A Rennes, le centre des congrès, sis au Couvent des Jacobins, vient d’ouvrir en centre-ville, symbole du tournant de « ville pour les riches » que connaît Rennes. En même temps, les marchands de journaux ont vu leurs étalages envahis d’un hors-série de Ouest-France vantant les mérites de ce lieu, « La Nouvelle Vie des Jacobins », qualifié de « prouesse architecturale ».

Problème, ce hors-série n’est pas du tout neutre. En effet, la lecture attentive du compte-rendu du conseil municipal du 4 décembre 2017 montre que la Mairie a payé le quotidien local Ouest-France 25000 euros pour réaliser ce supplément. Elle leur a aussi confié les clés du centre des Congrès pour organiser un grand « débat sur le vivre-ensemble ».

C’est par ce type d’actions que la Ville de Rennes parvient à faire passer les messages qu’elle veut, par l’intermédiaire du premier quotidien de France. C’est aussi pour cela qu’aucun article ne dit jamais du mal de la mairie de Rennes. Voir, chaque année, l’interview de début d’année particulièrement complaisante donnée par la mairie à Ouest-France (et bien sûr relue et amendée).

Le reste de l’année, la Mairie paye grassement des emplacements publicitaires à Ouest-France pour annoncer ses événements. C’est une manière de soudoyer. Comme par exemple quand l’agenda officiel de la Ville de Rennes a été confié à ce même Ouest-France et est maintenant distribué à grands frais dans toutes les stations de métros et lieux culturels de Rennes.

De plus en plus, des médias locaux tentent de briser cette hégémonie et cette politique délétère de bons petits services rendus. Mais leur poids est faible face au mastodonte au logo rouge et blanc. En effet, pour s’assurer qu’aucun concurrent ne viendra changer ses pratiques, Ouest-france s’est aussi assuré de centraliser toute la publicité dans le réseau d’entreprises locales et d’occuper toute la place dans les rayonnages. C’est pour cela que, au supermarché ou chez le marchand de journaux, vous voyez toujours des présentoirs Ouest-France bien mis en avant avec leurs petites affichettes.

Un seul média, un seul message. Internet est venu bousculer cela, mais le schéma se répète en ligne. Ainsi, Ouest-France achète-t-il des mots-clés sur Google et des campagnes Facebook pour que ses articles soient les plus visibles possible. Vous vous demandez pourquoi vous voyez toujours des infos sur Rennes venant de Ouest France ou de 20 Minutes, qui appartient au même groupe d’entreprise, et jamais des articles du Télégramme, par exemple ? Vous avez la réponse. On paye pour ne vous faire voir qu’une vision des faits. Celle de la mairie de Rennes.

Il serait temps qu’un collectif prenne la parole en début de conseil municipal (maintenant diffusé en direct) pour dénoncer cet état de fait.