Vers 14H, les étudiant-e-s en lutte partent de la fac en manifestation. Encore une fois, le dispositif policier est délirant, avec plus d’un policier par manifestant et un hélicoptère. Puisque la préfecture interdit tout accès au centre-ville, il s’agit d’aller rencontrer les lycéens des quartiers nord. A Arago et Monges, la foule grossit, et ceux qui ne peuvent se joindre au défilé songent à être de la partie mercredi prochain.

Dans les rues désertes du nord de la ville, le cortège compte plus de 700 personnes, avançant d’un pas rapide vers le périphérique. Mais la manifestation est bloquée par un énorme dispositif de CRS, qui envoie des salves de grenades lacrymogènes sans sommation. Retour en sens inverse, en renversant poubelles et mobilier urbain sur la route, talonnés par la police. Le défilé emprunte un sentier serpentant le long du cours d’eau du Cens. Des passants et des habitants sourient, surpris de voir passer plusieurs centaines de jeunes dans ce petit coin de verdure dans la ville. Arrivés au niveau des facs, les manifestants reprennent la direction du centre-ville, et sont à nouveau bloqués à Michelet, par des policiers exhibant pour certains des fusils d’assaut.

Nouvelle volte-face. Le cortège se dirige rapidement vers le rectorat. Le dispositif policier est tellement massif qu’il est lent à déplacer. Le cortège pénètre donc dans le parc du recteur, qui avait été sévèrement protégé quelques jours plus tôt. Devant le rectorat, les drapeaux sont décrochés et brûlés, et la façade est copieusement taguée. Tout un symbole : en février 1968, les étudiants nantais avaient pris le rectorat, et posé les prémisses du mouvement de mai. Alors que la police s’apprête à encercler le parc, le cortège s’engouffre déjà vers la sortie pour rejoindre la fac, épuisé par cette longue promenade.

La jeunesse relève la tête. Cette après-midi pleine d’énergie a des allures printanières. Elle rappelle un peu les premières manifestations du début du mouvement contre la Loi Travail. Et plus si affinité ?

A suivre !