Le 8 février dernier, le Tribunal Administratif de Nantes a demandé le remboursement d’une subvention de 22 000 euros allouée au centre NOSIG-LGBTI+ par la ville de Nantes. Selon le tribunal, une association représentant les minorités sexuelles et de genres ne relève pas de l’interêt général, et son caractère politique la disqualifie de l’obtention de subventions publiques (positionnement sur le mariage pour tou·te·s, la PMA et la GPA). Cette décision fait suite à la plainte d’une anonyme affiliée à la Manif Pour Tous, défendue par un avocat membre d’Alliance Vita. Le même jour une plainte a été déposée par la Manif pour Tous contre une subvention octroyée par la ville de Marseille pour l’Europride. Tout ceci démontre qu’il s’agit d’une stratégie nationale de leur part contre les institutions et associations LGBTI+.

Cette offensive intervient dans un contexte de débat citoyen sur l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires. L’État fRançais a une nouvelle fois donné la parole à l’homophobie puante de la société française à travers ses états généraux de la bioéthique, sans retenir les leçons du mariage pour tou·te·s de 2013. Ces deux « débats » portant sur des lois supposées apporter une égalité de droit entre hétéro et non-hétéro ont été et restent le théâtre d’agressions homophobes et transphobes assumées et tolérées au nom de la démocratie et de la liberté d’expression.

Nous constatons que le choix de militer en collaboration avec les institutions publiques expose nos luttes à la fragilité face à des attaques juridiques ou à l’instabilité politique (changement de mairie). Le remboursement de ces 22 000€, pourrait faire disparaitre le centre NOSIG-LGBTI+, vitrine et point d’entrée principal du milieu associatif LGBTI+ Nantais.

De la même façon, nous doutons de la pertinence de participer à un « débat » organisé par ces mêmes institutions. Nous n’avons aucune garantie sur la portée décisionnelle que pourrait avoir la prise en compte de nos opinions, placées au même niveau que l’homophobie et la transphobie de la manif pour tous. Ses militant·e·s sont massivement mobilisé·e·s pour déverser leur haine lors des réunions publiques, et disposent de ressources matérielles que nous n’avons pas.

A travers cette offensive contre les associations LGBTI+, la manif pour tous cherche à défendre l’hétérosexualité obligatoire, en tant que système politique. Elle revendique une société basée sur la famille patriarcale et bourgeoise: la complémentarité « naturelle » des sexes, le mariage hétérosexuel et la filiation génétique. Ce modèle perpétue l’héritage des richesses au sein de la famille bourgeoise, le travail domestique gratuit des femmes, ainsi que l’oppression de toutes celles et ceux qui par leur existence remettent en question le cis-hétéro-partriarcat duquel les membres de la manif pour tous tirent leurs privilèges.

L’hétérosexualité cisgenre n’est pas une orientation sexuelle, c’est un régime politique. Il est basé sur l’oppression des femmes, des homosexuel·le·s et des trans, pour l’hégémonie de la masculinité, de la classe bourgeoise et de la race blanche.

La seule société dans laquelle, nous, pédés, entre autres cibles de la manif pour tous, vivrons libres de toute oppression, sera une société où les rapports de genre, les rapports de race et les rapports de classe auront disparu.Plutôt que de militer pour des droits qui re-valident l’hégémonie hétérosexuelle, comme l’a été le droit au mariage pour tou·te·s, le dépassement de l’hétéro-cis-patriarcat ne pourra être atteint sans :    

  • la disparition du mariage (hétérosexuel et homosexuel)   
  • la disparition de la filiation génétique, décriminalisant de fait l’insémination artisanale   
  • la disparition du monopole reproductif de la famille hétérosexuelle
  • la disparition du sexe à l’état civil
  • la rémuneration du travail ménager
  • la mutualisation des héritages de tou·te·s pour tou·te·s et leur redistribution à visée égalitaire.

Pour abattre l’hétéro-cis-patriarcat, il n’y a pas d’autre alternative que d’être féministe, anti-capitaliste et anti-raciste.
Des pédés.

 

 

cis : (opposé de trans) personne dont le genre correspond à celui qui lui a été assigné à la naissance.

Etats généraux de la bioéthique : événement organisé par le gouvernement pour la révision des lois de bioéthique.