir tenté d’y imposer au moins un de ses membres, le CMDO se déclarera-t’il enfin comme une composante à lui tout seul pour être sûr de participer à ce potentiel grand moment de la lutte ?

Alors puisque les véritables termes de la tentative de négociation semblent agricoles, quels en sont les enjeux qu’on ne voit pas ? Le processus de « l’avenir des terres de la zad » est principalement lié à la question agricole, il rassemble des occupant-es avec des projets agricoles derrière COPAIN et sa légitimité de collectif d’exploitants. COPAIN est lui même dépendant de la Confédération Paysanne pour aller négocier face au syndicat concurrent FNSEA qui veut sa part du gâteau. Les élections à la chambre d’agriculture auront lieu en janvier 2019, l’abandon de l’aéroport est l’occasion idéale pour avoir l’air d’un syndicat puissant et intransigeant. Sans surprise, la Conf veut faire son beurre sur la lutte, récupérer des terres et des sièges à la chambre. Mais pour que tout ça fonctionne, il fallait une démonstration de force, en direction de l’État et du milieu agricole. Virer la route était cette démonstration de force rondement menée, là où personne d’autre n’aurait su le faire sans heurts. De quelles négociations avec l’État s’agit-il, quand il n’aurait qu’à laisser gérer le retour à la normale par les institutions agricoles et la vente des terres du domaine public ? Après tout, peut-être que pour certains occupant-es, faire front unique garanti suffisamment d’être couverts dans la suite par les paysans. Et pourquoi pas un appel-à-dons géant dans le vaste réseau citoyen pour la propriété de quelques fermes avec des projets particulièrement jolis-jolis ?

Bon, admettons pour l’exercice : peut-être était ce un choix à faire de promettre à l’État de nettoyer la route nous mêmes pour qu’il fasse le pas d’abandonner le projet. Alors qu’il donne des signes qu’il n’est pas prêt à expulser les bois et les champs, que ses flics sont fatigués et soucieux, que le projet est abandonné, pourquoi tenir cette promesse ?

Soit, par preuve de bonne volonté, faisons l’effort d’imaginer encore plus loin : peut-être était-ce quand même un choix à faire de ne pas lui donner l’occasion de lancer une opération d’expulsion par bravade à cause de la route. J’ai même entendu des gens argumenter que c’est pour éviter des morts dans une bataille qu’il fallait nettoyer la route.

Pour ma part, l’histoire de cette route entravée en 2012 me rappelle surtout la détresse et l’impuissance dans le regard des flics chargés d’ouvrir la route pour la circulation de leurs troupes. Ils devaient revenir sans arrêt démonter nos barricades de fortune en nous voyant la refermer immédiatement dans leur dos avec tout ce qu’on trouvait dans les bois alentour.

Je crois que l’enjeu pour un certain nombre d’occupant-es, dont le CMDO, qui étaient là pour nettoyer ces jours ci, c’est surtout de ne pas braquer l’État, pour avoir leurs propres chances de paraître respectables, de garder le soutien de quelques comités locaux qui se sont récemment dissociés publiquement de la route des chicanes, et trouver une petite place à l’issue du remaniement des terres. D’un autre côté, ne pas réagir à une opération policière sur la route serait venu ternir l’image radicale qui séduit tant.

«  Une frange de 20 à 30 irréductibles zadistes, épaulés par des anars de Nantes, ne veut rien comprendre et refuse de partir de la route. (…) C’est triste d’en arriver là. Mais si ces anars continuent à jouer aux cons, il faudra peut-être en passer par une journée de gaz lacrymogènes. (…) Les tracteurs n’iront certainement pas protéger cette bande-là !  » déclare l’ACIPA dans le Ouest-France du 8 février 2018.

Quelle place pour les autres occupant-es dans tout ce jeu ? Le retour à la circulation de la D281, son défrichage aux normes en vigueur par la DDE, ne sont pas le « détail » qu’on raconte. D’une part, parce que ça transpire le retour à la normale, et de la pire manière. D’autre part, parce que cette route était un lieu de vie. Elle a cristallisé toutes ces années beaucoup de conflits, et je ne nie pas les responsabilités de tous bords dans cette situation bloquée. Mais on ne peut pas la traiter comme un simple symbole folklorique qui aurait fait son temps après avoir rempli son rôle dans les lignes romantique de mauvaise troupe. C’est nier et mépriser qu’elle est au cœur de cette sorte de « zone dans la zone », appelée « l’Est ». Son fonctionnement n’est pas centralisé, ses habitant-es fréquentent peu les réunions de la zad. Son maquis de friches, appelée « zone non-motorisée » pour le refus de laisser entrer des tracteurs, a été arraché à la gestion commune et à la remise en culture des terres portée par la dynamique agricole du mouvement. L’Est, c’est un peu la banlieue de la zad, un endroit reculé peu compréhensible et peu pénétrable, avec ses rêves et ses travers, plutôt hostile à ce qui veut lui imposer ses règles. Bref, cette zone dérange, et ses habitant-es aussi. Alors, le « nettoyage », c’est un peu d’une pierre deux coups, même si pas assumés.

Dégager la route, c’est un peu comme tracer ces fameux « sentiers » de randonnée, ça ressemble à des opérations de « désenclavement ». « Pour le bien de tous », évidemment. De nombreuses personnes, et pas seulement « de l’Est », ne trouveront pas leur place dans la suite envisagée ici. Et une grande partie de celles qui en auront trouvé une ne sera pas gênée de leur absence, tant le mépris et l’agressivité sont déjà clairs. Le nettoyage de la route était l’occasion de s’en rendre compte. Il sera dit qu’elles sont parties lutter ailleurs sur d’autres zad, ou quelque mythe de ce genre, pour valider que sont bien restées toutes celles qui le voulaient. Et probablement trop peu de traces seront laissées pour gêner le bel « avenir » de la zad.

Le refus de partir seul, et en silence comme tant d’autres, me pousse à écrire ça. Certains disent « Bon débarras ! Un obstacle en moins. » Eh bien, peut-être que partir donne justement la force de parler, là où beaucoup sur place se sentent cernés et ont trop à perdre. Je sais que beaucoup d’occupant-es ont toute leur vie là, ou nulle part d’autre où aller, et attendront d’être délogé-es, de force ou à l’usure, et tiendront coûte que coûte jusqu’à l’écœurement pour ne pas lâcher les autres, ou tenteront de préserver un oasis dans l’ouragan de la « recomposition ». Je voudrais les soutenir dans leurs tentatives d’être indéracinables, comme les rejets qui repartent inlassablement après une coupe franche, comme les branches qu’on redépose sur le bitume nu, comme ça, paf, l’air de rien, une chicane…

De mon côté, il m’arrive de rêver d’une manif de désoccupation, comme d’un moment de départ collectif de cette lutte morte, une désertion publique pour ne plus servir d’épouvantail ou de caution radicale à un projet de merde, pour faire trace de rupture collective plus que de fuites individuelles invisibles. Mais où s’exiler à aussi nombreu-ses ?

Ce texte tente de contribuer à une culture de lutte lucide sur les récupérations, prises de pouvoir et autres dégueulasseries que l’« avenir » nous réserve. Il paraît peut être pessimiste, mais j’appellerai plutôt ça du réalisme, et c’est mon point de départ dans ce monde. Je connais mon camp, et c’est le camp des perdant-es. Ah oui, c’est pas très séduisant pour fonder un Parti, ça c’est sûr. Mais ça permet de se reconnaître avec pas mal de monde quand même et dans pas mal de contextes différents. Certain-es savent « gagner ». C’est peut-être leur point de départ dans ce monde. Et de là, illes savent se reconnaître avec qui de droit. Mais puisque vous êtes des gagnants, ce monde est à vous. Pourquoi n’allez vous pas plutôt pérenniser vos lieux de vie, d’activité, de travail agricole ou autre, ailleurs que dans des luttes ? Il existe beaucoup de moyens pour construire un avenir pérenne, et vous les connaissez, et vous y avez accès. Tant qu’à faire des diagrammes de structure d’entité de préfiguration, faites le donc avec des « terre de liens » ou autres « crédits coopératifs » qui seront ravis de financer vos projets. Et grand bien vous fasse, mais lâchez nous la grappe avec vos grands discours révolutionnaires pour enrober tout ça. Tout le monde a ses débrouilles dans la vie, même si tout le monde n’a pas accès aux mêmes. Le problème, c’est d’en faire des actes glorieux de subversion, comme un mensonge à soi-même qu’on crie sur tous les toits. Ouah, ça fait du bien de le dire, ouais ! Là, j’ai eu besoin de dire « vous », j’aurais aimé être fin et distant, mais j’ai pas tenu…

La fin de la lutte contre l’aéroport sonne la retraite pour de nombreuses personnes qui n’iront pas plus loin contre « son monde ». Les structures d’organisation du mouvement semblent encore vivantes, mais elles ont en fait changé de route avec celles et ceux qui les conduisent.

Après deux semaines d’interventions des machines de la DIRO et de centaines de gendarmes sur la D281, certains armés de fusils mitrailleurs pour dissuader du moindre débordement qui transmettrait de nouveau des images de guerre intérieure. Le fameux plan d’actions décentralisées des comités en cas de début des travaux ou d’expulsions sur la zad n’a pas été lancé, chacun-e de loin se demandant ce qu’il se passe sur place, habitué-e à attendre le signal central, qui ne vient pas.

Le 10 février a été l’occasion de célébrer la fin d’une lutte, longue et tenace. Des appels avaient été lancés pour que se retrouvent aussi ce jour-là des personnes qui ne s’arrêtent pas à cette victoire et aux miettes d’une négociation avec l’État. Le « Off » sur la D281 a permis de sentir la curiosité, le doute et le soutien de nombreuses personnes venues de loin pour voir de leurs yeux et entendre de leurs oreilles ce qu’il se passe ici. Un bar et un « infokiosk des perdant-es » étaient installés sur le carrefour.

Dans le pré voisin, on voyait s’étaler le campement-chantier de construction de Lamassacrée, future cabane jumelle de celle détruite lors de la « libération » de la route des chicanes par le mouvement. L’après midi plus de 300 personnes ont participé à une discussion proposée in extremis autour des « prises de pouvoir dans les luttes ». Le lendemain avait lieu la réunion inter-comités, dirigée par les quelques mêmes éternels chefs du CMDO. Elle est sortie du cadre prévu de l’avenir brillant à cause d’un conflit fort parmi les comités autour du risque de normalisation en cours lié au choix de négociation avec l’État.

On a pu voir ce week-end la première publication du CMDO, « Zad will survive », une glorieuse impression couleur sur papier recyclé distribuée en dizaine de milliers d’exemplaires. Décidément, nous n’avons pas les mêmes moyens.

« Nous sommes bien conscients du fait que toute légalisation comprend bien évidemment des risques de normalisation. Mais ce que l’on envisage prend plutôt le chemin inverse : créer des précédents qui continuent à repousser le seuil de ce que les institutions peuvent accepter. En espérant que ces coins enfoncés dans la rigidité du droit français servent à bien d’autres que nous à l’avenir. » (extrait de « Zad will survive » du CMDO)

Cette proclamation tardive est une belle définition du réformisme. Décidément, nous n’avons pas les mêmes buts non plus. Le mouvement est mort, vive la lutte !

Nantes, le 12 février 2018

Un Groupuscule Insignifiant

P.S. : Je vois bien qu’une photo et un blase aurait pu me garantir à moi aussi une belle carrière politique, mais je suis plutôt mal parti, alors tant pis hein. Je trouverai bien un autre projet pour mon avenir. Annexe

Le conflit sur la « libération » de la route montre à quel point l’unité était un leurre. Enfin, si on veut bien prendre en compte l’avis d’une bonne partie des occupant-es. Et le processus qui a mené à ce nettoyage est lui aussi intéressant à observer. Les dernières semaines de la lutte contre l’aéroport ont été d’une intensité particulière, accrochées à l’imminence d’une énième décision gouvernementale. La tension provoque la précipitation. La pratique d’une sorte de gouvernement par l’urgence, qui était déjà le quotidien en interne de la lutte, a perdu sa subtilité et ses précautions démocratiques. Ce moment du dénouement a le mérite de révéler brutalement ce que de nombreuses trouble-fêtes dénonçaient depuis longtemps.

Une chronologie suffit parfois à en dire beaucoup…

  • Le mercredi 17 janvier, le communiqué de presse du mouvement est modifié, sans validation, par quelques chefs deux heures après l’abandon du projet. Cette phrase est rajoutée : « En ce qui concerne la question de la réouverture de la route D281, fermée par les pouvoirs publics en 2013, le mouvement s’engage à y répondre lui-même. La présence ou l’intervention policières ne feraient donc qu’envenimer la situation. »
  • Le jeudi 18, l’AG exceptionnelle de ce « lendemain qui chante faux » a été l’occasion d’un putsch assumé comme rarement par COPAIN et la Coord, en imposant de rendre à l’État la route des chicanes dégagée dans une semaine, malgré la condition posée dans l’AG précédente qu’il n’y ait pas de menace d’expulsion. Le CMDO prend la même position.
  • Le samedi 20, des négociations qui ne disent pas encore leur nom ont lieu au téléphone entre la préfète et un chef de COPAIN qui dit qu’elle accepte que la cabane de Lama Fâché reste.
  • Le dimanche 21, les gens du « quartier » autour de la route se réunissent pour faire face au chantier du lendemain.
  • Le lundi 22, environ 200 personnes viennent joyeusement à l’appel du mouvement pour « nettoyer la route » et beaucoup se rendent compte sur place qu’il y a de l’opposition, notamment autour de l’épicerie du Sabot qui ne pourra pas être détruite sans heurts. Ce jour là, à mesure que les carcasses fleuries et les réserves de pneus disparaissent, on observe le relai de la pression de l’État qui descend en ligne directe sur la route par la Coord respectable, COPAIN qui agit, le CMDO qui soutient, et une foule de personnes médiatrices « pour que tout se passe bien » qui dialoguent avec les gens qui résistent… Une œuvre exemplaire instantanée de la « composition » du « mouvement ». Pendant ce temps, dans les alentours, quelques compagnies de flics se tournent les pouces, avec grand fracas médiatique.
  • Le mardi 23, le chantier reprend et le Sabot est démonté par les gens du quartier eux-mêmes en espérant ainsi garder Lama Fâché. Pendant ce temps, ô surprise, COPAIN annonce que la préfète veut finalement aussi la destruction de Lama Fâché. Le soir, une réunion exceptionnelle des habitant-es montre que le consensus est loin sur la destruction .
  • Le mercredi 24, l’AG est mieux verrouillée que jamais et « le point sur la D281 n’est pas un débat ». COPAIN menace de quitter le mouvement si la route n’est pas entièrement dégagée demain.
  • Le jeudi 25, au matin, alors que des personnes sont sur le toit et à l’intérieur de Lama Fâché, une trentaine de mecs du CMDO et leurs amis de la Maison de la Grève de Rennes commencent à démonter la cabane avec pieds de biches et marteaux. Sous le regard d’une cinquantaine de personnes qui discutent et transportent les morceaux en souriant, une vingtaine de personnes réussissent à arrêter cette situation en montant aussi sur la cabane et en leur criant de partir et de les laisser vivre ça seul-es. Après une assemblée à une quarantaine dans la cabane sans toit, et un simulacre de négociation, le démontage sera de nouveau fait par les gens eux-mêmes dans l’après midi avec l’idée de reconstruire à 15m dans le pré.
  • Le vendredi 26, la voiture de la préfète passe sur la route accompagnée de ses sbires d’intervention et de quelques chefs du mouvement. Elle boit ensuite avec eux un verre de champagne et reconnaît leurs efforts, comme une inspectrice qui distribue des bons points à des instituteurs qui ont bien géré leurs classes, malgré les quelques potaches qui ont montré leurs fesses dans les buissons et l’hélico qui avait l’air de chercher obstinément quelque chose dans les bois.
  • Cette semaine-là, même les moyens de communication par internet semblent avoir été perturbés par les évènements. Plusieurs textes critiques du nettoyage n’ont pas été publiés sur le site zad.nadir, ainsi que sur la liste inter-comités qui est passée soudainement d’une publication directe à une modération pour « filtrer » les positions gênantes. En parallèle, la page facebook qui, elle, n’est pas administrée par des occupant-es, s’est mise en grève… Reste le site nantes.indymedia qui continue d’héberger une longuesuite de textes qui ruent dans les brancards et qui nourrissent la rébellion.Allez donc y faire un tour de temps en temps pour y lire d’autres voix.